Pour ou contre les caméras cachées « extrêmes » ?

Chucky

Depuis quelque temps, on peut voir sur internet des caméras cachées « extrêmes » dans lesquelles les personnes piégées sont véritablement terrorisées. C’est le cas par exemple de la petite fille dans l’ascenseur, de la campagne publicitaire pour les films d’horreur Chucky et The Baby, de la femme télékinésique qui sème la terreur dans un café new-yorkais, ou encore de ce dinosaure qui terrorise les Japonais. Mais selon moi, la plus terrifiante de toutes est certainement celle du chauffeur de taxi :

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On le voit bien dans cette vidéo, les « victimes » ont du mal à revenir à la réalité. Une des deux jeunes femmes dit même qu’elle pensait qu’elle allait mourir. Pourtant, à la fin du film, les responsables du canular se veulent rassurants auprès des « victimes » en leur expliquant que « ce n’était pas vrai », qu’il s’agissait « d’une caméra cachée pour la télévision », etc. Mais est-ce vraiment suffisant pour soulager les personnes et les aider à « récupérer » ?

Explications 

Bien qu’une caméra cachée soit une « blague », son impact émotionnel sur les personnes piégées est bien réel. Dans certains cas, l’événement qui provoque les stress persiste (ici, l’impossibilité de sortir du taxi pour échapper à la menace). L’organisme entre alors dans un état dit de résistance dans lequel il va mobiliser des ressources pour tenter de retrouver un état d’équilibre. Il arrive malheureusement qu’aucune ressource ne soit disponible pour faire face au stress. L’organisme entre alors dans une phase d’épuisement : l’adaptation est impossible. C’est dans cette phase ultime que les victimes peuvent éprouver un sentiment de menace de leur intégrité physique, voire de menace de mort. Or cette peur de mourir, qui pourrait être le point commun entre toutes ces caméras cachées « extrêmes », est loin d’être un sentiment anodin puisqu’il est un critère d’apparition de troubles plus ou moins importants, parmi lesquels le trouble de stress post-traumatique.

À la suite d’évènements graves qui ont lieu dans la « vraie vie », les services d’aide aux victimes proposent justement des prises en charge en urgence pour minimiser le risque d’apparition de symptômes traumatiques. Ce mode d’intervention, que l’on appelle le defusing, a lieu dans les 24 heures après l’événement et permet d’aider les victimes à apaiser les manifestations de stress. Bien sûr, cette prise en charge doit être réalisée par des professionnels formés à ce genre de situation. En 2010, on a pu voir à la télévision, sur France 2, un canular intitulé Le jeu de la mort, zone extrême où les candidats recevaient un tel soutien psychologique :

Malgré ce soutien psychologique, les participants n’ont pas la garantie d’échapper à d’éventuels troubles futurs. De plus, ils éprouvent une réelle souffrance pendant toute la durée de l’expérience. C’est pour ces raisons qu’il est plus difficile aujourd’hui pour les chercheurs en psychologie de réaliser de tels protocoles expérimentaux. D’un point de vue éthique, la recherche en psychologie tient compte désormais de la souffrance morale des participants et des réels risques psychologiques encourus.

Source : Cottraux, J. (2001). Les thérapies comportementales et cognitives. Masson.