Les "petits candidats" seront les vedettes des débats de la primaire de la droite

Nathalie Kosciusko Morizet, Jean-Frédéric Poisson, Jean-François Copé, François Fillon, et Bruno Le Maire © archives AFP

Juppé ou Sarkozy ? Sarkozy ou Juppé ? A un peu plus d'un mois du premier tour de la primaire de la droite, le 20 novembre, les jeux sont-ils déjà faits ? L'ancien chef du gouvernement de Jacques Chirac (1995-1997) va-t-il supplanter l'ancien président de la République (2007-2012), comme tous les sondages l'annoncent ?

Et les autres, alors ! Le premier débat télévisé opposant la candidate et ses six homologues masculins de la primaire de droite, le 13 octobre, polarise l'attention sur les deux favoris de la joute, en laissant de côté tous les autres. Mais Fillon et Le Maire sont-ils irrésistiblement voués à se disputer la troisième place ? Et les autres à rester dans les profondeurs du classement ?

Et si tout le monde se trompait ! En fait, c'est probablement moins le duel tant attendu Juppé-Sarkozy qui va tenir le haut du pavé de cette joute que le "canardage à vue" des cinq autres... contre ces deux là. Ni le maire de Bordeaux ni l'ex-chef de l'Etat n'ont intérêt à se chercher mutuellement devant plusieurs millions de téléspectateurs. Ils le font assez dans leurs meetings.

Juppé et Sarkozy ne s'attaqueront pas mutuellement

Juppé a d'abord pour objectif de préserver sa position de leader qui veut ratisser le plus largement possible. Le ralliement de l'UDI et du Parti Radical à sa candidature, la veille de ce fameux débat, entre parfaitement dans cette stratégie. Il peut difficilement cultiver une image de rassembleur et, en même temps, se montrer agressif à l'égard de son principal adversaire qui, du reste, est en perte de vitesse à l'aune des enquêtes d'opinion.

Sarkozy justement, de son côté, doit certainement s'interroger sur la stratégie de "trumpisation" de sa campagne : elle n'a pas l'effet bulldozer qu'il attendait d'elle. Elle risque même d'avoir un effet dévastateur pour la droite. Chauffée à blanc par ses propos de meetings, une partie de ses "fans" ne cache pas son penchant pour l'extrême droite en cas de duel ultime Juppé-Le Pen en 2017. Il doit donc retenir ses coups.

Tous les autres prétendants au titre n'ont pas ces soucis là. Ce premier débat, et les deux autres qui suivront, sont un moment inespéré, pour NKM, Fillon, Le Maire, Copé et Poisson, pour créer une attente autour de leur candidature. Et pour se donner une visibilité qui, pour le moment, leur fait défaut. Ces candidats là vont devoir faire preuve de pugnacité.

Au rendez-vous de la formule assassine des "petits"

Le meilleur moyen pour eux de se mettre en valeur sera donc de se "raccrocher" à l'un des deux "gros candidats" pour montrer qu'ils sont en rupture avec eux. A ce petit jeu, Sarkozy apparaît, évidemment, comme la cible idéale. Car ils ont tous quelque chose à lui reprocher. L'ancien président court le risque d'en faire les frais afin de leur permettre d'être les vedettes de la soirée.

Le bilan de son quinquennat version Buisson, sa campagne présidentielle de 2012 version Bygmalion, la radicalisation actuelle de son discours pour capter les électeurs passés au Front national vont donner du grain à moudre à ses contradicteurs dans le peu de temps imparti à chacun. Sur deux heures de débat, chaque candidat n'aura guère plus d'un quart d'heure pour s'exprimer. Sera-ce suffisant pour briller ?

Le temps d'attaque est tellement court que chaque "petit candidat" - et même les deux moyens que sont Le Maire et Fillon - a certainement forgé, au moins, une formule assassine. Ce sera le moyen unique pour chacun d'entre eux d'occuper le devant de la scène. Et d'être la vedette d'un soir. En espérant en obtenir des retombées dans les sondages d'après-match.

Publié par Olivier Biffaud / Catégories : Actu