Chômage : "Bienvenue à Reggio de Calabre, capitale du découragement"

La crise économique et de l'emploi a particulièrement touché le Sud de l'Italie. Alors que les partis politiques peinent à se mettre d'accord pour former un gouvernement, La Stampa s'est rendue en Calabre et dresse un portait alarmant de sa capitale. 

Au centre pour l’emploi de la périphérie Sud de Reggio de Calabre, chef-lieu de la province de Calabre, une queue interminable se forme tous les matins. Tensions, insultes, et coups de colère y sont fréquents. Des dizaines et dizaines de demandeurs d'emplois sont répartis en trois listes : les chômeurs classiques, ceux souffrant de handicap, et celle des jeunes. Après quelques heures, un fonctionnaire vient généralement annoncer que la plupart des demandeurs d’emploi ne pourront pas être reçus. L’unique file dans laquelle on trouve un peu d’espoir, c’est celle des jeunes : mais le catalogue des formations disponibles n’est pas encore prêt. Au moins un tiers des jeunes qui s’y présentent n’ont jamais eu d’emploi, ou ont probablement dû se contenter de travail au noir. Les plus désespérés sont les cinquantenaires, exclus du marché du travail par l’une des mille faillites d’une entreprise de la région.

Temps plein, 300 euros par mois

La Calabre est la région d’Italie avec le plus faible taux d’emploi, 37,5%, et la ville de Reggio atteint un taux de chômage de 22,2%. Entre les 37% de travailleurs et les 22% de chômeurs, des milliers de calabrais ont tout simplement disparus des radars du marché du travail. Ils n’ont plus d’espoir, n’ont même pas de fichier au centre pour l’emploi, n’entrent plus dans les statistiques. Le travail au noir y est en revanche fréquent : dans le centre-ville travaillent au moins 200 employés non déclarés. A temps plein, 6 jours par semaine dans les centres commerciaux, ils touchent 300 ou 400 euros par mois. Les entreprises de la région font régulièrement faillite, le port est à l’agonie, et ici la mafia ne tue plus depuis des années, trop occupée à la gestion du pouvoir et des travaux publics. Les jeunes calabrais diplômés partent tous dans le Nord ou à l’étranger, seul moyen pour eux de trouver un emploi.

Publié par Alban Mikoczy / Catégories : Economie