Pour le Caucus, des touristes d'un nouveau genre ont envahi l'Iowa

A Des Moines, les journalistes sont partout, y compris les cafés, pour couvrier le Caucus du 1er février.

Tous les quatre ans, ils envahissent les rues, les restaurants, les hôtels, les bars, les gymnases et les lycées où se tiennent les meetings politiques. On les reconnaît à leurs ordinateurs sous le bras, leurs téléphones qui sonnent tout le temps et leur air perpétuellement pressé.

Avant chaque élection présidentielle, l'armée des journalistes prend possession de Des Moines, la capitale de l'Iowa. Ce petit état du Midwest est au centre de l'attention médiatique car il est le premier état à organiser un Caucus - des réunions au cours desquelles démocrates et républicains désignent leur candidat à l'élection présidentielle. Cette année, il avait lieu le lundi 1er février.

Difficile de rater les énormes camions des chaîne de télévision américaines

Difficile de rater les énormes camions des chaîne de télévision américaines

A quelques mètres du bâtiment dédié aux médias, le café Java Joe's est l'un des centres névralgiques du Caucus. Toujours bondé, il accueillait l'équipe de Morning Joe, émission d'information matinale de MSNBC, lundi matin, quelques heures avant le Caucus :

Le café Java Joe's est le QG de la chaîne MSNBC

Le café Java Joe's est le QG de la chaîne MSNBC

20160131_145447 (1)

Les habitants ont pris l'habitude de cette folie médiatique. Joe, croisés dans le centre-ville de Des Moines ce lundi, est venu d'une proche banlieue pour savourer l'effervescence du Caucus aux premières loges. "J'ai l'habitude d'être interrogé par des journalistes", affirme-t-il en sortant de son camion, "j'adore ça ! On a une chance incroyable."

Joe est venu de la banlieue de Des Moines dans l'Iowa pour savourer le Caucus dans la capitale. Dimanche, il a décidé qu'il voterait Trump.

Joe est venu de la banlieue de Des Moines dans l'Iowa pour savourer le Caucus dans la capitale. Dimanche, il a décidé qu'il voterait Trump.

Même son de cloche du côté des gérants d'hôtels et de cafés auxquels que nous avons rencontrés, qui affichent complet pendant la période du Caucus. "On voit plus de journalistes, plus de nationalités, et on a la chance de rencontrer des hommes politiques", affirme Jeff, gérant d'un hôtel Marriott à Des Moines. "Cette année, nous avons même Mike Huckabee parmi nos clients ! C'est l'occasion de lui parler, d'apprendre à le connaître un peu mieux sur le plan personnel. On s'amuse beaucoup."

Tourisme politique, étudiants en sciences po et vendeurs de kippahs

Résultat : les touristes viennent à Des Moines pour rencontrer leurs journalistes et leurs hommes politiques préférés. "Le centre-ville est tout petit, les cafés et les restaurants sont donc tous remplis de journalistes célèbres. Cela attire les touristes", affirme David Swenson, professeur d'économie à l'Iowa State University. Parmi eux, Jack et Jessica sont venus de Charlotte spécialement pour l'occasion, accompagnés de leurs enfants de 8 et 7 ans. Dimanche, ils visitaient bâtiment dédié aux journalistes - ou en tout cas, les zones ouvertes au public. "On veut leur montrer comment ça fonctionne", affirme Jessica, avant de demander à l'hôtesse d'accueil "d'expliquer aux enfants ce qu'est un Caucus". La petite famille a prévu d'assister à des meetings d'Hillary Clinton et de Bernie Sanders.

Les étudiants ont également investi l'Iowa. Lundi matin, deux groupes d'étudiants en communication et en sciences politiques sont arrivés du Missouri et du Massachusetts pour observer le Caucus de près. "C'est très intéressant pour eux, pour voir comment le processus politique fonctionne, de près", affirme l'un des professeurs qui les a accueillis, David Swenson.

D'autres sont venus pour les affaires... ou le militantisme. Marc Daniels est venu de l'Illinois pour vendre des kippahs aux couleurs des candidats à Des Moines. Il ajoute qu'il prône ainsi la tolérance religieuse.

Marc est installé à Springfield. Il est venu vendre ses kippahs aux couleurs des candidats dans l'Iowa.

Marc est installé à Springfield. Il est venu vendre ses kippahs aux couleurs des candidats dans l'Iowa.

Un impact modéré sur l'économie locale

David Swenson a réalisé une étude sur l'impact économique de ceux qu'il appelle les "touristes du Caucus" (journalistes, hommes politiques et leur personnel, étudiants, touristes passionnés par la politique) pour l'état de l'Iowa. Il estime qu'au cours des 6 derniers mois, ces derniers ont accumulé 10 000 journées de séjour sur place, soit l'équivalent de 45 emplois annuels.

C'est peu, comparé aux sommes astronomiques dépensées par les candidats pour leurs campagnes. "Le Caucus n'a pas un impact important pour l'Iowa, car les candidats ne dépensent pas leur argent directement dans l'état, mais dans des services qui ne sont pas localisés dans l'état lui même, par exemple les agences publicitaires qui ne sont pas forcément installées sur place", estime David Swenson. "Les retombées économiques ne concernent que Des Moines", ajoute-t-il, "regardez la soirée du Caucus : qui n'est pas à Des Moines ?".