Mouvement 5 étoiles (M5S) et Ligue : les populistes italiens sont-ils solubles dans un gouvernement ?

Luigi Di Maio (M5S) et Matteo Salvini (Ligue)

Des discussions ont eu lieu cet après-midi entre experts des deux formations politiques, avant l’annonce - sauf coup de théâtre - d’un gouvernement de coalition. Voici les points communs et les divergences qui unissent et séparent les deux partis et leurs leaders, Luigi di Maio (M5S) et Matteo Salvini (la Ligue).

Leurs points communs

Ils vont devoir cohabiter pour diriger le pays. Luigi Di Maio et Matteo Salvini ont réussi leur pari : faire émerger de nouveaux visages sur le devant de la scène politique italienne. Les deux leaders (31 ans pour Luigi Di Maio et 45 ans pour Matteo Salvini), sont arrivés récemment en politique. Ils surfent sur une tendance amorcée par Matteo Renzi : celle de changer la génération politique. Ils représentent une nouveauté pour les électeurs, habitués aux mêmes têtes depuis des décennies. Luigi Di Maio et Matteo Salvini rejettent les partis traditionnels. Le Mouvement 5 étoiles (M5S) revendique volontiers son étiquette "anti-système", contrairement à la Ligue.

Tous deux ont fait évoluer leur formation politique : Matteo Salvini a changé le nom de son parti : la "Ligue du Nord" est devenu la "Ligue". L'objectif est clair : tenter de séduire les électeurs du sud, en passant d'une stratégie régionaliste à une logique nationaliste. Luigi Di Maio s'est attelé à façonner le Mouvement 5 étoiles à son image. Le but pour lui étant de prouver aux électeurs qu'il peut gouverner. Pour cela, il s'est détaché des mises en scènes et du franc-parler du tonitruant Beppe Grillo, fondateur du M5S.

Autre point commun entre les deux hommes : une ambition sans limite. Après avoir pris la tête de leurs formations politiques, Luigi Di Maio et Matteo Salvini visent chacun le poste de premier ministre. Cependant, avec cet accord, il leur faudra choisir. Dans ce cas, il est probable qu'ils nomment une tierce personne.

Leurs divergences

Leur électorat diffère profondément. A l'issue du scrutin du 4 mars dernier, la coalition de la droite et de l'extrême droite était plébiscitée au Nord de la péninsule, le M5S au Sud. La Ligue se positionne clairement à l'extrême droite sur l'échiquier politique. Elle a fondé son succès sur la haine des migrants, avec un discours souverainiste qui s'est résumé par un slogan : "Les Italiens d'abord ! ".

Contrairement aux idées reçues, le M5S n'est pas un parti d'extrême gauche. Il se veut plus pragmatique sur chaque thématique et il est inclassable dans le paysage politique traditionnel. Le M5S s’est fait connaître avec les « Vafanculo days » (les jours du « va te faire f****e ») pour chasser la classe politique en place. Un forme de "dégagisme à l'Italienne".

Autre différence notable qui oppose les deux camps : le programme politique. Luigi Di Maio se montre inflexible sur 3 points : il veut une série de lois anti-corruption, il refuse que l'âge de la retraite passe à 67 ans, il propose enfin un revenu  minimum de citoyenneté (qui coûterait plus de 15 milliards d'euros selon l'INSEE italien). Les cinq étoiles signifient : l'eau publique, les transports « durables », le développement, la connectivité et l'environnement. L’écologie et la démocratie participative ont une place centrale dans le programme du M5S. La Ligue veut une baisse massive des impôts, une plus grande autonomie des régions et l'adoption d'un impôt à taux unique pour les sociétés.

Leurs visions de l’Europe

Les deux partis peuvent être considérés comme eurosceptiques, même s'ils ne sont pas exactement sur la même ligne . La Ligue veut renégocier les traités et sortir de l’Euro de manière « ordonnée ». Au Parlement européen, elle peut compter sur le soutien de Marine Le Pen (Front National) , Geert Wilders (chef politique du Parti pour la liberté néerlandais) et de Harald Vilimsky (membre du parti eurosceptique autrichien FPÖ).

Le M5S, s'il n'est pas profondément anti-européen, demeure plus ambigu : Beppe Grillo veut un référendum sur l’Euro. Son successeur s'est éloigné de cette idée. Luigi Di Maio, pour séduire les électeurs, martèle depuis janvier qu’une sortie de la zone euro n'est plus au programme de son parti.