Par Maylen Villaverde
« Cela nous fait du bien, et ça nous empêche de vieillir ! », dit malicieusement sœur Aliette. Depuis deux ans, cette pensionnaire de la maison de retraite Saint-Cyr installée au cœur du parc du même nom à Rennes, jardine dès que le temps et la santé l’y autorise. Sur ses deux parcelles surélevées, elle a planté des tomates, des radis et de nombreuses fleurs. « J’ai besoin de nature pour vivre », nous confie-t-elle.
Un peu plus loin, Françoise et Maryse s’émerveillent sur leurs fraisiers et le plant de romarin particulièrement épanouis. Ces deux habitantes du quartier Bourg l’évêque sont adhérentes à l’association « le jardinet de Saint-Cyr » qui gère le jardin partagé. Elles louent chacune une parcelle de quelques mètres carrés. Une activité qui leur permet de se détendre et de rencontrer du monde.
« C’est sympa de pouvoir cultiver son jardin, comme disait Voltaire ! », s’exclame Françoise. « Ça détend, renchérit Maryse, et le hasard nous fait rencontrer du monde ».
Chaque mois, les jardiniers amateurs de l’association se retrouvent d’ailleurs dans le parc pour échanger des graines, des pratiques et plus si affinité. Les enfants des écoles et quelques personnes malvoyantes viennent aussi jardiner ici. Au total, 300 m² de jardins sont partagés au cœur de la ville.
Les premiers jardins partagés sont apparus dans les années 90. Depuis quelques années, ils se multiplient. À Rennes on en dénombre pas moins de 90 intra-muros, plus de 130 sur le département. La majorité d’entre eux a été créée à la demande des citadins qui montrent une envie toujours plus pressante de nature. Ils sont aussi un excellent moyen de créer du lien social.
« Chaque jardin a ses spécificités. En ce moment, il y a 10 projets en cours », explique Simon Le Tourneux de Vert le Jardin. Cette association accompagne les porteurs de projet et réalise également de nombreuses animations autour du jardin, du compost, etc.
Un jardin éphémère en attendant l’urbanisation
Le jardin des Vagabondes est un des derniers projets de jardin partagé en cours à Rennes. Il s’installe en ce moment sur un terrain laissé en friche après la destruction d’une maison, à quelques mètres derrière la gare. En attendant que la nouvelle Zone d’Activité EuroRennes investisse l’espace, le terrain a été mis à disposition des citoyens. Les vagabondes est donc un jardin éphémère offert aux habitants et aux enfants des écoles voisines. Chacun peut ramener ici des plantes, des boutures et participer à l’aménagement du lieu. Un tas de sable a aussi été prévu pour que les enfants viennent s’y amuser.
Tout autour du jardin, des panneaux d’exposition libre seront mis à la disposition des artistes inspirés.
Des vergers, des ruches, et même des poulaillers
Quelques centaines de mètres plus haut dans le jardin des Ormeaux, ce sont des poules qui ont été installées à la demande d’un groupe de voisins. Une façon de faire de la pédagogie auprès des enfants, mais aussi et surtout de se débarrasser des déchets alimentaires des habitants du quartier.
À la maison de l’Environnent et de la Consommation (MCE) un « jardin suspendu » où chacun peut venir jardiner le mardi midi a pris place sur une partie du toit du bâtiment. La structure, qui rassemble de nombreuses associations environnementales, participe aussi à préserver la biodiversité en ville. Pour ce faire elle a installé des ruches, des nichoirs pour hirondelles, mésanges, ou chouettes, et même un gîte pour chauves-souris !
Sous l’impulsion d’associations et d’habitants, des vergers citoyens ont été lancés sur Rennes dont tout récemment au Moulin du Comte. Les habitants sont venus y planter des pommiers des poiriers et autres pruniers dont ils pourront librement cueillir les fruits. La ville s’est fixée comme objectif d’en planter 2 par an.
Pour aller plus loin
Les Incroyables Comestibles cherchent à promouvoir l’agriculture urbaine participative en invitant les citoyens à planter partout là où c’est possible et à mettre les récoltes en partage.
Vert le jardin : des cartes de jardins et composts partagés en Bretagne.
Et plus d’infos encore sur Mce : la maison de la consommation et de l’environnement.
