Le ciel vu du Val d'Aoste

Dans le vallon de Saint-Barthélémy, les habitants ont un peu l'impression d'être né sous une bonne étoile. Il a fallu attendre 2019, quand est tombé le prix Starlight, reconnu par l'Unesco, pour confirmer ce que certains astrophiles contemplaient déjà depuis tant d'années : de ce hameau du Val d'Aoste, près de Nus, niché à la lisière des Alpes, on peut admirer l'un des plus beaux ciels étoilés du monde. "Bien sûr, on le voit aussi depuis des endroits inhabités comme le désert du Chili ou l'Antarctique, complète l'astronome Andrea Bernagozzi. Mais ici, nous sommes déjà en ville et c'est une chance !". Pour lui et ses collègues, le lieu est rêvé pour chercher des astéroïdes, des exo-planètes et d'autres corps célestes - une mission qu'ils endossent en collaboration avec leurs voisins français de Saint-Michel l'Observatoire, par-delà les Alpes.

Des trésors à l'oeil nu

Pour peu que la météo soit de la partie, l'Observatoire de Saint-Barthélémy offre une clarté et une qualité telles que l'on peut observer la Voie lactée à l'œil nu, près de 250 jours par an. Toute l'année, des curieux du monde entier, amateurs ou professionnels, n'hésitent pas à embarquer leur précieux matériel - de 2000 euros pour un télescope de qualité à des dizaines de milliers d'euros - pour trouver là leur septième ciel.

Le plus grand rendez-vous se trouve chaque année début septembre. "Ce soir, c'est dingue comme on peut observer Saturne et Jupiter ! Moi j'y trouve un sentiment de paix, sourit Stefano Curri, l'un de ces astrophiles conquis qui foulent les montagnes de la Vallée d'Aoste depuis plus de 20 ans. Une fois minuit passé, c'est l'assurance de voir les constellations d'automne comme celle du Sagittaire ou du Scorpion, ou bien la Galaxie d'Andromède, sûrement la plus connue". Plus loin, d'autres amoureux des étoiles s'agacent de la lumière et des caméras, ennemis naturels de leurs courts instants T pour prendre des photos spectaculaires.

La pollution lumineuse, ennemie du ciel

Le secret d'un ciel si aéré ? Beaucoup de montagnes, peu d'habitants et donc peu de pollution lumineuse. "Tout, ou presque, se joue dans l'éclairage public, explique Andrea Bernagozzi. Nos lampadaires aveuglants éclairent inutilement à 360 degrés, donc non seulement vers le bas, mais aussi vers le ciel ! Avec notre argent, en grande partie gaspillé. Si l'on changeait ces lampadaires pour qu'ils n'éclairent que vers le bas, on verrait mieux où l'on marche et on verrait mieux les étoiles !".

Même si la menace est aussi ailleurs : "On ne voit déjà plus le ciel comme le voyaient nos ancêtres. Je redoute ces projets de lancement de centaines de milliers de satellites artificiels en orbite autour de la Terre, censés améliorer notre connexion internet, notamment pour le trading et le gaming, qui transformeront notreTerre en véritable toile d’araignée !" Mais pour l'instant, la partie n'est pas jouée et dans la vallée Valdôtaine, enfants et grands-parents continuer de jouer des coudes derrière leurs télescopes, des étoiles dans les yeux. Reportage d'Alban Mikoczy, Gianclaudio Calderara, Anne Donadini et Valérie Parent.

Le site de l'Observatoire Astronomique de Saint Barthélémy !

Anne Donadini