Le football italien gangrené par le racisme et l’antisémitisme

Encore condamné pour les dérives antisémites de ses supporters, le club italien de la Lazio Rome a été condamné à une amende. L’occasion donc de parler du racisme, particulièrement présent dans le championnat italien.

L’antisémitisme, un fléau historique

Depuis des décennies, la planète football n’a de cesse de critiquer le « calcio » pour ses dérapages antisémites. Les ultras de la Lazio de Rome sont le fer de lance de cette mouvance d’extrême-droite dans la péninsule. Historiquement, le club est assimilé au fascisme italien et beaucoup de ses tifosi se revendiquent de Mussolini. Il n’est, en effet, pas rare de voir les supporters laziali faire le salut fasciste quand ce ne sont pas les joueurs qui se rendent coupables de gestes punissables. C’est par exemple le cas de Paolo Di Canio, figure historique du club, qui s’est distingué en 2005 en faisant un salut fasciste pour fêter son but dans le derby de la capitale.

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Et les supporters biancocelesti n’hésitent pas à revendiquer leurs opinions politiques très régulièrement. Dernier incident en date, en octobre dernier. Privés de leur tribune habituelle aux Stadio Olimpico, les ultras laziali se sont retrouvés dans la Curva Nord, tribune des fans du club rival de l’AS Rome. Pour marquer le coup, les ultras fascistes ont détourné une photo d’Anne Frank, la représentant avec un maillot de la Roma. Un acte révoltant pour le monde du football qui n’a pas tardé à réagir. En effet, à travers l’Europe, des supporters ont imprimé des photos d’Anne Frank avec le maillot de leurs équipes respectives et en légende « Nous sommes tous Anne Frank. » Même son de cloche pour la Lazio puisque, pour le match suivant cette polémique, les joueurs arboraient des t-shirts représentant Anne Frank à leur échauffement.
Pour cette nouvelle provocation de ses fans, le club romain a écopé d’une amende de 50 000 euros mais, nul doute que cela suffise à calmer les tribunes biancazzuri.

Le racisme, une constante nationale

Outre les attaques antisémites, le football italien est également gangréné par le racisme. La dernière victime en date n’est autre que l’international français Blaise Matuidi. Malheureusement, il est loin d’être le seul à pouvoir dénoncer ces comportements d‘un autre temps. Depuis des décennies, de nombreux joueurs africains ou d’origine africaine ont entendu des cris de singe, des sifflets ou reçu des bananes lorsqu’ils étaient sur les terrains. A Milan, à Udine, à Sassuolo, dans la plupart des stades de la péninsule, des dérives racistes ont été révélées.

Et les internationaux italiens ne sont pas épargnés par ces comportements. Mario Balotelli, premier joueur noir sélectionné en équipe nationale a été victime de nombreuses attaques racistes en Série A, notamment à Turin où les tifosi de la Juventus ont chanté « Il n’y a pas d’italiens noirs » durant tout un match. Contre l’AS Rome, il avait subi des chants similaires à tel point que l’arbitre avait interrompu le match, appliquant les consignes mise en place par la fédération italienne.

Des mesures inefficaces

Face à la récidive de comportements répréhensibles, la ligue de football italienne a décidé de sévir. Ces dernières années, les sanctions contre les responsables ont été durcies. Désormais, un joueur reconnu coupable d’avoir proféré des propos racistes est automatiquement suspendu pour dix rencontres. Même chose du côté des tribunes, les supporters sont sanctionnés par des matchs à huis clos et les clubs concernés écopent d’amendes de plusieurs milliers voire de dizaines de milliers d’euros. Insuffisant cependant pour stopper ce mal puisque les insultes continuent de pleuvoir sur certains joueurs dans les stades de la péninsule. La Lazio est le meilleur exemple de l’insuffisance des mesures prises. Le club a dû payer de nombreuses amendes et ses tribunes ont été fermées plusieurs fois mais cela n’empêche en aucun cas ses ultras de récidiver lorsqu’ils en ont l’occasion.
Alors que l’Angleterre, l’Allemagne ou encore la France ont épuré leurs stades des hooligans et autres individus au comportement inadéquat l’Italie, elle, ne semble pas prendre les dispositions nécessaires pour mettre fin à ce phénomène grave qui a conduit de nombreux joueurs à s’exiler, ne voulant plus subir d’injures raciales.