Plus aucune déclaration publique depuis quelques jours ! Plus aucune petite lumière clignotante sur les radars ! Plus aucune saillie contre le président de la République ! Nicolas Sarkozy est aux abonnés absents depuis la calamiteuse séance de questions au gouvernement, mardi 17 novembre, à l'Assemblée nationale. On peut visionner ici la séance intégrale pour se faire sa propre opinion.
Quatre jours à peine après les terribles attentats djihadistes commis par des terroristes de Daech, à Paris et au stade de France à Saint-Denis, certains "artificiers" de l'opposition voulaient faire éclater l'unité nationale réclamée par François Hollande. L'ancien chef de l'Etat, lui, et le patron des députés "Les Républicains" n'entendaient pas modérer les ardeurs des plus agressifs.
Aussitôt dit, aussitot fait. La séance des #QAG, selon les hashtag utilisé sur Twitter, se transformait en arène indécente où les huées et les vociférations le disputaient aux noms d'oiseaux lancés sur les bancs de l'opposition. Premières cibles : le chef du gouvernement, Manuel Valls, et la ministre de la justice, Christiane Taubira, avant même qu'elle ne s'exprimât.
Cette attitude, peu respectueuse du deuil national, avaient provoqué une levée de boucliers dans la presse et dans une partie de l'opinion, notamment sur les réseaux sociaux. De fait, elle mettait en évidence une incroyable absence d'empathie avec les familles meurtries. Plus grave encore, elle révélait une posture "politcienne" incompatible avec la compassion qui dominait alors dans le pays.
Juppé et Fillon flairent un faux pas politique
Soucieux de ne pas cautionner les annonces sécuritaires de Hollande pour, laissait-on entendre chez certains de ses partisans, "ne pas tomber dans le piège de l'union nationale", Sarkozy avait fait en sorte de tenir un discours sur le mode "trop peu et trop tard". Quitte à déboussoler une partie des électeurs de l'opposition alors même que Hollande reprenait des propositions de la droite, jusqu'à son extrême, en matière de sécurité.
D'autant que Juppé et Fillon, flairant probablement le faux pas du président des "Républicains", s'en tenaient à un positionnement beaucoup moins agressif et plus consensuel à l'égard du chef de l'Etat. Le maire de Bordeaux avait même noté, lors de cette séquence, que la droite avait eu "tort" de tailler dans les effectifs de police - près de 13.000 postes - entre 2007 et 2012. Autant dire que cette observation a été très mal prise dans le camp sarkozyste.
Cette erreur d'appréciation politique faite par Sarkozy n'a pourtant pas affecté la cote d'influence de l'ancien président de la République auprès des sympathisants de droite et chez "Les Républicains". Bien au contraire. Parmi les premiers, il gagne 11 points à 50% et chez les seconds, il en engrange 8 à 69%, selon un sondage BVA (page 22).
Ses partisans n'ont pas manqué de souligner qu'il faisait bien mieux que son principal rival - actuellement - pour la primaire, Juppé, qui gagne 2 points à droite mais en perd 4 dans son parti. Sarkozy récolte 18 points de jugements favorables dans sa propre famille politique pour Ipsos (p. 8), mais 7 dans l'ensemble de la population quand Hollande en rafle 17 sur son action.
Trois électeurs de droite sur dix dans la nature
Il est probable, pour Hollande et pour Sakozy, que ce sursaut favorable ne va pas durer... comme ce fut le cas, en janvier, après les attentats de Charlie-Hebdo et de l'Hyper-Casher. De plus, une opinion favorable n'a pas le même sens qu'intention de vote.
Et de ce point de vue, la situation est un peu inquiétante pour l'ex-président, comme elle l'est pour l'actuel. Le dernier sondage régional de TNS-Sofres (p. 11) montre que 70% des électeurs de Sarkozy à la présidentielle de 2012 voteraient pour les listes de la droite républicaine et que 20% se reporteraient à l'extrême droite. Trois sur dix partiraient donc dans la nature !
A droite, certains experts craignent que les résultats des régionales ne soient pas à la hauteur des espoirs exprimés il y a quelques semaines. En clair, que ces élections n'apportent pas une victoire nette sur les socialistes et une poussée du Front national réduite, dans le pire des cas, à une seule région. L'après 13-novembre pourrait, en effet, provoquer un petit regain de participation dont plusieurs sondeurs s'accordent à dire qu'il serait alors plutôt favorable à la gauche de gouvernement.
Si c'était le cas - rien n'est moins sûr, cependant -, ça serait la première fois que ce phénomène se produirait depuis 2012. En tout état de cause, un tel scénario sanctionnerait la stratégie de Sarkozy, tant vis-à-vis du pouvoir en place que de l'extrême droite.