Un point sur l’agoraphobie

Matahariii

Un site très intéressant dédié aux personnes concernées par l’agoraphobie vient de voir le jour : agorafolk.fr.

« Agorafolk s'adresse aux personnes souffrant d'un trouble panique, ainsi qu'à celles qui ne savent pas encore ce qu'elles ont, qui ne peuvent plus prendre le volant seules, s'équipent d'inhalateurs pour aller au supermarché ou plus généralement qui ont peur d'avoir peur ! (…) J'ai crée un outil qui je l'espère grandira et aidera les anxieux, les phobiques et leur entourage à franchir un cap ».

Sur ce site, on y trouve bien sûr des informations sur l’agoraphobie, mais surtout, « il est possible de s’inscrire pour participer à des évènements comme des réunions de parole et des expositions en groupe ».

Je profite donc de cette belle initiative pour faire un point sur l’agoraphobie.

L’agoraphobie, c’est quoi ?

Pour beaucoup, l’agoraphobie est la peur de la foule (en grecque, agora signifie le lieu de rassemblement de la cité). En réalité, cette signification nous induit en erreur car cliniquement, ce trouble fait plutôt référence à la peur de développer une attaque de panique dans des environnements particuliers.

Pour bien comprendre ce qu’est l’agoraphobie, il faut donc tout d’abord définir ce qu’est une attaque de panique. L’attaque de panique est une forme aiguë de trouble anxieux caractérisée par une crise qui dure en général une dizaine de minutes. Pendant la crise, la personne ressent une peur de mourir associée à différents symptômes physiques : étouffement, douleurs thoraciques, vertiges, augmentation du rythme cardiaque, nausées, impression de perdre le contact avec la réalité, etc. La violence de ces symptômes fait que la personne va redouter qu’une telle crise se produise à nouveau. C’est alors que s’installe l’agoraphobie.

Selon les classifications internationales des troubles mentaux, l’agoraphobie est « l’anxiété liée au fait de se retrouver dans des endroits ou des situations d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper ou dans lesquelles ou pourrait ne pas trouver de secours en cas d’attaque de panique ». Ces situations peuvent alors être très diverses : seul en dehors de son domicile, coincé dans une file d’attente, dans un véhicule duquel on ne peut pas descendre quand on le souhaite, dans un cinéma au milieu d’une rangée de sièges occupés, etc. Bref toutes les situations dans lesquelles il serait gênant d’avoir une angoisse et dont ne pourrait pas facilement s’échapper.

Un de mes patients avait développé depuis plusieurs années un symptôme à type de panique (des nausées et une contraction de la mâchoire). Les situations les plus stressantes pour lui, et donc celles qu’il évitait autant que possible étaient le cinéma, les sorties en soirée, les « rencards », les courses au supermarché (il redoutait que quelqu’un vienne lui parler et donc l’empêche de s’enfuir en cas de nausée). Il lui fallait systématiquement inspecter les nouveaux lieux pour trouver une échappatoire en cas de nausée (principalement des toilettes). Cette inspection lui permettait de se rassurer, de garder le « contrôle ». Lorsqu’il ne mangeait pas, il pensait qu’il mettrait plus de temps à vomir en cas de nausée. Il se privait donc de nourriture avant chaque situation potentiellement stressante. Son agoraphobie prenait donc des proportions qui pouvaient avoir des conséquences graves sur sa santé.

Pour les personnes atteintes d’agoraphobie, la perception du danger est exagérée, leur attention est focalisée sur l’environnement et leurs moindres réactions physiques qu’elles redoutent. Elles recherchent alors les situations dans lesquelles le danger vécu est écarté et évitent les environnements aversifs. Il s’ensuit une diminution souvent importante de leur vie sociale.

La thérapie

Les traitements préconisés consistent principalement en une thérapie cognitive et comportementale (TCC). Selon les principes issus de la science du comportement, nos conduites sont maintenues par leurs conséquences. Ainsi, le fait d’éviter les situations jugées stressantes ne fait qu’entretenir les réactions de stress. C’est pour cela que la thérapie consiste en partie à exposer progressivement la personne aux environnements qu’elle appréhende. Petit à petit, l’organisme s’habitue alors à la situation et réapprend alors à ne plus avoir des réponses de stress (pour en savoir plus, cliquez ici).

Références :

www.agorafolk.fr

Cottraux, J. (2004). Les thérapies cognitives. Paris : Retz.