Le gouvernement a présenté aujourd'hui son plan d'action pour l'égalité femmes/hommes.
Voici ce que j'en ai retenu et ce qu'il m'a inspiré...
Une "nouvelle frontière"
En mai dernier, deux symboles forts étaient adressés par la nouvelle majorité aux défenseur-ses de l'égalité femmes-hommes : la constitution d'un gouvernement paritaire (non sans frustrations pour certains messieurs aspirant à des portefeuilles ministériels) et la résurrection du Ministère des Droits des Femmes (dont par pitié, n'abrégez plus le nom en "Ministère des Femmes", ça me rappelle trop le "Ministère du tricot" attribué au Général de Gaulle).
Quelques semaines après, lors de la Grande Conférence Sociale de juillet, Jean-Marc Ayrault annonçait une autre avancée fondamentale : son intention de faire de la question de l'égalité femmes-hommes non plus seulement une question féminine (ni féministe) mais de la considérer comme une approche transversale de toutes les problématiques économiques, juridiques et sociales.
Une façon de couper l'herbe sous le pied à celles et ceux qui s'irritent qu'on se préoccupe de dérisoires "problèmes de gonzesses" pendant que le chômage croît, que l'accès au logement devient un casse-tête, que la dette s'enfonce, que l'environnement se dégrade... Mais surtout une volonté affirmée de changer de regard, de "faire autrement", d'ouvrir, j'ose le dire, "une nouvelle frontière".
Ambition : faire d'un "problème de gonzesses" un levier de progrès pour tous
Après les symboles, les actes. Sous le titre "Pour une troisième génération des droits des femmes : vers une société de l'égalité", le gouvernement annonce un programme hautement prometteur pour l'égalité femmes-hommes.
Dès l'introduction du rapport, c'est une "ambition pour les femmes" qui est exprimée. Et ce terme d'ambition a tout son sens. Il ne s'agit pas de traiter les femmes en victimes (sans pour autant nier qu'elles le sont parfois et de violences intolérables), mais bien de les percevoir comme une force vive pour le pays, une force insuffisamment exploitée, une force dont une nation confrontée à d'importantes difficultés aurait tort de se passer. L'idée est bien d'agir en faveur de l'égalité pour tirer la France vers le haut, pour se donner de nouvelles chances d'innover et de progresser.
Plafond et plancher de verre
C'est pourquoi l'un des quatre axes du plan d'action gouvernemental porte sur la place des femmes dans la sphère économique et sur l'égalité professionnelle.
Sujet longtemps "orphelin" (sic) des négociations entre les partenaires sociaux, cette question doit désormais s'intégrer au discours et aux discussions des dirigeant-es d'entreprises et des représentants syndicaux. Le gouvernement attend d'eux qu'ils rendent des conclusions sur ce sujet dès les premières semaines de 2013, en vue de la préparation d'un dispositif législatif portant notamment sur l'articulation vie professionnelle/vie familiale.
On s'attaque ici clairement au "plafond de verre" qui oppose des obstacles invisibles aux femmes qui veulent réussir professionnellement et au "plancher de verre" qui interdit inconsciemment aux hommes de mettre en valeur d'autres facettes de leur identité que leur aspiration à être des leaders.
Le gouvernement, les élu-es et le service public devront aussi mettre la main à la pâte dans ce dossier : pour que l'articulation vie privée/vie professionnelle se fasse mieux, il faudra immanquablement réenvisager la question de la garde d'enfants. Si je reste personnellement réservée sur la scolarisation avant 3 ans, je me réjouis de l'intention annoncée de repenser les objectifs et la gestion de la branche famille. La synthèse du rapport du gouvernement ne précise toutefois pas ce que cela recouvrira : construction de nouvelles crèches? Réforme du congé parental (suggérée il y a quelques mois par Najat Vallaud-Belkacem) ?
Quoi? Des cours de féminisme à l'école?!!!
Autre axe majeur du plan du gouvernement, et qui fera sûrement beaucoup réagir : la lutte contre les stéréotypes.
Le gouvernement qui faisait fermer dare-dare le site du "Dico des Ecoliers" (sexiste en diable) pas plus tard qu'il y a 3 semaines réaffirme son intention de transformer les mentalités de notre chères têtes blondes. C'est à l'école qu'on apprendra l'égalité entre les genres!
Quooooooiiiii? Alors même que les profs n'arrivent pas à finir le programme en maths et en histoire, on va leur faire faire des cours de féminisme!!!! Sachez que les circulaires font déjà obligation aux enseignants de sensibiliser les élèves aux préjugés de genre et à l'égalité fille/garçon. Mais ces circulaires ne sont que ponctuellement appliquées en fonction de la sensibilité et de la formation de chaque enseignant. L'enjeu est ici d'offrir à l'école des outils pour travailler utilement et positivement sur ces sujets. Najat Vallaud-Belkacem et Vincent Peillon devraient y travailler main dans la main.
Violences : objectif aide aux victimes
Le troisème axe du plan du gouvernement pour une "troisième génération de droits des femmes" porte sur une volonté ferme de mettre fin aux violences faites aux femmes. Il semble que tout le monde s'accordera sur le fait que le tabassement conjugal et les agressions sexuelles doivent être bannis. Le gouvernement propose des mesures immédiates et concrètes pour aider les femmes à se protéger et glisse le sujet "prostitution" dans ce volet du programme.
En revanche, il reste silencieux sur ce qu'on pourrait appeler une "pédagodie de la séduction" : la "drague lourde", les avances pressantes et la galanterie déplacée resteront donc dans le champ de la sympathique culture latine... Le sujet est sensible, il appelle des développements approfondis et le citer seulement me vaudra peut-être quelques aimables commentaires sur "le féminisme revêche et mal-baisé". J'y ferai face en attendant d'avoir l'occasion d'aborder plus au fond le sujet.