Peut-on revenir de l'enfer des sondages ? Cette question va-t-elle "passionner" l'opinion et les commentateurs au début de la nouvelle année ? François Hollande, président le plus mal aimé de la Ve République, va-t-il réussir le pari improbable de se remettre en selle ? Et tenir le rôle central à gauche dans la prochaine campagne présidentielle ?
Voilà quelques question pour commencer 2016. Elles s'imposent d'elles-mêmes depuis le scrutin régional des 6 et 13 décembre. Qu'on en juge : le Front de gauche et les écologistes sont sortis en chemise, le Parti socialiste a sauvé, in extremis, quelques meubles, la droite n'a pas fait la razzia espérée par Nicolas Sarkozy et le Front national n'a pas concrétisé sa spectaculaire percée.
Autant dire que les cartes sont rebattues à 16 mois de l'élection présidentielle. Donné dans les choux au premier tour, Hollande refait surface. Dans le même temps, Sarkozy, contesté dans ses propres rangs, ne s'impose plus à droite. Quant à la fille du co-fondateur du parti d'extrême droite, elle ne parvient toujours pas à crever le plafond de verre des 50% dans un duel avec le droite.
Le scénario imprévisible prévaut toujours
L'adage selon lequel la "mère des élections françaises" n'est jamais gagnée un an et demi à l'avance se confirme une nouvelle fois. Car de 1965, année de la première élection présidentielle au suffrage universel, à 2012, le scénario imprévisible a toujours prévalu. Sans vraiment d'exception.
La première fois, de Gaulle devait l'emporter haut la main : il fut mis en ballotage par Mitterrand et Lecanuet. En 1969, le centriste Poher devait s'imposer : Pompidou fut élu. En 1974, Chaban-Delmas et Mitterrand étaient bien partis : Giscard entra à l'Elysée. Il devait y rester en 1981 mais ce fut au tour de Mitterrand qui remit ça en 1988 face à Chirac. En 1995, Balladur ne devait faire qu'une bouchée de ce dernier... Puis, il y a eu 2002, 2007 et 2012.
Cette fois, la configuration est encore différente puisqu'elle n'est plus bipolaire - gauche-droite - mais tripolaire avec l'installation de l'extrême droite à un haut niveau électoral. Le FN (en tête), le PS et "Les Républicains" se partagent pratiquement 75% du marché, ne laissant qu'une portion congrue à la gauche de la gauche, aux écolos, au centre et aux divers droite.
Remis dans le jeu grâce aux régionales ne peut remonter son handicap accumulé pendant trois ans qu'à deux conditions : devenir le candidat incontesté, au premier tour, de toute la gauche allant de ses confins jusqu'à Valls, ainsi que des écologistes et tabler sur un retour de la droite à ses familles traditionnelles, bonapartiste d'un côté avec Sarkozy, libérale de l'autre avec Juppé et Fillon.
Passer d'habile tacticien à fin stratège
Autant le dire, ce n'est pas gagné car aucune des deux conditions, aujourd'hui, n'est en passe d'être remplie. Même si le PCF, le Parti de gauche et EELV se sont fait laminer aux régionales, en raison, notamment, de stratégies incompréhensibles pour l'électorat, il est douteux que Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon renoncent facilement à l'aventure d'une campagne présidentielle.
La problématique est différente à droite. Passer de l'éparpillement actuel à l'implosion serait s'assurer, pour les deux chefs de file de la droite ainsi décomposée, des places de troisième et quatrième à la présidentielle. "Les Républicains" vont donc être contraints, sauf accident majeur, de faire contre mauvaise fortune bon coeur jusqu'à la primaire de novembre 2016.
Fort de la réussite de la diplomatie française à la COP21, de la maitrise des ministres de la défense et de l'intérieur dans la lutte contre le terrorisme et de sa gestion sans faute de la période post-attentats, Hollande a repris du poil de la bête. Il s'est montré habile tacticien, il lui faudra surtout se révéler fin stratège et meneur. Compter sur sa bonne étoile n'est jamais vraiment suffisant !