"The Walking Dead", "Game of Thrones", "Homeland"… Pourquoi il faut laisser mourir des personnages principaux

Et voilà. Ce qui devait arriver arriva (comme on vous l'avait annoncé). Un personnage principal de The Walking Dead est mort dans des conditions atroces à la fin de l'épisode 3 de la saison 6. Une mort si choquante qu'elle a suscité la colère des fans et une forme de déni de la part de certains d'entre eux qui développent les hypothèses les plus folles pour ne pas être confrontés à la réalité.

Et une nouvelle fois, les créateurs du show, comme ceux de Game of Thrones avant eux, se sont copieusement faits insulter sur les réseaux sociaux par de nombreux téléspectateurs qui leur reprochent cette décision. Pourtant, la mort d'un ou plusieurs personnages principaux est souvent une bonne chose pour une série. Pop Up' vous explique pourquoi [Attention spoilers].

Parce que ça redynamise une série

Six ans. Cent dix-huit épisodes que Glenn aide tout le monde, chaparde des vivres, fait sourire, sauve ses potes ou tue des zombies. Personnage le plus ancien de TWD (il apparaît à la toute fin du premier épisode de la première saison), il faisait partie des piliers de la série au même titre que Rick, Carol et Daryl et, dans une moindre mesure, Michone et Maggie. Une longévité exceptionnelle, surtout dans un monde infesté de morts-vivants, mais une longévité qui posait aussi problème.

Difficile, en effet, de faire émerger de nouveaux personnages dans un show quand vous disposez déjà de plusieurs personnalités de premier plan. Le risque étant d'accumuler les couches narratives et d'éclater le récit et la cohérence de la série, à l'image de ce qui s'était passé dans la première moitié de la saison 5 de Game of Thrones.

Là, en faisant mourir Glenn, les créateurs du show créent un vide immense qu'il va falloir combler soit en développant des personnages déjà présents comme Sasha, le père Gabriel, Tara ou Aaron, soit en en introduisant de nouveaux. Une hypothèse à prendre très au sérieux tant le comics regorge de personnages charismatiques qui n'ont pas encore fait leur apparition dans la série télé.

Une technique déjà utilisée dans Game of Thrones, par exemple, où la mort de Rob Stark avait permis de faire de la place à son demi-frère Jon Snow, ou dans Homeland, quand Brody a fini par être pendu, ce qui a laissé le champ libre aux créateurs de la série pour développer le personnage de Quinn et sa relation avec Carrie.

Parce que ça renforce le suspense

On en parlait dans un précédent article sur The Walking Dead. La mort d'un personnage principal met le spectateur dans une situation d'inconfort et de stress intense. D'abord parce que le choc est à la hauteur de la place qu'occupe la victime dans la série et dans le cœur des fans. Dans le cas de Glenn, il s'agit d'un personnage historique qui bénéficiait d'une personnalité attachante. Sympa, drôle, optimiste, "Glenn sauve les gens", rappelait Maggie, sa femme, au début de la saison 6. "Même des gens comme ça", ajoutait-elle à destination de Nicholas, ce jeune d'Alexandria qui a causé la mort de Noah avant celle de Glenn. Bref, le gendre idéal et le bon pote que tout le monde aimerait avoir... et que tout le monde pleure, comme le rappelle le Daily Mail.

Mais au-delà du ressort dramatique qu'insuffle ce genre d'événement à une série, il faut noter que ces morts tragiques renforcent le suspense. Si les créateurs de shows tels que Game of Thrones ou The Walking Dead sont capables de sacrifier leurs personnages principaux, impossible pour les spectateurs de ne pas trembler lors de chaque scène un peu tendue, car personne n'est, du coup, à l'abri. Oui, même toi Daryl, tu peux y passer.

Une tension complètement absente, pour l'instant, de Fear The Walking Dead par exemple, où aucun personnage charismatique n'a encore émergé et où il n'y a pas encore eu de morts dramatiques.

Parce que ça permet de faire du buzz

Votre série commence à avoir quelques saisons au compteur ? Le public commence à se lasser ? Vous voulez relancer l'intérêt des médias spécialisés ? Pas de problème, il suffit de sacrifier l'un de vos personnages principaux. Si possible, un qui est bien attachant et/ou charismatique (mais attachant, c'est mieux quand même). La recette est aussi efficace qu'ancienne. Dallas, diffusée de 1978 à 1991, avait fini par connaître une érosion de ses audiences, naturelle après sept saisons. Mais grâce à la disparition du gentil Bobby Ewing, à la fin de la saison 8 (à 4"30 sur la vidéo), le show avait connu un regain d'intérêt notable : de nombreux médias du monde entier avaient en effet couvert l'événement et les fans s'étaient mobilisés face à ce drame.


Trente ans plus tard, même cause, mêmes effets. Quand Rob Stark ou Jon Snow passent l'arme à gauche dans Game of Thrones, la série se retrouve au cœur de l'actualité avec une multiplication d'articles sur le show de HBO dans des médias spécialisés et généralistes. Une publicité efficace qui a permis de maintenir des audiences très hautes même lorsque la série a connu quelques coups de mou.

Mêmes bénéfices pour The Walking Dead, qui s'est retrouvé en tête des "trending topics" sur Twitter dès dimanche soir après la diffusion de l'épisode 3. De quoi remobiliser les fans autour de cette nouvelle saison et attirer un nouveau public qui se trouve confronté à LA série dont tout le monde parle en ce moment.

Parce que ça règle des problèmes contractuels

La mort tragique d'un personnage emblématique d'une série est aussi un bon moyen de gérer les ego de stars capricieuses ou les différends entre la production d'un show et ses acteurs. Comme évoquée plus haut, la mort de Bobby dans Dallas était aussi liée à un problème contractuel entre le studio et Patrick Duffy. L'acteur avait souhaité, en effet, quitter la série pour se consacrer à sa carrière cinématographique, rappelle L'Obs.

Pour The Good Wife, la mort de Will Gardner à la fin de la saison 5 était aussi liée à une décision contractuelle. "L’an passé, j’ai choisi de ne pas renouveler mon contrat après la saison 4. J’ai donc pris le temps de discuter avec Robert King, un des créateurs de la série, de la façon dont il pensait gérer ma décision, expliquait ainsi Josh Charles à Télérama en 2014. Peu de temps après ma décision, les scénaristes ont commencé à travailler sur le meilleur moyen de mettre fin à la ligne narrative de Will. Quand j’ai appris leur décision, je l’ai soutenu. Quitte à faire partir Will, autant choisir l'option la plus dramatique, la plus choquante. C’est une façon efficace de le faire disparaître, et de se servir de sa mort pour relancer la série, l’orienter dans une nouvelle direction."

Mais parfois, la mort d'un personnage principal permet aussi à un studio de se débarrasser d'un acteur devenu un peu trop encombrant. C'est ce qu'il semble s'être passé dans Grey's Anatomy, quand le docteur Derek Shepherd est mort dans le 21e épisode de la saison 11.

Car si la série d'ABC avait pris l'habitude de faire disparaître de nombreux personnages-clés, le décès du docteur "Mamour" est visiblement lié au comportement de "diva" de son interprète, Patrick Dempsey, qui avait fini par lasser la production du show et sa créatrice Shonda Rhimes, rappelle Page Six (en anglais).