À Noyal-Muzillac, près de Vannes, les questions liées à l’urbanisme ne sont pas qu’une affaire de professionnels. Pour enrichir sa réflexion dans le cadre d’un projet de réaménagement du centre bourg, l’équipe municipale a décidé de faire appel aux enfants.
Par Gilles Raoult
Pour Maïna, Loïc et Emma, et tous leurs petits camarades des classes de CM1 et CM2 de l’école publique de Noyal-Muzillac, c’est une journée un peu particulière qui commence. Crayons en main, par petit groupe, les enfants vont réaliser une carte mentale de leur commune, à leur échelle et avec leur vision. Pour cela, ils sont encadrés par leur professeur bien sûr, mais aussi trois architectes du cabinet Terraterre, bureau d’étude spécialisé en gestion de l’espace et aménagement du territoire.
« On a ce soin d’interroger les enfants parce que ce sont les habitants de demain. Et parce qu’ils nous obligent à sortir de notre zone de confort professionnel et à ne pas oublier qu’on fait de l’aménagement d’espace public pour tous les âges », explique Magali Touaiti, paysagiste urbaniste pour Terraterre.
Parallèlement, des entretiens sont menés pour appréhender sur une carte les différents chemins empruntés par les écoliers sur la commune. Il s’agit d’identifier les points noirs qui limitent leurs déplacements. Ça peut changer les choses pour les enfants qui peuvent traverser les routes et pour pouvoir retrouver ses amis.
Une fois fini, ce travail est restitué à l’équipe municipale. Et s’il a clairement été établi que les routes et la vitesse des voitures sont les premières causes de cette limitation, d’autres constats émergents.
« On a remarqué que les filles n’avaient pas la même liberté de circuler que les garçons. C’est-à-dire que les parents laisse beaucoup plus facilement un garçon de neuf, dix ans dans le bourg aller chercher le pain, alors qu’une fille n’a pas forcément le droit toute seule », observe Raphaëlle Assa, architecte urbaniste.
S’ensuit une visite concrète sur le terrain, accompagné de Monsieur le Maire… Ici le passage piéton encore dangereux il y a peu a été amélioré grâce aux remarques des enfants. Trois ralentisseurs ont été construits à l’entrée de la commune… Enfin, une liaison piétonne reliera les quartiers résidentiels aux équipements et commerces fréquentés par les écoliers.
À l’origine de cette initiative, Jean Pierre Ferrand, conseiller en environnement, spécialisé dans la revitalisation des centres bourgs, s’est inspiré d’une méthode largement répandue en Suède.
« C’est un pays en avance pour tout ce qui concerne la participation des enfants à la vie publique. En France, si l’aménagement était fait de manière plus attentive à l’égard des enfants, des jeunes, et même des personnes âgées, l’aménagement des bourgs et des villes seraient plus accueillant pour la totalité de la population ».
Alors si, comme on a coutume de le dire, ces jeunes représentent l’avenir…leurs idées certainement aussi.
Reportage : Gilles Raoult, Christophe Rousseau, Tanguy Descamp.