VIDEO. "Tous les Roms doivent être recensés" : Matteo Salvini enclenche une nouvelle polémique

Alors que l'épisode des migrants sur l'Aquarius vient tout juste de s'achever à Valence, c'est au tour des Roms d'être dans le viseur du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini. Une sortie médiatique critiquée mais dont l'objet n'est pas à son premier coup d'essai en Italie.

Dans une interview donnée à la télévision régionale Lombarde lundi 18 juin au matin, le nouveau ministre de l'Intérieur a tenu des propos choquants à l'égard de la communauté des Roms : "On doit faire un recensement des Roms en Italie, pour savoir combien ils sont et qui ils sont." Il a ajouté que les Roms étrangers irréguliers seront "expulsés" via des accords avec les Etats concernés mais que "les Roms italiens devront malheureusement rester".

Si cette déclaration choc ne reflète pas, pour l'instant, une position officielle du gouvernement italien, les réactions n'ont pas manqué, à commencer par son "allié" du gouvernement Luigi Di Maio (M5S), et également vice-premier ministre : "faire un recensement est inconstitutionnel". Giuseppe Conte, le premier ministre, a tenté de recadrer son ministre de l'intérieur, preuve d'une première fracture au sein du nouveau gouvernement.

L'opposition a également violemment réagi. "Hier les réfugiés, aujourd'hui les Roms, et demain les armes pour tous", a tweeté l'ex premier ministre Paolo Gentiloni. Le premier secrétaire du Partito Democratico (PD) dénonce "l'escalade dangereuse et inacceptable" qu'opère le leader de la Ligue depuis sa prise de fonction au Viminale.

Matteo Salvini a donc dû préciser son propos en fin d'après-midi : "Nous n'avons pas l'intention de ficher ou de prendre les empreintes digitales à qui que ce soit. Notre objectif est de faire un état des lieux de la situation des Roms en Italie".

Entre 120.000 et 180.000 Roms en Italie

L'idée suggérée par Matteo Salvini n'est pas totalement nouvelle. En mai 2008, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Roberto Maroni, évoquait la mise en place d'une identification et d'un prélèvement des empreintes digitales. Le Parlement européen avait alors engagé un bras de fer avec le gouvernement italien : il avait voté une résolution en juillet 2008 pour l'empêcher de prendre de telles mesures qualifiées "d'actes discriminatoires directs".

Alors que les différents tribunaux italiens ont successivement censuré le décret voulu par Roberto Maroni, ce dernier a fait évoluer son discours en parlant de "reconnaissance des Roms". Un peu à l'image de la rectification opérée hier par Matteo Salvini.

Selon le rapport de 2017 de l'association 21 Juillet, il y aurait entre 120.000 et 180.000 citoyens Roms en Italie, dont 26.000 qui vivent dans une situation d'habitation d'urgence. Selon eux, effectuer un recensement serait contraire à l'article 3 de la constitution italienne, qui dispose qu'il ne peut y avoir aucune discrimination effectuée selon son ethnie.

En tout cas, les prises de position anti-migrants et anti-Roms de Matteo Salvini plaisent aux Italiens puisque, pour le première fois, un sondage place la Ligue devant le Mouvement 5 Etoiles avec 29.3% des intentions de vote. Soit 10% de plus que son score aux élections législatives du 4 mars dernier.