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Globalement, il existe trois façons d’agir sur les conséquences de vos comportements.

1.

Une première façon consiste à éliminer les conséquences bénéfiques qui vous « poussent » à continuer à fumer. Cela implique de déterminer dans un premier temps la ou les conséquences qui vous rendent dépendant (est-ce le plaisir lié à l’arôme du tabac ? la sensation de la fumée qui passe dans votre gorge ? la décharge de  nicotine ? le fait d’être plus à l’aise dans les situations sociales ? l’impression qu’une cigarette vous aide à mieux dormir ou vous détresse ? le sentiment d’être à la mode ? fumer vous occupe et comble un ennui ? voire un peu tout cela à la fois ?). En psychologie, on appelle cela « faire une analyse fonctionnelle ». Une telle analyse est complexe à mettre en oeuvre car les conséquences sont nombreuses, souvent multiples et propres à chaque personne. De plus, pour être effective, cette stratégie doit le plus souvent être combinée aux deux autres stratégies basées sur les conséquences…

2.

Une deuxième façon d’agir sur les conséquences de vos comportements consiste à faire en sorte que votre consommation de tabac soit suivie d’une conséquence non plus bénéfique, mais au contraire déplaisante. Mais, me direz-vous, c’est déjà le cas lorsque votre finissez par développer un cancer du poumon ou lorsque votre pouvoir d’achat diminue. Le problème, c’est que ces conséquences mettent beaucoup trop de temps à se produire pour agir efficacement sur vos comportements. L’être humain est en effet sensible aux conséquences à court terme. En psychologie, on dit que l’individu préfère un bénéfice moindre et plus proche dans le temps plutôt qu'un bénéfice plus important mais plus éloigné dans le temps : le bénéfice d’une cigarette à court terme est souvent préféré au bénéfice à long terme de l’arrêt de la cigarette. Aménager des conséquences déplaisantes à court terme, c’est ce que vous propose le site web stickk.com qui a été créé en tenant compte de la recherche en science du comportement et notamment du rôle joué par les conséquences sur vos comportements. Ainsi, le site vous propose d’inclure un enjeu financier en pariant votre propre argent sur votre succès. Vous misez la somme que vous voulez et à la fin de chaque semaine, si vous n’avez pas respecté votre engagement, votre compte bancaire est débité. L’argent est alors reversé à un ami ou à une association qui vous tient à cœur, ou au contraire à une personne que vous n’aimez pas ou à un organisme dont les idées vont à l’encontre de vos valeurs. Évidemment, la technique n’est pas infaillible et il reste relativement facile de fumer en douce. Mais pour vous dissuader de tricher, vous pouvez choisir un « référent » parmi vos proches qui se chargera de vous évaluer chaque semaine. Même si en théorie cette stratégie « punitive » pourrait fonctionner, elle a un inconvénient majeur : en faisant suivre votre consommation de tabac de conséquences déplaisantes, on ne vous apprend pas de comportement alternatif. Or il est difficile de diminuer un comportement sans qu’il soit remplacé par un autre permettant d’obtenir des bénéfices. Vous aurez alors tendance à vous remettre à fumer le jour où ces conséquences déplaisantes disparaitront (on peut comparer ce phénomène aux comportements des automobilistes sur les routes : si l’on retire les radars, les automobilistes se mettent volontiers à ne plus respecter les limites de vitesse). Pour être plus efficace, ce type de stratégie doit donc être couplé à un troisième et dernier type de stratégie basé sur les conséquences…

3.

Les stratégies « punitives » sont en effet bien plus efficaces lorsqu’elles sont couplées à une stratégie complémentaire qui consiste à vous fournir aussi des conséquences bénéfiques lorsque vous vous engagez dans des comportements alternatifs. C’est un peu ce qui vous est proposé avec le patch ou le chewing-gum qui vous fournissent de la nicotine (une conséquence bénéfique), sans avoir à fumer : ces substituts vous apportent les mêmes conséquences bénéfiques que celles que vous procure la cigarette… Mais sans cigarette ! Mais les patchs et les chewing gum ont une limite. En effet, la dépendance physiologique à la nicotine ne dure rarement plus d’une semaine, et pourtant, la sensation de manque persiste après le sevrage, parfois même après plusieurs années. En réalité, comme nous l’avons vu plus haut, votre consommation de tabac n’est pas seulement dépendante de la nicotine, car le plus souvent d’autres conséquences bénéfiques maintiennent votre dépendance. La nicotine peut donc faciliter l’entrée dans un processus de dépendance, mais elle sera très vite relayée par une addiction d’ordre comportemental contre laquelle il vous faudra également lutter. Voilà pourquoi patch et chewing gum, lorsqu’ils sont utilisés seuls, sont rarement suffisants pour vous faire arrêter de fumer. Aujourd’hui, la meilleure stratégie alternative qui répond à la fois à votre « besoin » de nicotine et à votre dépendance aux autres conséquences que vous procurait la cigarette, c’est la cigarette électronique. Celle-ci aurait en plus l’avantage d’être moins nocive pour votre santé. Mais en choisissant la cigarette électronique à la place du tabac, vous ne faites que remplacer une addiction par une autre !

Le site stickk.com vous propose alors une stratégie complémentaire : vous fournir des conséquences bénéfiques dès que vous réussissez à ne pas fumer et à vous engager dans des comportements alternatifs plus « utiles ». Vous pourrez ainsi impliquer vos amis via facebook ou twitter pour qu’ils suivent vos progrès en direct. En cas de succès, vous recevez alors chaque semaine les félicitations de tout votre réseau social. En plus des félicitations de vos proches, vous vous rendez compte visuellement de vos progrès matérialisés sur le site sous forme de graphiques : date de début et de fin du contrat, nombre jours d’abstinence, date du prochain compte rendu, le nom de votre référent, etc. Il s’agit d’un véritable engagement en ligne ! Une telle façon de faire est beaucoup plus stimulante et donne plus envie de poursuivre votre engagement. Ce site est donc basé sur le principe du self-management (ou autogestion) dont les stratégies sont utilisées pour la modification du comportement. En réalité, vous « arrangez » votre environnement (les conséquences) de telle manière que celui-ci modifie vos comportements dans le sens souhaité. Le self-management diffère de la notion de « volonté » qui renvoie plus à un contrôle de la personne par elle-même (« il faut que j'arrête de fumer ») et qui à lui seul est peu efficace. Le seul fait de s’auto-évaluer et d’observer une progression régulière à court terme peut suffire à déclencher une motivation et à maintenir le comportement voulu. Un tel site ne reste cependant qu’un artifice pour vous aider à arrêter de fumer car pour que votre abstinence dure dans le temps, il faudra que vos comportements alternatifs soient maintenus par des conséquences bénéfiques beaucoup plus naturelles. Vaste programme…

Pour conclure…

Vous comprenez maintenant pourquoi il peut être si difficile de vous arrêter de fumer. Il n’existe pas une seule et même recette miracle qui conviendrait à tous les fumeurs. La « dépendance » au tabac implique tellement de variables variées et individuelles que réussir à vous arrêter nécessite une combinaison personnalisée de stratégies qui doivent être encadrées et évaluées pour éventuellement être réajustées au cours de l’apprentissage.

Ne plus fumer est d’autant plus compliqué que la plupart des aides que l’on vous propose ne tiennent pas ou peu compte des principes de base qui régissent les comportements humains (notamment l’importance des stratégies basées sur les conséquences).

Mais alors pourquoi les mesures que l’on met à votre disposition actuellement ne sont pas adaptées ou sont insuffisantes pour vous faire arrêter de fumer ? J’y vois au moins deux raisons à cela : soit nos gouvernements méconnaissent ces principes comportementaux, soit le marché du tabac est économiquement trop important pour se passer des fumeurs. Chaque année, l’état perçoit en effet près de 10 millards d’euros de taxes issues de la vente du tabac (même si le coût social du tabac, qui correspond à l’ensemble des dépenses de santé et campagnes de prévention est estimé lui aussi à 10 milliards d’euros).

Et maintenant à vous de donner votre opinion : quid de l’efficacité du paquet neutre qui arrive en France en janvier 2017 ?