Comment vous débarrasser de votre « charge mentale » ?

Tengrain

Ces derniers jours, on a beaucoup parlé de la « charge mentale » des femmes au sein du couple.

La charge mentale, c’est quoi ?

Ce concept, dont le nom n’a pas vraiment d’existence théorique valide, fait référence à un phénomène qui lui est bien réel : celui de la répartition des tâches domestiques entre les hommes et les femmes. Selon l’Insee, en 2010, les femmes auraient en effet consacré en moyenne près de 3h30 par jour aux tâches domestiques (ménage, courses, enfants, etc.) contre 2h pour les hommes. Mais cette inégalité ne serait pas le problème principal. Ainsi, même dans les cas où hommes et femmes consacrent le même temps aux activités ménagères, les femmes restent insatisfaites car cela leur demande un effort pour rappeler à leurs conjoints de mettre la main à la pâte. Et c’est justement cela que l’on appelle la « charge mentale » : cet « effort cognitif » de penser à demander à son conjoint d’aider à la maison car ce dernier n’en prend pas l’initiative.

« Fallait demander ! »

Tout serait parti d’une BD écrite par une blogueuse, Emma, dont l’objectif est d’éveiller les consciences masculines. On peut y voir des illustrations de situations quotidiennes dans lesquelles les hommes se défendent d’avoir un poil dans la main en prétextant qu’il « fallait demander ! ». Pour soulager les femmes de leurs « charges mentales », l’auteure suggère que les hommes prennent leurs responsabilités ou que les femmes lâchent prise. Mais les choses ne sont pas si simples…

Comment diminuer la « charge mentale » ?

Pour diminuer la « charge mentale » des femmes, il faudrait donc que les hommes apprennent à prendre l’initiative de participer aux tâches domestiques. Mais pour que les hommes gagnent en spontanéité, puisque c’est bien de cela dont il s’agit, il est nécessaire que les contingences changent. Car ce n’est pas la prise de conscience qui est la cause de nos changements de comportements, ce sont les contextes environnementaux. On attribue en effet à tort la cause de nos comportements à une prise de conscience ou une « prise de responsabilité ». En réalité, la prise de conscience n’est bien souvent qu’une conséquence du changement des comportements dont la cause est plutôt à trouver dans les contextes environnementaux.

Les contingences responsables du manque d’initiative des hommes doivent donc être manipulées si l’on veut que les choses changent. Tout d’abord, certains hommes devront acquérir des compétences. Car il ne suffit pas toujours de laisser s’entasser du linge sale pour que le conjoint prenne l’initiative de le laver, surtout s’il ne sait pas faire fonctionner un lave-linge. Ensuite, j’imagine que certaines femmes se sentent contraintes de faire certaines tâches ménagères de peur que leurs conjoints fassent moins bien qu’elles. Enfin, il semblerait que les comportements domestiques soient inégalement répartis entre les femmes et les hommes pour des raisons socioculturelles bien ancrées (à titre d’exemple, le congés paternité est beaucoup plus court que le congés maternité, ce qui ne facilite pas les prises d’initiatives).

Prendre l’initiative d’aider à la maison n’est donc pas qu’une question de volonté. Les promesses faites au conjoint, comme « la prochaine fois c’est moi qui passe l’aspirateur », sont en effet rarement tenues et mettent en échec les tentatives de meilleure harmonie dans le couple. Il faudra donc créer au départ une motivation « extrinsèque » pour déclencher une prise d’initiative chez son conjoint. C’est la notion de self-management : aménager son environnement pour voir se modifier les comportements. C’est le seul moyen efficace d’y parvenir, contrairement au fameux self-control, qui est souvent insuffisant.