Il parait que la réaction à chaud n'est jamais très bonne, lorsque l'émotion se fait sentir. J'ai donc évité d'écrire trop rapidement sur cette tentative d'assassinat commise à l'encontre des policiers, à Viry-Chatillon, le 08 octobre dernier.
Parce que c'est bien de cela, dont il s'agit. Je laisse volontiers la recherche et l'explication des qualifications juridiques des infractions à @judge_marie , c'est très bien expliqué sur les pages de son blog. Mais les faits sont là. Deux véhicules de police et leurs équipages sont en point statique. Selon l'un des policiers, livré sur Europe 1, en surveillance d'un poteau où se trouve une caméra qui filme la cité, déjà attaquée".Je reviendrai sur le "pourquoi"; toujours est-il qu'au cours de cette mission, un certain nombre d'individus se sont approchés de l'un des deux véhicules, puis du second, en jetant des cocktails Molotov. Les auteurs, auraient, en plus, frappé la policière, conductrice de l'un des deux véhicule, au visage. Ce sont au final les deux véhicules de police qui ont été incendiés. Et quatre policiers, blessés. Entre 21 et 90 jours d'ITT pour trois des policiers, alors qu'un autre, Vincent, l'est à 30% avec de graves problématiques pulmonaires. Il serait, à ce jour, toujours dans un état grave. Selon certaines sources journalistiques, "on" l'aurait empêché de sortir du véhicule. Point qui, je l’espère, sera éclairci pour les enquêteurs.
Quelques remarques
Avant tout, un mot pour Vincent, ce collègue, qui est Adjoint de Sécurité. Pour ceux qui le découvrent, il s'agit des "emplois jeune" de la Police Nationale, qui nous secondent depuis près de 20 ans; Ils sont recrutés sur dossier, et sont à peu près au nombre de 12000 pour 103.000 gradés et gardiens, et sont en Contrat à Durée Déterminée. Ils sont donc membre à part entière de la police nationale, après avoir suivi une formation de deux mois, cursus préalable à l'intégration dans les services. Ils sont armés, et perçoivent un salaire d'environ 1500€. Ils ont ensuite la possibilité de passer un concours interne pour devenir gardien de la Paix.
Il n'y a pas de salaire minimum ou maximum lorsque l'on encourt ces risques-là. Mais tout de même... Il sera marqué à vie, tant dans sa chair que psychologiquement! J'ose esperer qu'il retrouvera les siens au plus vite.
J'en reviens, avant tout, à l'origine de la mission. Si j'ai bien tout suivi, il s'agissait donc de surveiller un "poteau" sur lequel a été installée une caméra de vidéosurveillance, qui filme donc cette cité sensible. Caméra qui aurait donc été dégradée, précisément, on peut l'imaginer, pour empêcher d'être utilisée. Et donc, pour s'assurer de son utilité, on positionne deux véhicules de police, en statique. L'autre version, à priori défendue par la Direction Départementale de la Sécurité Publique, serait que les véhicules étaient positionnés pour faire face aux nombreux vols portière ou agressions commises à cet endroit-là! Délinquance bien réelle, si j'en crois l'aveu même d'un de mes collègues, victime d'un jet de "pavé" sur son véhicule personnel, au même endroit, il y a quelques jours.
Toujours est-il que, quelle que soit la mission, deux véhicules, équipés de deux fonctionnaires chacun, sont en statique pour faire de la prévention. Quelles seront les conséquences de cette prévention? Combien de temps, sans incident de cette ampleur, faudra-t-il que la mission reste en place? Jusqu'à ce qu'une autre plus urgente, fasse surface, probablement! Et le jour où les policiers cesseront la surveillance, tout sera reglé? Je ne crois pas. Autant le dire, l'efficacité de cette mission est toute relative et, à terme, proche de zéro!
Ma remarque suivante vise les termes employés par le Ministre de l’intérieur, lequel, parlant des auteurs, a employé le terme de "sauvageon". J'ai donc fait une petite recherche quant à la signification exacte du terme. Il est défini, par le larousse, comme étant
"Enfant farouche, qui a grandi dans l'abandon et sans éducation, comme un sauvage" .
Je dois avouer que j'ai un peu de mal avec cette qualification, et il semblerait que je ne sois pas le seul, si j'en juge par ce qu'ont pu m'en dire certains collègues, ici et là, ou ce que j'ai pu lire dans la presse. Sans verser, ni dans la haine généralisée, que je récuse, ni dans la formulation stigmatisante à quelque titre que ce soit, appelons un chat un chat, nous avons à faire face, là, à des CRIMINELS. Et le terme est choisi quelle que soit l'infraction qui sera éventuellement retenue. Les choses sont très claires; lorsque l'on envoie des bouteilles enflammées à l’intérieur d'un véhicule dans lequel se trouvent des policiers, on veut "tuer du flic". il n'y a pas d'autre terme. Que l'on soit Pierre, Paul Jacques, et quelle que soit notre fonction, les faits sont très clairs. Autant les dénoncer en tant que tels.
Et demain?
Qu'en sera-t-il? Et aujourd'hui? La classe politique assure qu'il n'y a pas de zone de non droit. Ayant quitté la Sécurité Publique depuis des années, je ne viens pas ici avec des certitudes. Ni dans un sens, ni dans l'autre. Simplement, je constate, et j'entends parler mes collègues, en tenue. Ceux-là même qui sont les premiers concernés par les actes de violence. Ils étaient 5674 en 2015, selon "l'Express". Et je ne suis pas certain que les interventions telles que pratiquées soient à même d'endiguer quoi que ce soit. Et, on peut rapporter les chiffres que l'on veut, les interpréter, les faits sont là. Depuis trente ans, les quartiers dits "sensibles", le sont toujours. A coté de cela, on en revient toujours au même, mais la justice, et les faibles moyens qu'on lui donne, ne permettent pas de sortir de cela! Les peines de prisons prononcées semblent, la plupart du temps, inefficaces; et pour cause, c'est aujourd'hui une espèce de passage obligé, pour ces jeunes. Un "temps" pour lequel ils sont presque déjà préparé. Du moins, pour les peines les plus courtes. Et elles sont d'autant plus inefficaces que, durant ce laps de temps, rien n'est fait! Ou très peu. Comme souvent, avec les moyens du bord. Chacun fait ce qu'il peut. Avec ce qu'il a. C'est à dire...
Mais ce qu'on ne retient jamais, c'est qu'au final, ceux qui sont au contact, au quotidien, ce sont les policiers. Et c'est sur eux que tombe toute la misère sociale, et la violence qui en découle. Et qu'en réalité, peu de choses sont faites pour que cela change! Dans quelques jours, malheureusement, tout le monde aura oublié cette affaire. Qui se souvient de Reynald Caron, ou Patrice Point qui, eux, sont morts? Une fois l'émotion passée, on oublie. Et on continue. Comme avant. Une fois les belles paroles prononcées, au final, rien ne change. Aujourd'hui, c'est à Viry-Chatillon. Demain, ça sera ailleurs. On appelle ça la fatalité.Tuer un flic ne fait plus peur à certains. On appelle ça la réalité.
Aujourd'hui, plusieurs syndicats policiers appellent à une grève du zèle... quelles seront les suites données à ces mouvements? Quelles réponses?