Comment être moins accro à son smartphone ?

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Un article paru récemment dans le magazine Fast Company fait état du constat suivant : la première chose que la plupart d'entre nous fait en se levant le matin est d’allumer son smartphone pour consulter ses messages (e-mails, facebook, sms, Twitter, etc.). Ensuite, tout au long de la journée, nous restons connecté et vérifions régulièrement si nous n’avons pas reçu de nouveaux messages. Mais pourquoi passons-nous autant de temps à actualiser et réactualiser sans cesse nos pages ? Quel est ce besoin irrépressible de vérifier si nous n’avons pas reçu de nouvelles de nos réseaux sociaux ?

Dans le magazine Fast Company, on apprend comment Chris Morton, un journaliste américain, a pu se défaire de son "addiction" au smartphone. Il aurait réussi à « reprendre le contrôle » de cette technologie en s’inspirant des travaux d'un psychologue américain, B. F. Skinner.

Les expériences de ce psychologue sur les rats ont montré comment il était possible de conditionner chez eux des habitudes comportementales : les rats sont placés dans une boîte contenant un levier qui, lorsqu'on l'actionne, délivre de la nourriture de façon aléatoire (un peu comme une machine à sous qui délivre le jackpot à des moments imprévisibles). En offrant la possibilité aux rats d’obtenir de la nourriture à des intervalles de temps imprévisibles, on les empêche ainsi de pouvoir anticiper les moments où la manipulation du levier leur permettra d’obtenir la nourriture. Il s'ensuit alors que les rats se mettent à actionner continuellement le levier car ils "espèrent" à chaque fois être récompensé par la nourriture. Pour le dire différemment, les rats se mettent à vérifier constamment si de la nourriture est disponible puisque chaque instant est potentiellement source de récompense.

Selon le psychologue, les rats activent le levier toute la journée parce qu'ils ne discernent pas de constante dans l'évènement. Au contraire, lorsque la nourriture est délivrée à intervalles de temps réguliers, les rats finissent par activer le levier uniquement sur à des moments déterminés et non plus de façon anarchique.

C'est ce même principe comportemental qui se met en place lorsque nous "checkons" nos messages, e-mail, like, tweet, etc. Comme ceux-ci peuvent arriver à tout moment, de façon aléatoire, chacune de nos vérifications peut potentiellement nous gratifier d’une nouvelle info en provenance des nos réseaux sociaux. Ce mode de rétribution des « récompenses » par intermittence peut même chez certaines personnes faciliter l’apparition de comportements obsessionnels. On retrouve un exemple connu de ce type de comportement extrême dans les addictions aux jeux d’argent.

Dans cet article du magazine Fast Company, Chris Morton s'est donc inspiré de ces principes comportementaux pour essayer de changer ses habitudes. Il a d'abord réalisé que le temps passé à « checker » et « rechecker » ses messages était du temps perdu puisque dans la plupart des cas, il ne recevait aucun message. De plus, le fait d’aller vérifier ses messages sur son smartphone alors que l’on est déjà pris par une activité, constitue une distraction rendant le retour à l’activité plus ou moins coûteux en effort.

Bref, il serait donc beaucoup plus productif de vérifier ses e-mails non plus de façon aléatoire mais selon des horaires réguliers (une fois par heure par exemple). Il est bien sûr presque impossible de recevoir ses messages toujours aux mêmes heures. Par contre, il est possible de simuler une telle régularité. C'est ce qu'a essayé de faire Chris Morton : tous les matins au réveil, il se laisse une heure pendant laquelle il « s’interdit » de consulter son smartphone et il décide donc d’un horaire pour lequel son téléphone lui délivre ses messages. Plus facile à dire qu’à faire. Pour s’aider, il s’est construit un planning attractif pour combler cette heure de frustration (il fait entre autre du yoga !).

L’auto-contrôle ne va pas de soi. Mais comprendre comment nous fonctionnons et l’aménagement de notre environnement peuvent nous aider à changer nos comportements.