08 Jan

The Move : à Rennes des cours de neurologie se transforment en jeux de rôle

The Move

La population vieillissant, le nombre de personnes atteintes de troubles neurologiques (maladies touchant le cerveau) seront de plus en plus nombreuses. D’autres médecins que les neurologues seront donc amenés à les suivre. Pour faciliter l’apprentissage des troubles et symptômes neurologiques, la faculté de médecine de Rennes expérimente depuis septembre 2017 une nouvelle méthode d’apprentissage.

Basé sur le principe de l’émission de télé-crochet « the Voice », « the Move » fait partie du cursus obligatoire pour les étudiants…

The Move photo

« Le contact avec le patient, ce qu’on dit, ce qu’on fait, comment on bouge, comment on parle, est un élément absolument essentiel pour apprendre la médecine ». Professeur Marc Vérin (Chef de service au CHU de Rennes)

La jeune-fille se lève maladroitement de sa chaise, se met à marcher à petits pas, recourbée, puis s’arrête soudainement. Une autre étudiante, qui l’accompagne, pose un pied devant elle et lui demande de l’enjamber. La jeune-fille se remet à marcher. La scène se passe dans l’une des salles d’enseignement de la faculté de médecine de Rennes 1, au 8ème étage du CHU dédié à la neurologie.

Quatre étudiantes en 2ème année se préparent au concours de mimes qui sera organisé (et noté !) en mai prochain. L’une d’elles joue le rôle de la patiente atteinte d’un syndrome parkinsonien, l’autre celui  du médecin neurologue, elles sont guidées dans leur imitation par le Professeur Marc Vérin, chef du service de neurologie du CHU, également enseignant à l’université . C’est lui qui a lancé, en septembre dernier, le programme « The Move ».

S’inspirant d’une méthode d’apprentissage, expérimentée depuis deux ans à la faculté de médecine Pierre et Marie Curie à Paris, elle est fondée sur le mime et des saynètes sous forme de jeux de rôle.

sans-titreLes étudiants sont appelés à endosser tour à tour le rôle du médecin ou celui du malade.

Neurophobie

Le constat de départ est double. D’un côté une population vieillissante donc des atteintes neurologiques de plus en plus nombreuses. De l’autre, des étudiants en médecine souvent effrayés par la consultation neurologique réputée complexe et longue, car s’appuyant sur des observations cliniques subtiles et des manœuvres « qui ne s’apprennent pas dans les livres » au point que l’on parle parfois de « neurophobie ».

Apprendre en pratiquant et aussi en mimant

« L’idée, c’est de délivrer aux étudiants un message simple facile à utiliser pour plus tard, notamment s’ils rencontrent ce type de symptômes en tant que généralistes », explique le Dr Jean-François Pinel neurologue et qui participe à l’enseignement.

« Dédramatiser, créer un climat positif pour faciliter l’apprentissage et la mémorisation, c’est une approche bien connue en neurosciences », assure de son côté Marc Vérin. « On utilise aussi l’effet-miroir qui veut qu’en imitant, on retient mieux. »

The Move 2Le professeur Marc Vérin (Chef du service de neurologie au CHU de Rennes)

Concours de fin d’année

Du côté des étudiants (une grande majorité de filles), la méthode semble plaire. « Enfin, on touche du doigt ce que sera notre futur métier, s’enthousiasme Marie-Sophie. En deuxième année, on n’approche pas les vrais patients, alors c’est déjà bien de pouvoir nous entraîner entre nous ». Une autre étudiante y voit « une dimension éthique ».

En se mettant à la place du patient, on comprend un peu plus ce qu’il peut ressentir. Cela nous évitera, plus tard, de commettre des maladresses.

Même si ces cours d’un genre inédit se déroulent dans un contexte et une atmosphère franchement détendu, qui tranche avec l’ambiance connue dans les amphithéâtres, cet enseignement façon « médecine-réalité » est désormais obligatoire à Rennes.

En mai prochain, tous les étudiants de deuxième année de médecine de la faculté de Rennes participeront à un concours de mime par équipes sous forme de saynètes, chacune devant décrire un syndrome neurologique avec le plus de réalisme possible. Les équipes seront notées par des internes en neurologie.

Et parce que la méthode « The Move » est en passe d’être adoptée par la Faculté de Hanoï au Vietnam et de Yale aux Etats Unis, au-delà de cette finale rennaise se profile une autre finale, internationale, en juillet prochain au cours de laquelle s’affronteront des étudiants des universités de Paris, Rennes, Dublin, Hanoï et Yale.

Hélène Pédech

Reportage et entretien : Hélène Pédech, Christophe Rousseau, Benoît Thibaut avec Marie-Sophie Bouche (Etudiante en médecine – 2ème année), Dr Jean-François Pinel (Médecin neurologue), Pr Marc Vérin (Chef du service de neurologie au CHU de Rennes) et Ghislain Couplet (Délégué France Parkinson Ille-et-Vilaine)