"Uncharted 4 : A Thief's End" est-il vraiment le meilleur jeu jamais sorti sur consoles ?

Sorti le 10 mai, le dernier épisode de la saga Uncharted s’apprête à battre tous les records. De ventes, tout d’abord, avec 2,7 millions de copies écoulées en seulement une semaine (les ventes globales d’Uncharted 3 depuis sa sortie en 2012 s’établissent à 6,8 millions d'exemplaires). D'applaudissements ensuite, tant les ultimes aventures de Nathan Drake (exclusivement sur Playstation 4) semblent faire l’unanimité parmi les journalistes, avec un score de 93 sur Metacritics (basé sur 103 critiques) et des avis tout aussi dithyrambiques en France (19/20 pour Jeuxvideo.com quand la moyenne des notes des joueurs sur Senscritique atteint 8,6/10). Un plébiscite mérité ?

Oui, c’est le plus beau jeu jamais réalisé

"D'une beauté envoûtante", "un jeu incroyablement beau", "magnifique à tout instant", etc. C’est une évidence qui saute aux yeux dès les premières minutes de l’aventure, Uncharted 4 : A Thief's End est une véritable claque visuelle. Des paysages à couper le souffle, des intérieurs somptueux (la modélisation de la ville engloutie de Libertalia est époustouflante), des textures ultra-réalistes (de la peau de Nathan Drake aux reflets visibles sur les peintures à l’huile), des couleurs éclatantes : les graphismes sont ce qu'il se fait de mieux jusqu'ici dans le jeu vidéo.

Un tour de force visuel que le studio Naughty Dog (The Last of Us) a eu l’intelligence de prolonger en imaginant un mode photo ultra-perfectionné qui vous permet de capturer les plus belles scènes en les retouchant avec plus de possibilités qu’Instagram (vous pouvez, en un simple clic, supprimer un ou plusieurs personnages pour ne garder que le décor d’une scène). Une idée simple, mais extrêmement ludique.

Oui, c’est une histoire très bien écrite

Evidemment, Uncharted 4 ne révolutionne pas les jeux de tir, mais à la différence des récents The Division ou encore Doom, il offre au joueur une véritable histoire dont on a envie de connaître le dénouement, voire que l’on peut même risquer de se faire spoiler comme une série télévisée (la durée de jeu d’Uncharted 4 est à peine plus longue que la durée de visionnage d’une saison de The Walking Dead par exemple).

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Plus qu’une histoire de gameplay, Uncharted 4 place l'intrigue, et surtout les personnages, au cœur de l'enjeu ludique. Pas question de zapper les nombreuses cinématiques parfaitement scénarisées. On se délecte des dialogues modernes et drôles qui savent laisser place à l’émotion quand il le faut. Les obsessions de Nathan Drake et ses petits arrangements avec la vie n’ont jamais autant résonné avec nos propres expériences, une vraie rareté dans le monde des jeux de tir à la troisième personne.

Bof, c’est une histoire trop bien écrite

Certes, Uncharted 4 est loin des jeux Telltale (The Walking Dead, Game of Thrones), mais ce combat final à base de QTE a fini de nous en convaincre. La dernière production Naughty Dog se rapproche plus de l’expérience vidéoludique que du jeu vidéo, les studios se vantant d’ailleurs de produire des "blockbusters d’été jouables", comme le rappelle le site américain Vulture.

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Extrêmement linéaire, le jeu ne laisse aucune marge de manœuvre, à la différence de jeux comme Fallout 4 ou GTA V, qui possèdent également un solide scénario, mais sur lequel le joueur a plus ou moins la main. Résultat, on est baladé pendant près de vingt heures (en prenant le temps d'admirer les paysages d'Ecosse et de Madagascar et de faire quelques photos-souvenirs) sans jamais être transporté. Dommage pour un jeu qui a coûté plusieurs dizaines de millions d'euros.

Bof, on finit par s'ennuyer

Pour être honnête, les premières heures de jeu se rapprochent de la perfection. Fluidité du gameplay, diversité des missions, très belles scènes d’action et séquences de gunfight moins pénibles que par le passé, tous les ingrédients sont réunis pour faire d’Uncharted 4 un très grand jeu. Mais on a rapidement la sensation que les concepteurs sont à court d'imagination.

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Le dernier tiers du jeu radote et les gesticulations de Nathan Drake sur les falaises, aussi fluides soient-elles, agacent. On aurait aimé plus d’énigmes (l'ADN de la saga) et surtout des puzzles moins évidents à résoudre. Sans être The Witness, Naughty Dog pourrait éviter d’insulter l’intelligence de ses joueurs. 

Non, il n’a pas la dimension émotionnelle de "The Last of Us"

Le précédent jeu des studios Naughty Dog a été la claque tant attendue sur les consoles de l’avant-dernière génération. Sorti en 2013 sur PS3, The Last of Us (élu meilleur jeu vidéo de tous les temps par le magazine Empire) est désormais LA référence dans le jeu d’aventure. C’est d’ailleurs cette équipe (sans Amy Hennig, la créatrice des précédents Uncharted) qui a bossé sur ce quatrième volet des aventures du chercheur de trésors. Autant dire que le poids de la paternité pesait lourd sur les épaules des concepteurs.

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Mais voilà, le duo composé par Nathan et son frère Sam n’atteint jamais la puissance émotionnelle dégagée par les protagonistes de The Last of Us. Pour les déçus, ne reste qu'à attendre l’annonce d’un deuxième volet des aventures d’Ellie et Joel, teasé discrètement dans Uncharted 4. On ne devrait pas longtemps pleurer "la fin d’un voleur"...