Le rappeur Orelsan, "victime" de la censure féministe, vraiment?

"Poursuivi par des féministes" selon Le Nouvel Observateur, "sous l'oppression du féminisme" pour le magazine Sound CulturAll, "censuré" (rien que ça) pour ChartsinFrance (au moment des Francofolies de 2009) et soutenu à grand renfort de vibrants appels à la démocratie et à la liberté d'expression sur une foule de forums et de réseaux sociaux où l'on se découvre aisément des âmes de révolutionnaires sur canapé, le rappeur Orelsan est une misérable victime sans défense... Qui vient d'écoper de la faramineuse amende de 1000 € (avec sursis) pour injure et provocation à la violence.

Au secours, les féministes sont en train de ruiner un rappeur ! Vite, une cagnotte! A l'aide, ces hystéro-poilo-malbaiso-castrato-sadiques en veulent à la liberté d'expression ! Vite des banderolles pour défendre la création !

Mais comment font les féministes pour ne pas entendre ce qu'il y a de si créatif, de si beau, de si puissant dans les paroles d'une chanson intitulée "sale pute" et qui fait rimer "pétasse" avec euh... (avec rien en fait)? Que ne voient-elles la poésie contenue dans le vers "t'es juste bonne à te faire péter le rectum", l'envolée lyrique soufflée par "on verra comment tu suces quand j'te déboîterai la mâchoire", la force de l'image littéraire "J'rêve de la pénétrer pour lui déchirer l'abdomen" (si, si, c'est presque - presque, j'ai dit - du Lautréamont)? Comment peuvent-elles être si peu réceptives à l'émotion que suscite la délicate et fleurie métaphore "j'te fais la rondelle à la margarine"? A côté de quel incroyable sens du néologisme quasi-mallarméen (quasi) passent-elles quand elles s'indignent que le rappeur ait eu à inventer, pour les besoins d'une chanson d'amour (mais oui), l'indispensable verbe "Marie-Trintigner" (dire qu'on me traite de grammairicide quand je féminise mon titre de chèfe d'entreprise)?

C'est du talent, puisqu'on vous le dit, mieux que ça, du génie (c'est Oreslan lui-même qui le dit, alors!). Et avec ça, un mec "lucide, bosseur, évolutif" (Libé n'en peut plus), avec une vraie "conscience politique" (les inrocks en sont sûrs). Un "provocateur" qui manie si bien le sacro-saint degré. Mais si vous savez, la provocation, ce truc que les féministes sont elles, priées d'éviter pour ne pas desserviiiiiiiir leur côôôôôôse. Mais si, le second degré, ce machin auquel elles ne comprennent rien ou qui n'est même pas drôle quand elles, le pratiquent, en brandissant un sécateur imaginaire (Pffff... Ce qu'elles sont bêtes en plus d'être agressives, migraineuses et mal épilées).

En attendant, voilà, elles ont réussi. Avec la condamnation d'Orelsan, elles ont encore gagné. Elles ont franchi un nouveau pas de géant, à hauteur de 1000 € boudiou, dans la dangereuse marche vers la domination féminine de la société.

Pendant ce temps-là, Orelsan joue à l'aise les artistes défenseurs de l'exception culturelle (sous les applaudissements de la presse) et s'apprête à tourner au cinéma (et nous dit-on à y faire un carton). Pauvre, pauvre, pauvre Orelsan, les féministes ont ruiné ses finances, sa réputation et sa carrière... C'est vraiment des "sales putes" qui méritent qu'à se faire "Marie-Trintigner", ces féministes.