La gauche de gouvernement est mal en point ! Et les gauches qui s'opposent à elle ne vont pas mieux ! A moins de huit mois de l'élection présidentielle, toutes les gauches semblent être dans une impasse. La plupart des sondages donnent bien moins de 40% des intentions de vote au bloc qui va de l'extrême gauche aux écologistes, en passant par Jean-Luc Mélenchon et les frondeurs du PS.
Alors qu'il n'a pas encore officialisé formellement sa candidature pour le renouvellement de son mandat, François Hollande est donné éliminé au premier tour présidentiel dans tous les cas de figure par les enquêtes d'opinion. Certes, il n'est pas encore candidat même si tout le monde pense qu'il l'est et en plusieurs mois de campagne il peut se passer beaucoup de chose. Mais quand même...
Actuellement, le président de la République sortant est pris en tenaille entre Mélenchon, sur sa gauche, qui s'est déclaré hors de toute primaire, et Emmanuel Macron, sur sa droite, qui ne s'est pas encore déclaré mais dont tout laisse à penser qu'il ne passerait pas par une primaire de sélection, qui ne l'intéresse pas, s'il se décidait à y aller.
Un boulevard grand ouvert à la droite et à l'extrême droite
A cette configuration inédite pour un chef de l'Etat en exercice s'ajoute la primaire de la gauche dans laquelle sont déjà inscrits trois socialistes anti-Hollande - Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann et Gérard Filoche - qui pourraient, éventuellement, être rejoints par Arnaud Montebourg. Mais celui-ci laisse planer le doute. Deux écologistes pro-Hollande sont aussi de la partie : François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias.
Et pour couronner le tout, les écologistes anti-Hollande d'EELV organisent leur propre primaire avec quatre candidats labellisés : Cécile Duflot, Yannick Jadot, Michèle Rivasi et Karima Delli. Réduits à la portion congrue et orphelins de Nicolas Hulot, les écolos "canal historique" n'ont plus de représentation autonome à l'Assemblée nationale et Europe écologie-Les Verts compte moins de 10.000 adhérents. Autant dire qu'ils ne pèsent guère plus électoralement que toute l'extrême gauche réunie.
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que, faute d'accord entre elles, toutes ces gauches façon puzzle laissent un boulevard grand ouvert à la droite et l'extrême droite pour la prochaine présidentielle. Des accords sont-ils donc possibles pour parvenir à limiter au maximum le nombre des candidatures ? Rien n'est moins sûr ! En dehors des égos et des divergences politiques, chacun se dit le mieux placé pour contrer Hollande alors qu'aucun d'entre eux n'a les moyens de sa politique.
La réédition du "21-avril 2002" est prévisible et prévue
A l'aune des sondages d'intentions de vote, la déclaration de candidature de Montebourg n'a, jusqu'à présent, provoqué aucun électrochoc à gauche. L'ancien ministre du "redressement productif" qui paraît être en meilleure position que ses "camarades frondeurs" socialistes, tant sur le plan programmatique qu'en matière de notoriété, reste très loin derière Mélenchon... et Hollande.
Comme l'ancien candidat du Front de gauche en 2012, tout comme le ou la candidat-e désigné-e par les écolos, feront, quoi qu'il arrive, cavalier seul, on voit mal comment pourrait se faire ce rassemblement des gauches réclamé - uniquement dans les mots - par toutes les parties prenantes. Toutes choses égales par ailleurs, un scénario identique à celui de 2002 est en train de se mettre en place. Lentement mais sûrement !
La différence avec le coup de théâtre du "21-avril" d'il y a 14 ans est, que cette fois-ci, il est prévisible et prévu. Tout se passe comme si toutes les gauches, prises ensemble ou séparément, avaient déjà intégré la défaite présidentielle de 2017. Et l'effacement plus ou moins durable qui accompagnerait une élimination dès le premier tour. C'est moins la construction d'une alternative à la droite ou à l'extrême droite qui intéresse les gauches que la perpective de la reconstruction de la gauche sur les prochains décombres électoraux. Chacun se croyant, une fois de plus, le mieux placé pour le faire !