« Affaire Troadec », ou comment l’argent contrôle nos comportements

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« L’Affaire Troadec », c’est ce fait divers sordide et hyper médiatisé du 16 février 2017 qui suscite encore des questionnements. Une question en particulier : Comment un être humain peut-il être capable de faire une chose pareille ?

L’argent, un moteur puissant de nos comportements

Il ne faut pas compter sur les vertus innées de la nature humaine pour prétendre à un monde sans violence, ces vertus innées n’existant pas. N’allez pas croire non plus que les vices de la race humaine sont indéracinables. En réalité, l’être humain n’est ni bon, ni mauvais par essence. Ses comportements, des plus vertueux aux plus barbares « naissent des conditions dans lesquelles l’homme vit » (Richelle, M., 1977, p. 208)1. Parmi ces conditions, il en est une qui influence très fortement nos comportements au point de nous faire dérayer, c’est l’argent.

Dans un post précédent, j’expliquais justement comment l’argent pouvait contrôler nos comportements. Le film suivant illustre d’ailleurs avec ironie la façon dont l’argent dirige le monde (il s’agit du film "L'île aux fleurs", un court-métrage documentaire réalisé en 1989 par Jorge Furtado) :

L’impact de l’inégalité des richesses sur notre santé et sur nos comportements

Il n’est pas difficile d’imaginer que la pauvreté puisse avoir de graves conséquences sur la santé des individus et sur les sociétés. De façon moins connue, on observe également des liens entre l’inégalité des richesses individuelles au sein d’un même pays et la santé de ses individus. En l’occurence, plus un pays présente des différences de richesses individuelles contrastées, plus l’espérance de vie de ses habitants est faible (plus les populations sont touchées par des problèmes de santé, d’obésité, de criminalité, etc). Ainsi, le niveau de santé et l’espérance de vie sont non seulement plus faibles chez les personnes les plus pauvres par rapport aux personnes les plus riches, mais on constate également que les habitants les plus riches qui vivent dans des pays très inégalitaires sont en moins bonne santé et ont une espérance de vie plus faible que les habitants les plus riches qui vivent dans des pays moins inégalitaires. Pour le dire autrement, pour vivre plus longtemps, il vaut mieux être riche dans un pays où les disparités économiques entre les habitants sont faibles, plutôt que d’être riche dans un pays dont les ressources financières individuelles sont très contrastées :

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Graphique tiré du livre de Biglan, A. (2015). The Nurture Effect. How the Science of Human Behavior Can Improve Our Lives and Our World. New Harbinger Publications.

Comment expliquer de telles données ?

Certains auteurssuggèrent que dans les sociétés qui accordent beaucoup d’importance au statut social, les individus ont tendance à plus comparer leur niveau social à celui des autres que dans les sociétés qui y accordent moins d’importance, ce qui augmente le désire des personnes d’obtenir des biens qu’ils n’ont pas et que les autres possèdent. Pour le dire autrement, plus une société présente de contrastes socio-économiques importants entre les individus, plus le risque de concurrence entre les personnes est élevé. Et parce que nous vivons dans des pays dont les richesses individuelles sont fortement contrastées (et cela ne va d’ailleurs pas en s’arrangeant), la plupart d’entre nous sera toujours entouré de personnes plus fortuné que nous. Si la richesse est notre mesure de comparaison interindividuelle, alors posséder moins que les autres devient donc immanquablement une source de stress pouvant entrainer les comportements les plus extrêmes.

Des solutions ?

Une alternative du contrôle par l’argent consisterait à créer des sociétés…sans argent. A l’heure actuelle, cela peut sembler relever de l’utopie, mais quelques expériences ont déjà été menées dans ce sens (ici ou ).

Références :

1. Richelle, M. (1977). B. F. Skinner ou le péril behavioriste. Belgique : Pierre Mardaga.

2. Biglan, A. (2015). The Nurture Effect. How the Science of Human Behavior Can Improve Our Lives and Our World. New Harbinger Publications.