Comme neige au soleil, le tragique destin du Calderone

Niché dans les Apennins, dans la région des Abruzzes, au cœur du massif du Gran Sasso à quelques 2800 mètres d’altitude, le glacier du Calderone règne depuis plus de 2 millions d’années. Tel un vieux monarque du haut de son trône, il surplombe la mer Adriatique, entouré de ses deux fidèles sentinelles, le Corno Grande et le Corno Piccolo, et d’une armée de crêtes, vouées à le protéger des rayons du soleil.

Le glacier fait la fierté de la région et de ses habitants qui en guettent les moindres mouvements. Entre 1550 et 1850, il atteint une superficie maximale historique. « Jusqu’au début du XXème siècle, il recouvrait une bonne partie du cirque », nous explique avec nostalgie le spécialiste Massimo Pecci. En effet, ces heures de gloire semblent révolues : encore équivalent à un peu plus de 6 hectares en 1994, il ne représente maintenant qu’une surface de 2 hectares, tâches éparses de neige grisâtre et parfois ruisselante.

Un glacier iconique… mais pour combien de temps ?

En 1913, le Calderone devient le glacier le plus méridional d’Europe après la disparition de son concurrent espagnol, le Corral del Veleta dans la Sierra Nevada andalouse. Mais les jours du roi des Abruzzes sont bel et bien comptés. Les experts estiment qu’il aura disparu d’ici 10 à 20 ans. Depuis les années 2000, le Calderone souffre de la hausse des températures due au réchauffement climatique. Il a déjà diminué de moitié en 20 ans et sa fonte ne cesse d’augmenter.

En ce mardi de septembre, son ascension a des airs de veillée funèbre : une procession de géologues, d’universitaires, d’étudiants et de militants se sont retrouvé sous la bannière « Climbing for Climate » pour visiter notre roi agonisant. Heureusement, le temps au beau fixe et les paysages spectaculaires apaisent les esprits inquiets. Car, selon tout un chacun, il s’agit de rester lucides et d’agir : la fonte du glacier doit éveiller les consciences et susciter des réactions concrètes. Le Calderone n’a pas encore dit son dernier mot. Reportage d’Alban Mikoczy, Manuel Chiarello, Camille Jayr et Florence Crimon

Camille Jayr