On a tout eu, Mars et Vénus, le cerveau gauche et le cerveau droit, l'intuition forcément féminine, les tâches ménagères causes de divorce, d'abstinence et d'impuissance...
Voilà que chic, alors, on a trouvé le gène de la bavasse logorrhéique : il est féminin.
"Ah tu vois, ce que je te disais, Roger, les gonzesses, elles sont comme ça, elles causent, elles causent, elles s'arrêtent jamais et patati et patata, blabla bla, et que ça fait des potins et des commérages, que ça met son grain de sel à toutes les sauces... Qu'est-ce que tu veux, c'est dans leurs gènes."
Les femmes parleraient trois fois plus que les hommes...
La preuve de l'intuition de Roger et ses potes, c'est une étude scientifique américaine qui l'apporte. Partant du constat (discuté par d'autres études) que les femmes utiliseraient en moyenne trois fois plus de mots que les hommes dans une journée, des chercheurs de l'Université du Maryland ont établi que la protéine du langage, appelée FOXP2 était produite en plus forte concentration par les individus de sexe féminin.
Ce qu'il y a d'indéniable dans ce travail, s'accordent à dire les commentateurs et commentatrices scientifiques, c'est le rôle clé de cette protéine dans la communication entre mammifères. Sa fonction dans l'apprentissage et la pratique du langage a été mise en évidence dans les années 1990 par deux professeurs d'Oxford, Fisher et Monaco.
Une condition génétique?
Ce qui est plus curieux, c'est l'interprétation que l'on fait des résultats de l'étude récente des scientifiques du Maryland : parce qu'ils constatent que chez une petite fille de 4-5 ans, la protéine FOXP2 est 30% plus concentrée dans les régions du cerveau impliquées dans le langage que chez un petit garçon du même âge, il semble acquis que cette protéine est naturellement produite en plus grande quantité chez les femmes. Ce qui du même coup accréditerait l'idée commune selon laquelle les femmes sont par essence de vrais moulins à parole.
Parler plus pour se faire entendre plus?
Or, les conditions de l'étude montrent aussi que, chez des petits rats séparés de leur mère, les bébés mâles, forcés de crier plus fort pour manifester leur présence et leurs besoins, ont doublé leur production de FOXP2. En d'autres termes, la protéine pourrait être produite en quantité variable selon l'urgence qu'il y a ou pas à donner de la voix.
N'y a-t-il pas là précisément le signe que la production de cette molécule de la vocalisation pourrait n'être pas tant un fait inné et naturellement genré que le résultat d'une adaptation à un contexte particulier? On pourrait alors émettre l'hypothèse que si les femmes parlent plus (et produisent donc davantage de FOXP2), c'est peut-être aussi parce qu'elles ont plus de mal à se faire entendre.
A méditer, en se souvenant que le principe même de la démarche scientifique, c'est de douter...