10 Oct

En Franche-Comté : le tricot, c’est toute une histoire

Je vais vous raconter cette fois-ci la merveilleuse histoire du tricot ! Je vous le dis d’emblée ; il s’agit là d’un défi presque aussi grand que gravir la via Ferrata d’Ornans (confère mon périple au coeur de la Vallée de la Loue du dimanche 1er octobre)

Oui, aussi vertigineux pour moi qui ne sais pas recoudre le dernier bouton tombé de ma veste préférée, et pour qui la tenue de baguettes fait forcément référence à un repas asiatique ou aux délicieuses baguettes de pain que fait mon cher père.

Bref ; un saut dans l’inconnu dans lequel je me lance aujourd’hui, avec le début du tournage ce mardi.

Sous un ciel propice aux plus belles balades, je prends la direction du village de Villers Grélot, en voiture.

C’est dans un atelier de tissage et de feutrage que j’ai rendez-vous. Je vais rencontrer Agnès Guenin. A mon arrivée, je sais que je ne me suis pas trompée d’adresse car, depuis l’extérieur de la maison dont les murs sont pourtant en pierres, j’entends le métier à tisser. La tisserande que je vais rencontrer est à l’oeuvre.

J’observe la vitrine et vois toutes sortes d’objets en laine, des petits nounours (c’est sa marotte !), comme des chapeaux, son atelier en est également rempli.

Agnès m’accueille pieds nus, ou plutôt en chaussettes, c’est comme ça qu’elle est le plus à l’aise pour travailler avec les 6 pédales de son métier à tisser ! Un bien bel outil que je découvre pour la première fois !

J’ai une superbe photo à vous montrer que je vais ajouter dès que je peux ! Car là, c’est panne sèche…

Elle me confie qu’elle est l’une des 60 tisserandes en France à posséder un tel outil pour travailler, selon un récent sondage. Je suis très étonnée, et me dis également que le travail que nécessite son utilisation ne correspond pas à l’urgence de notre temps, où les choses vont vite ! Ce qui explique peut-être cela ?

Mais Agnès, à la cordeline, elle, n’est pas pressée. Elle ne se soumet pas non plus au diktat de la productivité à tout prix. Son travail se rapproche plutôt d’un artisanat d’art. Elle dit elle-même qu’elle fait « à l’envie », et lorsque je regarde sur le métier l’étole qu’elle est en train de créer, je me rends bien compte que même si elle le souhaitait, elle ne pourrait pas reproduire deux fois le même ouvrage à l’identique tant il y a de couleurs et de tissus différents !

L’équipe est fascinée, y compris Pierre, notre réalisateur, qui a fait ses emplettes pour Noël avant de repartir ! Il a craqué sur les chapeaux d’Agnès, des pièces qu’il compare à des oeuvres d’art !

Les photo arrivent !!! Et les vidéo aussi !

De mon côté, je repars avec une fleur que j’ai faite moi-même avec Agnès qui m’a transmis son savoir-faire du feutre ! Une technique très ludique et très agréable qui permet de rétrécir la laine. Pas comme lorsqu’on la passe à la machine à laver par erreur, non ! Mais de manière maîtrisée, pour en faire par exemple des petits chaussons pour bébé !

Et finalement, pour une sceptico-novice, je suis plutôt preneuse d’un autre cours, une autre fois.

Je file me coucher car demain, j’ai rendez-vous avec des Alpagas…

La ferme aux Lamas de Christelle et Patricia 

J’ignorais totalement que quelque part dans le Doubs, sur les hauteurs de Mamirolle, des personnes avaient eu l’idée d’élever des Lamas et des Alpagas pour la qualité de leur laine. Bien sûr, nous avons tous en tête que l’alpagas est une bonne laine. Mais aussi que ces animaux viennent d’Amérique du Sud, du Pérou ou du Mexique ! Que diable font-ils en Franche-Comté ?

Et bien le Doubs qui bénéficie d’un bon niveau d’ensoleillement est propice à leur épanouissement. L’altitude, qui va avec les degrés en négatif la nuit, satisfait aussi leurs conditions de vie.

Connaissez-vous la différences entre Lamas et Alpagas ? La laine d’alpagas est de meilleure qualité. Entendons-nous, cela ne veut pas dire qu’il faille délaisser le lamas, mais plutôt qu’avec l’Alpagas, on monte d’un cran avec une laine très adaptée pour la production textile par exemple.

Mais attention, l’un comme l’autre doit être jeune pour donner sa meilleure laine. Jusqu’à 1 an, Patricia et Christelle récoltent le nec plus ultra de leur animaux.

Un élément favorise également la qualité de la toison : la nourriture. En se nourrissant des verts pâturages, les camélidés donnent une meilleure laine que si leur repas était fabriqué industriellement avec des propriétés nutritionnelles moindres.

Et puis, regardez comme ils sont heureux dans leurs prés !

 

 

 

Enfin, ils et elles ! Les Lamas, ce sont des mâles. Les alpagas, des femelles. Et je peux vous dire qu’il y a une grande différence de comportement entre les mâles et les femelles. Ces messieurs sont calmes et dociles ; d’une compagnie agréable et douce. Contrairement à ces demoiselles qui sont agitées et largement plus caractérielles ! Et ne croyez pas que c’est seulement en présence des caméras et de l’équipe ! (amusée)

Que nenni ! Généralement, il est plus commode d’avoir des mâles si l’on tient à sa tranquillité. Il en va de même avec les juments ! Ou les chiens ! J’en ai fait l’expérience, je vous le dis de mon coeur, c’est mon conseil du jour !

Avec ces deux amies aux intérêts communs, j’apprends encore 2 choses qui me captivent.

Vous voulez savoir ?

Allez je suis sympa, je partage. Et bien sachez que le lamas ne se tond se sur la partie supérieure du ventre ! La croupe ou l’encolure ne donnent pas la même qualité de laine ! Idem pour les pattes ou sous le ventre. Alors là, la laine est carrément inexploitable.

J’étais surprise, et devrais chercher un peu plus loin si je veux savoir pourquoi un tel phénomènes, car les filles ne savent pas ! En revanche, elles m’apprennent une information bien utile ! Savez-vous comment l’aventure de l’élevage de Lamas a commencé pour Christelle ? Et bien figurez-vous qu’elle cherchait un animal pour aider son mari a débroussailler leur grande propriété. Au fil de ses recherches, elle découvre que le lamas est archi efficace en la matière : elle en embauche donc près d’une quinzaine ! 🙂

Sur cette vidéo, Patricia confirme

 

 

 

 

Sachez que la Ferme aux Lamas loue également des animaux pour entretenir vos jardins ! Véridique ! Allez donc voir par vous même !

Le mohair, reine de la laine

Pour sentir cette matière, sans laquelle ne tricot n’est pas, j’allais voir un second élevage d’un peu plus près. Des chèvres Angora qui vivent paisiblement dans la campagne de Lavans-Vuillafans !

Ce sont ces chèvres, qui ressemblent à des moutons à s’en méprendre!, ces chèvres donc qui donnent le mohair, une des laines les plus chères avec le cachemire. Comptez au moins 150 euros pour un pull. Fait main bien sûr ! Sinon, c’est que vous aurez loupé votre achat, si vous voyez ce que je veux dire !

Ces chèvres donc pâturent, comme les lamas, dans de belles étendues verdoyantes. Leur origine est plus su sud, en Turquie. L’Anatolie plus précisément. Et j’apprends qu’Angora, le doux nom qui leur a donné leur race, est un dérivé d’Ankara, d’où elles viennent.

Laure et Christelle sont belles soeurs et pendant que l’une se consacre plus à la traite des 300 autres chèvres laitières que la famille possèdent, l’autre, Laure donc, qui a craqué sur cette race bien spécifique il y a des années, s’occupe du cheptel de 20 bêtes. De la tonte tous les 3 mois, au nettoyage de la laine, à la sortie des animaux mais aussi au dessin et à la confection des pièces (pas seule mais elle y contribue bien largement), Laure inscrit sa patte dans l’activité familiale.

Avec elle, près de chats et non loin plus des vaches, je passe un bon moment ponctué de « maman, je peux aller jouer ? » c’est la sortie des classes et un de ses 6 enfants préfère manifestement s’entraîner au croquet qu’aller faire ses maths. Il part en courant dans la direction opposée de son chat qui, lui aussi, gambade dans cette joyeuse propriété.

Un café Tricot : quesaquo ?

Aujourd’hui, jeudi, je me rends dans LE lieu qui reste pour moi un concept vague, un terme creux : le café tricot. A Besançon, au milieu d’un supermaché et d’une boutique de prêt-à-porter se trouve La boîte à laine. Au 15 rue Xavier Marmier (je le sais, parce que c’est moi qui est rentré l’adresse dans le GPS)

Angélique a ouvert une boutique de vente de laine en 2014. Elle y entrepose avec goût et attention des milliers de pelotes de laine de qualité différentes, avec des couleurs à foison !

C’est beau. Lorsque l’on rentre, on a immédiatement envie de toucher.

Je suis surprise car je ne m’attends pas à me rendre dans une boutique, mais plutôt dans un café, dans lequel on tricoterait.

Oui je sais c’est un pas fantasmagorique mais c’est ce que mon imagination avait fabriqué. Manifestement, de toutes pièces.

Car l’activité de café tricot se situé au coeur du magasin, sur une table qui pouvait accueillir 6 personnes, 6 femmes en l’occurence, avec moi, ce jour-là.

Liliane, Maryse, Isa, Martine, Angélique et moi. Et puis Roméo ! C’est le chien de Maryse. Aussi souvent par terre que sur les genoux de madame.

En les joignant, je veux comprendre le plaisir qu’elles retirent à tricoter, ensemble, dans ce magasin. En réalité, je veux comprendre tout court pourquoi le tricot.

Toutes indiquent le plaisir qu’elles prennent à se retrouver. Le lien social se tisse en même temps que le tricot sur l’aiguille.

Elles évoquent aussi l’aspect thérapeutique du tricot. Tricoter leur permet de ne penser à rien, de se détendre, de stresser

Enfin, je fameux « faire soi-même ». L’anglicisme dirait plutôt « Do it yourself » (DIY). La satisfaction d’un objet confectionné par soi, à son goût et avec sa propre fantaisie. Les filles me disent qu’elles sont fières de pouvoir passer à la boutique pour montrer aux unes et aux autres un ouvrage terminé !

Ce qui est également important, c’est la notion de transmission ! Chacune apporte à l’autre sa technique et elles s’enrichissent mutuellement.

Prendre un moment pour soi est également apprécié de chacune. Couper du quotidien, des enfants ou petits-enfants, des conjoints. Et ainsi pouvoir parler librement. Aborder tous les sujets que l’on souhaite, sans autre tabou que l’autocensure

Et puis, évidemment, tricoter reste un bon passe-temps. Les points sont la plupart du temps accessibles et la technique permet alors de faire plusieurs activités ne même temps comme regarder la télévision en tricotant. Ou bien encore bavarder en tricotant !

Des tas de bonnes raisons qui ne me convaincront pas à m’y mettre, en tout cas ma maintenant même si certaines de mes copines en seraient ravies, mais qui les encourage TOUTES à donner du coeur à l’ouvrage, comme des milliers de tricoteurs en France qui s’y mettent à tous âges !

A tout vite pour de nouvelles aventures ! 😉