Comment un dessin à peine plus grand qu’une feuille A4, réalisé à la plume et à l’encre, et dans un état de fragilité certain a-t-il pu générer une telle crise diplomatique ? « L’Homme de Vitruve », pièce-maîtresse de Léonard de Vinci, a fait ressurgir une querelle qui oppose Rome à Paris depuis plus d’un an. La question n’a toujours pas changé : à l’occasion des 500 ans de la mort du peintre florentin, quel pays doit exposer ses œuvres ?
« L’Homme de Vitruve » doit arriver au Louvre le 24 octobre. Un tribunal italien a failli empêcher ce transfert de Venise, où l'oeuvre réside depuis 1822, à Paris. L’association Italia Nostra est vernie ; c’est elle qui est à l’origine de cette réclamation. Régulièrement, elle défend « l’italianité » des œuvres transalpines ou leur état de conservation, afin qu’elles ne sortent pas du territoire.
En toile de fond est apparu un espoir : ce mercredi 16 octobre, en attendant de juger l'état de fragilité de l'oeuvre, la justice italienne a fini par accepter son prêt au Louvre. Ceux qui ont réservé pour l'exposition française savent enfin qu’ils pourront l'admirer. Reportage d’Anne Donadini et Manuel Chiarello, chronique d’Alban Mikoczy.
L'info en + : Tracé en 1490 d’après le traité de l’architecte italien Vitruve, le dessin de Léonard de Vinci pourrait bien être fortement inspiré de celui d'un de ses contemporains : l'ingénieur Mariano Taccola. Ce dernier fut le professeur... du professeur de De Vinci ! Mariano Taccola fut lui-même l'auteur d'un "Homme de Vitruve", très similaire (bien qu'un peu plus grossier) à celui du peintre florentin mais dessiné plus de 50 ans auparavant : la preuve en image...
Anne Donadini