Les uns après les autres, tous les sondages le disent. L'exécutif a parfaitement "géré" le tragique épisode des attentats terroristes à Charlie Hebdo, à Montrouge et à l'Hyper Casher qui ont fait 17 morts. Il en va de même pour les jours qui ont suivi cette extrême tension.
Tous les instituts notent, à des degrés variables mais allant dans le même sens, que le président de la République et le premier ministre ont été "à la hauteur" de la situation. L'opinion leur accorde donc une confiance accrue, comme l'indiquent les instituts Odoxa et TNS Sofres. De même, les paramètres de leurs trais de caractère en tirent bénéfice comme le souligne un tweet de l'Ifop pour Hollande.
Dans un premier temps, les Français ont salué, si l'on peut dire, la maitrise technique des opérations de neutralisation des terroristes qui n'a pas ajouté de morts parmi les otages au terrible bilan des tueurs. L'opinion en a rendu hommage, de façon auss inhabituelle que chaleureuse, à tous les services de police au moment des immenses manifestations qui se sont déroulées à Paris et en province, après ces drames.
Modification de la perception "en bien" de l'exécutif
D'un même élan, elle a décerné un satisfecit au ministre de l'intérieur, un homme qu'elle connaissait peu ou mal. Bernard Cazeneuve a surgi sur la scène médiatique, sans ostentation, en mélant la retenue personnelle et la fermeté politique. Il a, du coup, fait un bond en terme de popularité - en l'espèce, de visibilité certainement -, ce qui n'est pas la moindre des réussites pour celui qui occupe le poste de "premier flic de France".
Dans un second mouvement, les Français ont prolongé leur première appréciation par un soutien de la gestion politique de l'après-attentats. En quelque sorte, l'analyse des comportements, du discours et des pistes de réflexion de l'exécutif a pris le relai de la réaction émotionnelle face aux attentats, voire admirative face à la police. L'immédiaté des événements a fait un peu de place au recul du jugement.
De l'extrême droite à l'extrême gauche, les sympathisants de tous les bords politiques reconnaissent - dans des proportions très inégales - que l'attitude du locataire de l'Elysée a modifié, "en bien", leur perception du chef de l'Etat. Selon un sondage CSA (page 7), le curseur va de 12% au Front national jusqu'à 61% au Parti socialiste. A noter qu'au FN, isolé sur ce point, la perception "en mal" atteint 10% !
Accentuation d'une amélioration survenue en décembre
Le résultat de ce double phénomène est un rebond de confiance ou de popularité pour Hollande et Valls. Cette amélioration de l'image de l'exécutif était déjà apparue, pour d'autres rasions, en décembre. Elle avait été observée, notamment, dans des enquêtes des instituts Odoxa, BVA ou Harris Interactive en fin d'année. Cette amélioration de la cote de confiance de l'exécutif, analysée ici, marquait aussi une "représidentialisation" du chef de l'Etat et saluait un discours du premier ministre mieux compris par les Français.
L'ébauche de mouvement observé alors s'amplifie aujourd'hui car les deux membres de l'exécutif sont parfaitement restés dans leur rôle respectif. L'opposition, de façon très républicaine, a du reste rendu un hommage remarqué à leur action dans ces moments difficile. Si les circonstances n'était pas aussi tragiques, on serait tentés de dire qu'ils ont fait un "sans faute".
Les moins enclins à reconnaître la justesse des mots et des actes de président ont simplement dit qu'il avait "juste fait le boulot" qui correspond à la fonction pour laquelle il a été élu. Adeptes du "Hollande bashing" en boucle, ils ne se sont peut-être pas rendu compte que même ce service minimum était un compliment inoui puisque, justement, ils ne cessent de présenter l'élu de mai 2012 comme un "amateur", sinon un "incapable" de remplir sa charge. Voilà des "compliments" qui ne vont plus avoir beaucoup de valeur !
Ne pas confondre unité nationale et adhésion politique
Pour autant, ce rebond peut-il avoir une autre traduction : un regain de mobilisation électorale ? Il s'agit, en l'espèce, d'un regain de la mobilisation de l'électorat de gauche qui, depuis plus de deux ans, a deserté les bureaux de vote. Ce retrait des urnes, combiné à une poussée de la droite et surtout de l'extrême droite, a entrainé de sevères revers pour la gauche - municipales, européennes et sénatoriales - et, par voie de conséquence, pour l'exécutif.
Il ne faut évidemment pas confondre le fort sentiment d'unité nationale qui prédomine actuellement avec une adhésion sans faille à tous les items de la politique gouvernementale. Loin de là ! D'autant que l'unité nationale en question, même plébiscitée par l'opinion, n'aura qu'un temps - court probablement - comme le note Odoxa (page 14). La même opinion en est consciente.
La poursuite du regain de confiance peut avoir des effets électoraux - marginaux ? - sur l'électorat de gauche mais chacun sait qu'il ne pourra s'étendre - durablement ? - qu'avec des résultats économiques et sociaux probants. Les uns et les autres peuvent encore prendre du temps même si, fin 2014, divers paramètres (baisse de l'euro, chute du prix du pétrole, assainissement de la situation financière des entreprises, etc.) pouvaient faire naître l'espoir pour le pays... et l'exécutif.