Depuis un an, maintenant, l'UMP tourne en rond ! Principal parti de l'opposition de droite, il ne produit rien sur le plan programmatique, il ne fait rien émerger sur le terrain des idées, il reste désespérément sec dans le domaine de l'innovation. Il donne l'impression d'être englué dans son immobilisme d'après échec présidentiel.
Construit par Jacques Chirac, en 2002, pour soutenir sa réélection à l'Elysée et pour créer un label commun à différentes familles de la droite - le RPR, Démocratie libérale, puis une bonne partie de l'UDF - aux législatives qui suivirent, l'UMP, qui a toujours été au pouvoir jusqu'en 2012, n'a, en réalité, aucune culture d'opposition.
Ce conglomérat regroupe deux des trois familles de la droite française, selon le découpage qui fut opéré par l'historien et politologue René Rémond. Au sein de l'UMP, la tradition bonapartiste, qui se retrouve chez les néogaullistes du RPR, cohabite avec la tradition orléaniste, qui est perpétuée par les libéraux issus de Démocratie libérale et par une partie des centristes.
Nourri à la sève gouvernementale pendant 10 ans sans jamais avoir eu à batailler pour accéder au pouvoir, l'unité de l'UMP devient, de plus en plus, une fiction politique. Refusant de faire le bilan du sarkozysme - ses apports et ses échecs - sous la pression des amis de l'ancien président de la République, l'UMP est tiraillé entre des forces contradictoires qui s'annulent les unes les autres.
Une croisade anti-NKM à Paris
Sur le plan interne, l'Union pour une majorité populaire donne le spectacle, navrant pour ses militants, d'une bataille ininterrompue pour les places de commandement, quand cela ne vire pas tout simplement à la bagarre de chiffonniers comme ce fut le cas pour la présidence du parti entre Copé et Fillon. Et comme cela est en passe de le devenir pour la primaire parisienne.
A peine le président mal élu de l'UMP et son rival, l'ancien premier ministre, avaient-ils trouvé un accord consistant, en creux, à remettre en cause le précédent sur l'organisation d'une nouvelle élection pour la présidence, en septembre, que le jeune Turc du parti, Guillaume Peltier ouvrait un autre front, en lançant une croisade anti-NKM à Paris.
Prenant prétexte de l'abstention de Nathalie Kosciuko-Morizet dans le vote de la loi sur le mariage homosexuel, Peltier a ouvertement appelé les électeurs potentiel de la capitale a voté pour Bournazel ou Legaret, les concurrents de l'ancienne ministre de Sarkozy dont elle fut la porte-parole pendant la campagne présidentielle.
Le "mariage pour tous" n'est évidemment qu'un bras de levier dans cette histoire - chacun sachant que cette loi sociétale ne sera jamais remise en cause - car la "vengeance" de Peltier trouve son origine éminemment politique dans les mots très durs que NKM avait eu sur Patrick Buisson, conseiller de Sarkozy venu des rangs de l'extrême droite, après la présidentielle.
"Une vraie ligne de fracture"
Après la défaite, l'ex-porte parole de l'ancien président-candidat avait estimé que l'objectif du sulfureux Buisson avait été "de faire gagner Charles Maurras" - théoricien de l'extrême droite au début du XXe siècle dont certains thèmes sont repris en boucle par une frange de la droite - plutôt que le chef de l'Etat sortant.
Or, il se trouve que Peltier est un "bébé-Buisson"... ce qu'une partie des piliers de l'UMP, surtout parmi les néogaullistes, supportent de moins en moins bien. Le dernier d'entre eux est François Baroin, chiraquien de pure lignée. Resté très discret ces derniers mois, notamment dans le combat contre le mariage homo, l'ancien ministre vient de sortir du bois dans un entretien au canon à L'Express.
Baroin n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat. Face à Copé qui nie l'existence d'une division au sein de l'UMP, le maire de Troye assure, au contraire, qu'il y a "une vraie ligne de fracture" dans le parti. Elle passe entre ceux qui veulent accentuer la droitisation et ceux qui s'en tiennent aux principes fondateurs... Ceux du 23 avril 2002, alors que Le Pen venait d'accéder au second tour de la présidentielle.
L'ancien ministre de Sarkozy qui, au passage, enterre pour longtemps son amitié envers Copé, dénonce le "ni-ni" - ni PS, ni Front national, du président de l'UMP -, en souhaitant le rétablissement du "barrage établi par Jacques Chirac", car, rappelle-t-il : " Le FN, c'est l'extrême droite, l'ennemi irréductible des gaullistes, donc de l'UMP.
La nécessaire introspection
Quant à Peltier, Baroin le renvoie à ses chères études. D'une part, il souligne que du Front national de la jeunesse (FNJ) de Le Pen au Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers, en passant l'éphémère excroissance mégretiste, il a cheminé dans tous les partis de la droite extrême. D'autre part, il rappelle que Peltier n'a jamais gagné une seule élection.
A l'évidence, la tension est de moins en moins sous-jacente à l'intérieur de l'UMP. En cette période du tournoi de tennis de Roland-Garros, les échanges plus ou moins feutrés de fond de court cèdent la place à des montées au filet qui risquent de s'avérer ravageuses pour ceux qui ne réussiront pas à renvoyer les balles dans les limites du terrain.
Le moment approche où la direction de l'UMP va être contrainte de mettre les cartes sur la table pour se lancer dans une grande explication politique. Car l'approche des élections municipales va aviver les pressions de l'extrême droite sur des élus locaux parfois fragiles dans leurs convictions.
D'une certaine manière, elle ferait ainsi un premier pas en direction de la nécessaire introspection du précédent quinquennat.