Connaissez vous la syllogomanie ?
Ce terme compliqué fait référence à un comportement inadapté qui consiste à accumuler des objets de façon compulsive. Et il se pourrait bien que la syllogomanie soit bientôt considérée comme un nouveau trouble répertorié dans la cinquième et dernière version du DSM qui sera publié le mois prochain.
Le Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux, ou DSM, est un manuel publié par l’American Psychiatric Association (APA) qui répertorie les troubles mentaux. Il est utilisé pour la recherche et permet d’aider les professionnels de santé à établir des diagnostics de pathologie psychiatrique selon certains critères cliniques homogènes et le plus objectif possible. Par exemple, l’un des critères diagnostiques de la schizophrénie comporte les symptômes suivants : idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé, comportements grossièrement désorganisés ou catatonique, symptômes négatifs (ex : émoussement affectif, perte de volonté). Depuis sa création en 1950, ce manuel n’a cessé d’évoluer, notamment en fonction des statistiques fournies par les hôpitaux psychiatriques. Ainsi, le DSM identifie actuellement 410 diagnostics contre 292 pour le DSM III paru en 1987.
Parmi les nombreuses modifications apportées dans la prochaine publication, il est donc question que la syllogomanie fasse son apparition comme un trouble à part entière. Alors qu’elle est encore considérée comme une sous-catégorie des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) dans l’actuelle version du manuel (DSM IV-TR).
Les détracteurs du DSM reprochent à l’American Psychiatric Association de multiplier les diagnostics inutiles, voire de contribuer au développement de l’industrie pharmaceutique…. Parano ? En tous les cas, on observe bien une augmentation de nouvelles formes de troubles du comportement. La nomophobie, par exemple, correspond à une anxiété exagérée déclenchée par le fait d’être séparé de son téléphone portable. Cette phobie finira certainement par apparaître dans le DSM car elle s’observe chez de plus en plus de personnes.
Si l’on doit étiqueter tout nouveau comportement pathologique, il y a fort à parier que la liste des troubles continuera à s’allonger, tout simplement parce que notre environnement ne cesse de se diversifier. Et si l’on pousse la logique du manuel jusqu’au bout, nous pourrions presque attribuer une étiquette diagnostique différente pour chaque individu. Pourtant, plusieurs dénominations diagnostiques relèvent de mêmes processus psychologiques et font donc appel à des prises en charge qui changent peu. C’est le cas par exemple des phobies dont les mécanismes comportementaux sont les mêmes, quels que soient leur support (téléphone, serpent, transports, etc.). Le praticien ne sera donc pas beaucoup plus avancé de savoir que son patient a peur des araignées ou de l’absence de téléphone portable. En revanche, la réduction des comportements phobiques se fera à des rythmes différents en fonction de chaque patient.
Le DSM, ou tout autre manuel de référencement de troubles psychiatriques (comme la CIM-10) est certainement un outil épidémiologique nécessaire à la recherche médicale. Néanmoins, il ne doit pas faire oublier qu’un trouble doit avant tout être envisagé à la lumière de l’histoire individuelle d’une personne en souffrance.