« Bercy par Robert Doisneau » : une exposition sur les chais vinicoles

Robert Doisneau

Depuis début juin et jusqu'au 2 octobre 2016, a lieu à Bercy-Village une exposition de photographies de Robert Doisneau. Ce sont des prises de vue réalisées par le photographe entre 1973 et 1986 dans le quartier des entrepôts de Bercy et représentant l'activité vinicole de l'époque.

Une Halle aux Vins à Bercy

Pour les générations d'aujourd'hui, celles nées après 1980, Bercy peut évoquer une station de métro ou le Ciné Cité, un des plus grands d'Europe, ou encore la salle de concerts et d’événements sportifs. Elles ne savent peut-être pas que depuis 1662 il existait une Halle aux Vins à Bercy sur le quai Saint-Bernard en bord de Seine.

Entre 1811 et 1878, de nouveaux entrepôts furent construits pour répondre à une consommation de vin de plus en plus importante à Paris. Celle-ci va passer d'un million d'hectolitres (un hectolitre = 100 litres) en 1800 à 3,5 millions en 1865. Bercy va ainsi devenir le plus grand marché vinicole au monde sur 48 hectares de caves sur berges.

En 1910 les entrepôts vont encore s'agrandir et en 1930 Bercy va assurer 70% du négoce de vins et spiritueux de Paris. Les vins étaient acheminés par la Seine ou le chemin de fer, en barriques et plus récemment en citernes.

La maison Nicolas est connue aujourd'hui pour ses magasins de vins en franchise mais jusqu'à la fin des années 70 elle était une grande maison de négoce de vins et spiritueux installée à Bercy. Elle achetait, par contrat, des vins en vrac dans toutes les régions d'AOC en France et les acheminait dans leurs chais à Bercy pour les mettre en bouteilles et les distribuer. Pour la petite histoire, les vins d'Alsace, chez Nicolas, provenaient de la coopérative de Sigolsheim. De 1967 à 1969 j'étais œnologue dans cette coopérative et j'étais chargé, chaque année, de superviser le chargement des 4.000 hectolitres de vin achetés, dans les citernes affrétées par Nicolas. Rappelons qu'à cette époque le vin d'Alsace pouvait encore être vendu en vrac.

Mais Bercy n'est pas le seul quartier parisien à pouvoir témoigner d'une histoire du vin. Il reste à Paris des traces d'anciens lieux viticoles et vinicoles...

Paris et le Vin

Le début des vignobles en Île-de-France date de 276. Le développement sera continu sous l'Empire Romain et la culture de la vigne aura son apogée au 18ème siècle. La superficie de vignes sera alors de 42.000 hectares, devant le Bordelais et la Bourgogne. Paris sera même la capitale française du vin.

Montmartre

Sans doute le plus vieux vignoble de Paris datant du 12ème siècle. Il disparaîtra au 18ème siècle. Au début des années 30, sous l'impulsion de la Commune Libre de Montmartre, des vignes sont replantées rue des Saules à Montmartre. La première récolte aura lieu en 1934.

Le quartier de la Goutte d'Or rappelle les temps de gloire du vin de Montmartre. Le vin Goutte d'Or était ainsi appelé à cause de sa grande qualité et de la belle couleur du vin blanc qui y était produit.

Belleville

La culture de la vigne est attestée à Belleville depuis le 13ème siècle. Au début du 18ème on a pris l'habitude de venir boire du vin à Belleville le dimanche et les jours de fête.

Au 19ème siècle les maisons de vignerons se transformaient en « Guinguettes », nom qui vient de guinguet, un vin jeune, bon marché et pétillant qui était produit à Belleville.

En 1992, une parcelle est plantée dans le parc de Belleville avec des pieds de pinot meunier et de chardonnay.

Il y a quelques rues au nom de ce passé viticole comme la rue des Panoyaux, nom de raisins sans pépins qui étaient cultivés à Belleville, ou encore la rue du Pressoir.

L'histoire de Paris est donc liée à celle du vin.