Valls, nouvelle cible de l'UMP ! Dans son édition du mardi 26 mars, le journal Le Monde écrit, détails à l'appui, que Copé a décidé de lancer son parti à l'assaut du ministre de l'intérieur. La consigne aurait été donnée lors de la réunion du bureau politique du 20 mars.
"Les résultats de Manuel Valls ne méritent pas qu'on lui tresse des lauriers", aurait ainsi lancé le président de l'UMP pour donner le coup d'envoi d'une opération de "démythification" d'un ministre dont la popularité dépasse les frontières de gauche.
Dès lors, le discours des têtes d'affiche du premier parti de droite a viré à 180° au sujet du locataire de la place Bauveau. Après avoir vanté sa fermeté, pendant des semaines, pour mieux l'opposer à sa collègue de la justice, Christiane Taubira, accusée de laxisme, l'UMP ne trouve pas de mots assez durs, maintenant, pour fustiger "l'inaction" de Valls.
Parmi les anciens ministres de Sarkozy, chacun y va de son coup de matraque, Xavier Bertrand allant même jusqu'à assurer que l'intéressé est "un des plus mauvais ministre de l'intérieur". Ce revirement soudain a plusieurs raisons qui se cumulent les unes les autres.
Tenter de "dépopulariser" un ministre populaire
La droite qui avait fait de Taubira sa tête de Turc à l'occasion de la longue passe d'armes sur le mariage homosexuel à l'Assemblée nationale a été obligée de constater qu'elle était tombée sur un os. La ministre de la justice a fait beaucoup plus que simplement se défendre et elle a incontestablement marqué des points politiques.
Battue au palais Bourbon, l'UMP ne donne pas l'impression de vouloir mener une nouvelle bataille parlementaire sans fin au palais du Luxembourg, début avril, quand le texte va venir devant les sénateurs. Elle préfère s'en remettre à la contestation de la rue animée par les acteurs de la "Manif pour tous" car Valls y est très exposé.
Par une curieuse inversion de la charge de la preuve, l'UMP pense tenir un bon angle d'attaque, en présentant Valls comme un ministre incapable de tenir les forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes pour contrer les provocations et les débordements intervenus lors de la manifestation du 24 avril. Elle bat le fer tant qu'il est chaud.
Le but est de tenter de le "dépopulariser" aux yeux de l'électorat de droite au sein duquel il jouit d'une bonne popularité.
Amalgamer les oppositions de droite et de gauche
La droite n'ignore pas que Valls n'est pas du tout apprécié par l'extrême gauche, par le Parti de gauche de Mélenchon et par la frange située le plus à gauche du PS. Tous considèrent, plus ou moins ouvertement, que le ministre de l'intérieur n'a rien à envier à un des ses prédécesseur... un certain Nicolas Sarkozy.
Lors de la primaire socialiste pour la désignation du candidat à la présidentielle, Valls a défendu un programme qui, pour tous ces représentants de la "gauche de la gauche", est simplement une abomination politique.
Il y a donc là une réserve de contestation que la droite peut avoir la tentation d'attiser un peu pour lui permettre de redonner de la voix.
S'attaquer à une solution de rechange pour Matignon
La popularité de Valls combinée à son cap ouvertement social-démocrate font de lui un éventuel successeur de Ayrault au poste de premier ministre après les échéances électorales de 2014. Ces deux facteurs ne sont pas pour déplaire à Hollande.
Il est donc nécessaire, pour la droite, de lancer très en amont une opération de décrédibilisation de ce "premier ministrable" potentiel, en présentant son bilan, après moins d'un an place Beauvau, comme un fiasco sur toute la ligne.
C'est sans doute ce à quoi va s'employer l'UMP au cours d'une convention sur la sécurité qu'elle tiendra, fort opportunément, le 4 avril. Les oreilles du ministre ne devraient pas cesser de siffler jusqu'à cette date prévue comme l'apothéose de sa fête. D'autant que plusieurs textes dont il est le maitre d'œuvre seront prochainement soumis aux parlementaires.
Viser plus loin, les échéances présidentielles futures
Comme Valls s'est déjà présenté à la primaire socialiste de 2011, Copé se doute bien qu'il a de grandes chances - ou un fort risque, c'est selon - de le retrouver sur sa route, celle qui mène à l'Élysée.
Les deux hommes sont de la même génération : le ministre de l'intérieur est né en 1962, le président de l'UMP, en 1964. Tous deux sont ambitieux, ce qui somme toute est assez normal pour des responsables politiques qui aspirent à occuper les plus hautes fonctions.
Il est donc logique, dans ces conditions, que le patron du premier parti de droite, détenteur d'une faible cote de popularité, profite des difficultés qui assaillent le président de la République et le gouvernement pour s'attaquer, préventivement, au plus populaire des ministres.