Le courage d'une handicapée face à la mafia secoue la ville éternelle

La vidéo tourne en boucle depuis 24 heures sur internet. Les caméras de surveillance d'un bar au sud-est de Rome ont montré la violence du clan mafieux des Casamonica.

Deux hommes, Antonio Casamonica et son cousin Alfredo Di Silvio, n'attendent pas leur tour au comptoir. Ils passent devant une handicapée de 42 ans qui ne se prive de leur faire remarquer leur manque de civisme. En réponse, ils la frappent à l'aide d'une ceinture sous le regard d'une dizaine de clients impassibles. Un passage à tabac qui aurait pu tourner au drame.

"Les ambulanciers m'ont dit que si j'avais été frappé au niveau du foie, je ne serais plus de ce monde", raconte-t-elle dans une interview à la presse italienne.

Puis c'est au tour du propriétaire d'être pris à parti, le seul à avoir tenté de secourir la cliente. 30 minutes après l'incident, deux autres hommes, Vincenzo et Enrico Di Silvio, reviennent dans le bar. Ils saccagent l'établissement et le frappent à plusieurs reprises à l'aide d'une bouteille en verre.

Quatre arrestations pour menaces, dégradations et associations de malfaiteurs

"On peut laisser la porte de notre maison ouverte la nuit dans le quartier de la Romanina et l'on ne sera pas cambriolé. Sauf s'il y a les Casamonica." Le témoignage d'un habitant du quartier illustre la puissance de ce clan criminel dans les environs de Rome.

Il s'agit de l'une des organisations mafieuses les plus connues de la région avec un patrimoine estimé à plus de 90 millions d'euros, placé dans des comptes bancaires à Monaco. Ils sont spécialisés dans le trafics de stupéfiants, les extorsions et les trafics d'automobiles entre l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Espagne.

Malgré l'omerta qui règne, les deux victimes ont décidé d'agir. Ils ont porté plainte malgré la peur. A peine l'ont-ils su, certains hommes du clan sont revenus dans le bar du propriétaire pour lui demander de retirer la plainte, sous peine de le tuer. Hasard du destin, Alfredo Di Silvio, l'un des aggresseurs, habite dans la même rue que le bar en question.

"Maintenant, j'ai peur qu'ils puissent se venger. J'ai 42 ans et je n'avais jamais vu une telle violence dans ma vie", concède la victime. Mais elle est déterminée à vouloir rompre avec l'impunité qui règne dans ce quartier de Rome. "À ceux qui ne m'ont pas secourus, je leur ai dit de ne pas se laisser faire de la sorte !"

L'affaire a pris une telle ampleur que la sphère politique a été obligée de réagir. La maire de Rome, Virginia Raggi, a contacté les propriétaires du bar et souhaite que "justice soit faite". De son côté, le ministre de l'intérieur, Marco Minniti, attend "une réponse ferme et rapide de la part de la justice".

Dans la nuit de lundi à mardi, deux hommes ont été arrêtés par la police tandis que les deux autres se sont rendus eux-même à la police. Ils sont accusés de coups et blessures volontaires, menaces, destruction et d'association de malfaiteurs.