Le décret anti-immigration a alarmé le monde entier ce week-end

Le décret anti-immigration signé vendredi 27 janvier par le nouveau Président a fait réagir le pays et les citoyens du monde entier ce weekend. Visant, selon Donald J. Trump, à «maintenir les terroristes radicaux hors des Etats-Unis», la mesure interdit l’accès aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays (Yémen, Soudan, Irak, Iran, Syrie, Libye et Somalie) pendant 90 jours – à l’exception de la Syrie pour laquelle la période est indéfinie.

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Manifestants contre le décret anti-immigration de Donald Trump à Washington DC, dimanche 29 janvier. Getty.

Colère et manifestations

Dès l’application du décret vendredi soir, des voyageurs se sont retrouvés bloqués dans les aéroports américains. Sur les réseaux sociaux, les histoires de ces voyageurs pris au piège ont vite été partagées, l’opportunité pour des milliers d’internautes de s’indigner.

Dès samedi, des centaines de manifestants ont rejoint les aéroports pour faire entendre leur colère. Alors que les accusations d’inconstitutionnalité se sont rapidement multipliées, l’ACLU, l’association de défense des libertés civiles, a saisi samedi matin la juge fédérale de New York, Ann Donnelly.

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Manifestants à l'aéroport JFK de New York, samedi 28 janvier. Getty Images.  

La justice comme ultime recours

Cette dernière a jugé que les autorités n’avaient pas le droit d’expulser les individus originaires des pays en question, estimant que cela leur causerait un « tort irréparable ». Cette décision n’est cependant que temporaire – dans l’attente d’un jugement sur le fond du décret – et ne remet pas en cause le décret en lui-même. Néanmoins, elle s’applique à l’ensemble du pays et constitue une première victoire pour les opposants au décret et à la nouvelle administration.

Dans le même temps, nombreuses sont les personnalités, en particulier de la Sillicon Valley, à avoir pris position contre cette nouvelle décision du Président Trump, avec Mark Zuckerberg, président de Facebook, en tête de file. Les pressions internationales ne se sont pas fait attendre. La France a par exemple condamné la mesure et Justin Trudeau, Premier Ministre du Canada, n'a pas hésité à réagir sur Twitter samedi 28 janvier:

« À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera indépendamment de votre foi. La diversité fait notre force. »

 

Justin Trudeau twitte en réaction à la mesure prise par le Président Trump, samedi 28 janvier. Compte twitter de Justin Trudeau.

Donald Trump ne tremble pas

Des réactions massives qui n’ont pas fait peur au Président, qui ne recule pas. Donald Trump, accusé de faire le tri entre les religions en visant les musulmans – les réfugiés syriens étant interdits de territoire à l’exception des réfugiés chrétiens –, nie toute discrimination. Selon lui, il s’agit seulement de sécuriser les Etats-Unis en empêchant l’entrée de citoyens de pays considérés comme dangereux. Le nouveau Président a précisé dimanche 29 janvier que le pays, étant « une fière nation d’immigrants, (…) continuera de montrer de la compassion pour ceux qui fuient l’oppression tout en protégeant [ses] propres citoyens et [sa] frontière ».

« Peut-être que l’on doit étendre la mesure »

Le chef de cabinet de la Maison Blanche, Reince Priebus, interviewé le même jour sur CBS, a lui aussi défendu la mesure, en répondant à ceux qui critiquent un choix de pays surprenant.

« Ce n’est pas une interdiction visant les musulmans. Il s’agit seulement d’identifier les sept pays ayant été jugés par le Congrès et l’Administration Obama comme étant ceux dans lesquels le terrorisme dangereux sévit le plus. D’autres pays ont des problèmes similaires, peut-être que l’on doit étendre la mesure. Mais pour l’instant nous nous concentrons sur ces sept pays. »

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Reince Priebus, chef de cabinet de la Maison Blanche, lors de la Conference CPAC, 2014. Gage Skidmore. 

Priebus a cependant ajouté une précision majeure au texte. « Si vous êtes détenteurs d’une carte verte et que vous faites des allers-retours au Yémen, il est normal que l’on vous interroge d’avantage », a-t-il clarifié, sans parler d’expulsion. En d’autres mots, les détenteurs d’une carte verte originaires des pays en question pourraient tout de même entrer aux Etats-Unis.

 

Victoria David