Luigi di Maio, plus jeune Président de la Chambre des Députés de l'Histoire italienne est un des grands noms des élections à venir. Portrait de l'utopiste rasé de près qui séduit les Italiens.
Son histoire politique a tout d’un conte de fées. Luigi di Maio, 32 ans, Président du 3e parti politique d’Italie et Vice-Président de la Chambre des députés se décrit comme un passionné de la politique. Cette passion serait née quand, lycéen, il aurait plaidé pour que son établissement soit adapté aux normes antisismiques.
Après quelques années à l’Université pour étudier l’Ingénierie puis le Droit, il abandonne ses études et travaille en tant que webmaster et journaliste avant de se lancer en politique. Il a rencontré l’ancien Président du Mouvement 5 Etoiles, Beppe Grillo, lors d’une de ses visites dans son village de campagne, Pomigliano d’Arco, et sa carrière a décollé. De 59 voix à sa première candidature, il est élu 5 ans plus tard député du Mouvement. A la mort de Gianroberto Casaleggio, cofondateur du Mouvement 5 Etoiles, et le retrait de Beppe Grillo, Luigi di Maio leur succède naturellement à la tête du mouvement le 21 mars 2013. Aujourd’hui en lice pour les élections générales, la majorité des italiens le verrait comme le plus compétent pour gouverner, après Silvio Berlusconi.
Un programme "pour l'Italie, écrit par les Italiens"
A la base même de la création du parti, on trouve une sévère dénonciation de l'esprit de caste de la politique, caste qui ne ferait que se servir elle-même. Le Mouvement 5 Etoiles a vocation à servir directement les citoyens. Une des caractéristiques principales du parti est d'ailleurs la démocratie directe qui la régit. En effet, les militants sont appelés à choisir leurs candidats et leurs orientations politiques par le biais de sondages sur internet. Ils n'appellent pas leurs représentants "députés" mais "citoyens à la Chambre", ils n'ont ni Siège ni de structure physique. Luigi di Maio décrit, dans une interview au Monde, son mouvement comme le "EasyJet de la Politique".
Populiste ?
Luigi di Maio n'aime pas le terme populiste. "Nous ne sommes pas populistes, nous avons un programme clair et la volonté d'arriver au gouvernement pour changer l'Italie." déclare-t-il à Londres fin-janvier 2018. Pourtant c'est bien un discours basé sur la critique du système actuel et adressé aux classes populaires que tient le Ragazzino (jeune garçon), Luigi di Maio. Intrinsèquement eurosceptique pour se consacrer au peuple italien, le Mouvement 5 Etoiles adoucit ses prises de position et abandonne progressivement l'idée de la sortie de l'Union européenne. En guise de compromis, il explique la nécessité de changer les traités de l'Union car "l'Italie n'est pas le camp de réfugiés de l'Union européenne".
Un programme économique utopiste
Derrière son sourire rassurant, Luigi di Maio cache un programme économique que beaucoup jugent utopiste. Côté fiscal, il déclare vouloir imiter Donald Trump. Il propose "une manœuvre choc pour baisser les impôts sur les entreprises, en s'appuyant même sur des ressources en déficit". En faisant gonfler ainsi la dette publique déjà existante, les intérêts à payer risqueraient d'être ingérables pour l'Italie. En outre, la crédibilité du pays sur les marchés financiers en serait considérablement amenuisée. Beaucoup s'accordent sur le fait que les inégalités soient très fortes en Italie mais la proposition de Luigi di Maio de garantir à chacun une allocation mensuelle de 780€ est encore loin de faire l'unanimité. Une telle mesure coûterait entre 15 et 20 milliards d'euros à l'Etat italien chaque année.