L’édition 2018 du Festival de Cannes est marquée par le retour du cinéma italien sur la croisette. Deux films en compétitions officielles, l’anniversaire d’un film mythique ou une critique sous le charme, l’Italie retrouve la lumière des projeteurs
Le générique apparaît sur l’écran. La séance du film italien Lazzaro Felice vient de se terminer dans la salle principale du Festival de Cannes. Standing ovation du public. Dix minutes d’applaudissements nourris, un sort réservé à peu de films sur la croisette. Alice Rohrwacher, la réalisatrice transalpine, est aux anges.
Pour sa première projection publique, le long-métrage a séduit la presse et les personnalités du cinéma. À commencer par l’acteur Benicio Del Toro et la réalisatrice Agnès Varda. Alice Rohrwacher n’en revient pas, elle qui confie volontiers qu’elle a terminé le film « il y a quelques jours seulement ». Lazzaro Felice raconte l’histoire d’un jeune paysan italien dans une société féodale, qui se lie d’amitié avec un jeune homme lui faisant découvrir le monde moderne. Une fable sociale et engagée, d’après les critiques, en lice pour remporter le plus prestigieux prix du cinéma, la Palme d’or.
L’une des seules réalisatrices en compétition
Car le film d’Alice Rohrwacher est en sélection officielle. L’Italienne est l’une des trois femmes à présenter un film en compétition. Sur 21 long-métrages, l’équilibre paritaire homme-femme semble encore loin. Quelques mois après l’affaire Weinstein, les spécialistes s’attendaient à plus de réalisatrices sélectionnées. Mais les organisateurs du 71e Festival de Cannes ont tout de même nommé l’actrice américaine Cate Blanchett présidente du jury.
Lazzaro felice est seulement le troisième long-métrage d’Alice Rohrwacher, mais en 2014, le monde découvrait son univers, avec son film Les merveilles, récompensé du Grand Prix à Cannes. Âgée de 36 ans, l’Italienne est l’une des cadettes des réalisateurs en compétition, dont la moyenne d’âge est de 51 ans, avec, comme aîné mythique, Jean-Luc Godard et ses 87 printemps.
Le retour de Matteo Garrone
Sans aucun doute, l’édition 2018 remet sur le devant de la scène la nouvelle génération du cinéma italien. Car Alice Rohrwacher n’est pas la seule représentante de son pays. Matteo Garrone, connu pour son film Gomorra, revient en compétition officielle, trois ans après son conte Tale of Tales. Le cinéaste romain a déjà remporté deux Grand Prix au Festival de Cannes, synonyme de seconde place derrière la Palme d’Or, notamment avec Reality, en 2012.
Cette fois-ci, c’est avec un thriller, Dogman, que le réalisateur fait son retour. Matteo Garrone montera les marches, cet après-midi, avant une première projection. Dogman sortira demain dans les salles italiennes. Les Français devront eux attendre le 11 juillet pour découvrir le film.
Une nouvelle génération
L’Italie ne comptait aucun représentant en sélection officielle ces deux dernières années. Le temps où Antonioni, Visconti ou plus récemment Nanni Moretti, dernier vainqueur transalpin de la Palme d’Or en 2001 pour La chambre du fils, régnaient sur la croisette semblait loin. Mais la nouvelle génération arrive, guidée par des indémodables, comme Paolo Sorrentino.
Cette année, le Festival de Cannes a décidé de fêter les 70 ans du Voleur de bicyclette, chef d’œuvre du néo-réalisme de Vittorio De Sica, lors d’une projection spéciale. Une manière aussi de se remémorer l’âge d’or du cinéma italien, lorsque Sophie Lauren ou Marcello Mastroianni éclaboussaient de leur classe le tapis rouge. Les temps ont changé, mais le talent se renouvelle. Reste une Palme d’Or à conquérir.