Les misogynes vont adorer le combat de boue Sinclair/Iacub

L'événement de la journée (il parait), c'est la parution des bonnes feuilles du récit de Marcela Iacub relatant sa relation avec Dominique Strauss-Kahn.

De l'art de faire monter la sauce...

On ne l'a pas lu. Personne d'ailleurs. A part la rédaction l'Obs qui l'a reçu en exclusivité en service de presse et a obtenu l'unique interview que l'auteure donnera dans les médias. Belle et Bête ne sortira en librairie que dans 6 jours. L'idée de l'éditeur et de l'hebdomadaire qui en révèle les bonnes (?) feuilles en avant-première, c'est qu'on crève d'envie d'aller l'acheter, le jour de l'office. Ne serait-ce que pour savoir ce qu'il vaut au pieu, l'ex-boss du FMI.

Car le pitch est supposément alléchant : celle qui défendit DSK dans un curieux pamphlet anti-féministe intitulé Une société de violeurs? est allée voir de plus près, de très très près ce qu'il en était. C'est donc ses ébats avec DSK (avec de vrais morceaux croustillants de scènes sexuelles à l'intérieur) que Marcela livre "sans exhibitionnisme" (chapeaute sans complexe le papier de l'Obs qui insiste au passage sur le souffle "littéraire" qui parcourt l'ouvrage). Des ébats que l'intéressée, juriste et chercheuse, qualifie à l'aise de forme "d'enquête de terrain". Sans doute le travail de recherche le plus scientifique de toute sa carrière...

Une théorie très scientifique bâtie sur une enquête de terrain irréprochable

Une "enquête de terrain", donc, qui aboutit à la fantaisiste hypothèse du mi-homme mi-cochon, laquelle semble valoir de grands développements intellectuels sur la grandeur de l'animal dont on fait les saucissons : " L'homme est affreux, le cochon est merveilleux même s'il est un cochon. C'est un artiste des égouts, un poète de l'abjection et de la saleté". Ben, dis donc...

Marcela n'aime pas trop le mot "viol"...

On a aussi droit à une interprétation très personnelle, quoique très affirmative de l'affaire Diallo : "La femme de chambre a été horriblement offensée mais pas violée".

Si Marcela le dit. Marcela était sans doute là ce jour-là. Marcela voit tout. Marcela sait tout. Marcela prefère aussi qu'on n'emploie pas trop souvent le mot de "viol" pour qualifier un chat un chat (ou un cochon un cochon). Pour Marcela, ce n'est d'ailleurs pas la première tentative de requalification du viol en "offense" et de l'agression sexuelle en malentendu.

DSK en malheureux petit bonhomme pris au piège du confort et de l'argent

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Enfin, pour faire la joie des anti-féministes de tout poil, Iacub se réserve un petit plaisir : dire tout le mal qu'elle pense d'Anne Sinclair. Non, en fait, pas d'Anne Sinclair en tant que rivale (quoique d'aucun-es se réjouiront toujours d'un crêpage de chignons entre jalouses - comme ils s'en sont régalé au moment du tweet de Valérie Trierweiler). Mais d'Anne Sinclair en tant que femme puissante : elle a l'argent, elle a le pouvoir, alors, c'est forcément une castratrice!

Les masculinistes sont friands de cette théorie des vases communicants : quand les femmes gagnent en puissance, les hommes sont dégradés par comparaison, dévirilisés, privés de leurs prérogatives de dominants. Et ça, c'est terrrrrible pour un homme. C'est ce qui peut lui arriver de pire. Ainsi, Anne Sinclair, dit Iacub, aurait "prostitué" (sic) et "enchaîné" (sic) son mari à force de le faire vivre dans un "luxe" dont il ne pourrait plus se passer. C'est une "humiliation" (sic). L'image d'un DSK ressentant peu ou prou la même chose qu'une femme maltraitée qui n'oserait pas prendre sa portée sous le bras et se tirer, de peur de se retrouver à la rue, sans Porsche Cayenne ni Carte business pour faire face aux difficultés de la vie, m'a presque fait sourire. Presque.

Le combat de boue a commencé. Qui prend les paris? Qui ramasse la mise?

N'empêche, Sinclair est blessée. On peut la comprendre. Aussi, elle écrit publiquement à Joffrin au sujet de la « femme perverse et malhonnête, animée par la fascination du sensationnel et l'appât du gain » qui lui cause du tort.

Chic! Ca tourne au combat de boue.

En bikini, les filles! Le spectacle commence, tous les coups sont permis, les projecteurs médiatiques sont braqués sur vous... Et pendant ce temps, les miso et les proxos, les machos et les agresseurs sifflotent peinards dans la tribune, le regard en l'air, le sourire narquois aux lèvres, prenant les paris... Et ramassant joyeusement la mise.