Harcèlement: la colère de 124 femmes du cinéma italien

La comédienne Asia Argento: ses révélations sur Harvey Weinstein avaient fait scandale en Italie.

4 mois après le tollé suscité en Italie par le récit de l'actrice Asia Argento qui accusait Harvey Weinstein d'abus sexuels, 124 "donne dello spettacolo" italiennes signent ce matin un manifeste contre le harcèlement. "Dissenso comune" ("Désapprobation commune") prend également le contre pied du "Manifeste des 100" de Catherine Deneuve.

Le cinéma particulièrement touché

"Un manifeste contre le harcèlement", "nous combattons le système d'abus sans peur" signent ce matin 124 comédiennes, réalisatrices, ou encore productrices de cinéma italiennes. "Ce n'est pas un agresseur que nous pointons du doigt, mais le système tout entier" clament-elles, et plus précisément le monde du cinéma et ses dérives envers les femmes. Les actrices, dont le corps est surexposé et sert d'instrument de travail, sont selon elles particulièrement touchées par les cas abus sexuels, notamment de la part de producteurs ou metteurs en scène. Mais c'est aussi le monde professionnel en général qui est décrié: ces "lieux de pouvoir" et "l'inégalité entre les sexes au travail" y crée un "grand risque de harcèlement". "Ça arrive à toutes les femmes, secrétaires, ouvrières, étudiantes" précise le texte.

Une réaction au manifeste de Catherine Deneuve ?

Il y a quelques semaines en France, 100 femmes à l'instar de Catherine Deneuve publiaient une tribune au Monde condamnant le "puritanisme" ambiant, et défendant un droit pour les hommes "d'importuner les femmes". Les Dissenso comune prend également ses distances avec "Le manifeste des 100":  "le harcèlement sexuel n'a rien à voir avec le jeu de la séduction". "Nous connaissons la limite entre le désir et l'abus" rappellent-elles.

Soutien à Asia Argento

La lettre souligne également le courage des quelques femmes italiennes qui ont parlé malgré les attaques violentes dont elles ont été les cibles. Une claire référence à la comédienne Asia Argento qui s'était exprimée à l'époque des nombreuses accusations contre Harvey Weinstein, affirmant avoir été harcelée par le producteur puis avoir fini par céder "pour que cela cesse". Elle affirmait avoir eu des relations sexuelles "consenties mais pas désirées". Les révélations de la jeune femme avaient alors irrité l'Italie: on lui reproche d'avoir cédé, on la taxe de prostituée adepte des "promotions de canapés", et l'actrice ne bénéficie pas même du soutien des féministes du pays. Elle avait finit par s'exiler à Berlin.

"Voici venu le temps où nous avons arrêté d'avoir peur", conclut le manifeste.

Un site internet devait être lancé aujourd'hui pour permettre à toutes les femmes qui le souhaitent de cosigner également l'appel.