Ils se sont sûrement cru drôles.
Ou bien, ils ont oublié qu'ils étaient là pour étudier les humanités, les sciences politiques, la philosophie, la sociologie, les solutions économiques...
Ou alors, ils sont déjà bourrelés d'amertume à l'égard de leurs camarades féminines dont le potentiel constitue une rageante menace qu'ils préfèrent combattre par la bêtise vengeresse que par l'effort et le travail.
Ou encore, ils n'ont rien compris à ce qu'était l'avenir des relations humaines, dans la vie privée et professionnelle.
Une parodie débilitante d' "Osez le féminisme"
Bref, une petite bande (!) de couillons (!) de l'IEP de Bordeaux a jugé utile de singer le mouvement mixte et constructif "Osez le féminisme" en lançant un groupe "Osez le masculin", parodie débilitante qui fleure à plein nez le masculinisme primaire (et volontiers extrême-droitisant) et s'auto-gausse d'organiser des débats "Pour ou contre le viol collectif?", de rebaptiser l'équipe de volley de l'école "Les violleyeurs"* tout en brandissant des pancartes "Les féministes sont des lesbiennes".
Pardon, mais pour moi, ça mérite l'exclusion.
Ce qu'on est supposé apprendre à Sciences Po
L'IEP Bordeaux n'est pas mon école, quoiqu'elle se fasse appeler Sciences Po. Je ne sens pas mon propre diplôme souillé par cette tache intellectuelle de niveau pipi-caca répandu à grosses paluches mal dégrossies par des crétins de 20 ans qui insultent l'avenir bêtement (qu'ils ne comptent pas sur une embauche dans une grande entreprise après ça, de nombreuses boîtes du CAC 40 étant aujourd'hui officiellement engagées dans la promotion de l'égalité hommes/femmes).
Sauf qu'à Sciences Po Paris comme dans les IEP de province, on est supposé se former aux humanités, se préparer à la réflexion de fond sur les grandes questions politiques et sociales actuelles pour réaliser son ambition de participer en tant que leader au monde de demain.
Ces étudiants n'ont pas leur place parmi les leaders de demain
Les étudiants qui ont créé le groupe "Osez le masculin" n'ont pas leur place parmi les leaders du monde de demain.
Ils n'ont pas leur place dans les grandes entreprises où l'on recherche aujourd'hui des managers capables de sourcer et de valoriser les femmes de talent pour rééquilibrer les modes d'organisation et mettre en place de nouveaux leviers de performance.
Ils n'ont pas leur place parmi les cadres politiques qui ont compris aujourd'hui que la question de l'égalité des sexes n'était pas un "sujet de femme" mais un vrai sujet transversal, qui parcourt et essaime toutes les problématiques.
Ils n'ont pas leur place dans les médias où il est urgent de donner aussi la parole aux expertes et où la figure de la speakerine potiche a fait long feu.
Ils n'ont pas leur place parmi les intellectuel-les qui apportent au débat public des clés de compréhension pour l'action positive, pacifiante et humaine de toutes les bonnes volontés désireuses de porter notre pays vers la croissance et le progrès.
A la direction de l'IEP de Bordeaux de prendre ses responsabilités
Alors, ont-ils encore leur place à l'IEP de Bordeaux?
A la direction de prendre ses responsabilités, de préserver la valeur du diplôme qu'elle délivre en faisant preuve de courage et de rendre aux étudiant-es de leur institut (qui désapprouvent en masse ce mouvement) des conditions respirables pour étudier sereinement et intelligemment.
Ndla 5 février 2013 - 19 heures 30 - La direction des études de l'IEP et un étudiant me transmettent un communiqué concernant cette affaire et renouvelant son engagement contre le sexisme et l'homophobie. Je le relaie ici.
* Ndla : le diplômé de l'IEP Bordeaux Alexandre Hiélard m'invite à corriger une inexactitude : l'équipe de volley de l'IEP de Bordeaux n'a pas été rebaptisée les "violleyeurs" par le collectif "Osez le masculin", mais porterait ce nom depuis au moins cinq ans, apparemment. Une information qui confirmerait un certain laxisme de l'administration de l'IEP à l'égard d'une tradition de sexisme qualifiée par elle-même de "potache". La même personne m'indique que l'équipe féminine de rugby de l'école aurait choisi de s'appeler les "Mi-putes, mi soumises" et l'équipe féminine de volley "Les sans culottes", des désignations qui mériteront sans doute un prochain article concernant le réflexe d'auto-insulte des femmes et de certaines catégories discriminées, sujet passionnant et compliqué s'il en est.
Ndla 3 février 2013 - 18 heures 15 - Un étudiant de l'IEP de Bordeaux m'a signalé sur Twitter le communiqué des élus du MET de l'école à propos de cette affaire. Je relaie ce communiqué ici.