Hollande : impopularité et défiance restent les maîtres-mots après deux ans à l'Elysée

François Hollande, le 8 avril 2014, à l'Elysée, à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

"Personne n'est là pour faire la fête !" La sentence du porte-parole du gouvernement est tombée. Sans appel. Invité de BFMTV, lundi 5 mai, Stéphane Le Foll a indiqué sans la moindre ambiguité que le deuxième anniversaire de la victoire présidentielle de François Hollande ne sera pas fêtée. Les 60 engagements du candidat avaient fait l'objet, au terme de la première année de mandat, d'un bilan en forme d'éloge sur 50 pages. Sauf erreur, rien de tel ne semblait s'annoncer pour le 6 mai 2014.

Il faut dire que les deux premières années de Hollande à l'Elysée ne soulèvent pas l'enthousiasme du public. La popularité du chef de l'Etat est au plus bas, selon un sondage CSA pour Les Echos, sa cote de confiance est enfoncée par celle de son nouveau premier ministre, Manuel Valls, nommé après la déroute politique des municipales, le retournement de la courbe du chômage annoncé comme le symbole de la pertinence de ses choix économiques et sociaux se fait toujours attendre, comme la quête éperdue des mythiques 3% de déficit public par rapport au PIB. En clair, jusqu'ici rien ne se passe comme le président l'avait prévu.

Mais il veut toujours croire en sa bonne étoile car il assure que "le retournement de la croissance arrive". Le redémarrage économique, c'est maintenant ! Et qui dit fin du tunnel - le premier ministre Raymond Barre avait utilisé l'expression au milieu des années 1970 et le FMI le voyait pour... 2010 -, dit reprise de la croissance, baisse du chômage, amélioration de la compétitivité, recettes nouvelles et diminution des déficits. Tout cela apparaît, aux yeux de l'opinion publique, comme un discours magique auquel elle croit de moins en moins. Pour ne pas dire plus du tout.

Comment redresser la barre en trois ans ?

Tout se passe comme si le verbe présidentiel ne portait plus. Comme s'il n'était plus audible. Si l'image du chef de l'Etat est totalement brouillée après deux années d'exercice du pouvoir, sa parole ne semble plus crédible pour une large partie de l'opinion. Le mal est-il définitif ? Hollande parviendra-t-il à redresser la barre dans le temps aussi court d'un quinquennat ? Rien n'est moins sûr même si lui veut le croire. Ou le laisser croire. Et tout cas, rien ne sera possible sans résultats tangibles et retour d'un optimisme qui fait congénitalement défaut.

Un autre sondage CSA commandé par le groupe Nice matin à l'occasion de ce deuxième anniversaire donne la mesure de la défiance - elle "confine maintenant au rejet", selon Yves-Marie Cann, expert de cet institut - et de l'impopularité qui accablent le président de la République. Alors qu'il n'est pas encore à mi-mandat, Hollande voit son action quotidiennement remise en cause, sans parler de sa personne systématiquement, voire vulgairement, brocardée sur les réseaux sociaux.

Cette défiance est quasi absolue dans les électorats de Nicolas Sarkozy et de Marine Le Pen. Mais ceux de Jean-Luc Mélenchon et de François Bayrou n'ont rien à leur envier car plus de 8 électeurs sur 10 du co-président du Front de gauche ou du président du MoDem s'y associent également.

Aucun qualificatif avantageux n'est majoritaire

Dans les mêmes proportions, l'ensemble des Français juge négativement ces deux premières années du quinquennat. Ces chiffres montrent que le coeur même de l'électorat de François Hollande est largement atteint. Pour preuve, plus d'un tiers (35%) ne glisserait pas le même bulletin au second tour de l'élection présidentielle, si elle avait lieu maintenant : 16% ne referaient "certainement pas" le même choix et 19%, "probablement pas". Concrètement, Hollande aurait le soutien de 2 électeurs sur 3 du second tour de 2012, soit 12 millions sur... les 18 millions qui s'étaient portés sur son nom.

 C'est peu dire que le président est handicapé pour les trois prochaines années. D'autant qu'aucun des qualificatifs avantageux proposés aux Français sondés ne parvient à décrocher une majorité d'avis favorables. S'il est "sympathique" et "honnête" pour 39% et 32% des personnes interrogés, "déterminé", "menant une politique de gauche" et "courageux" pour, respectivement, 28%, 27% et 26% d'entre eux, tout le reste frôle la catastrophe : "compétent" et "à l'écoute" (19%), "proche des gens" et "a l'esprit de décision" (17%), "sait où il va" (16%), "capable de réformer le pays" (15%), "à la hauteur des événements" et "tient ses promesses" (14%), "dynamique" et "rassembleur" (12%). En somme, un tableau assez sombre et peu encourageant.

Même si son propre électorat se montre plus indulgent sur tous les items, seuls la sympathie et l'honnêteté qu'il lui inspire franchissent la barre des 50% d'avis positifs. Pour autant, Nicolas Sarkozy pourrait difficilement faire preuve de triomphalisme devant un tel bilan car 58% des Français estiment qu'il n'aurait pas fait mieux s'il l'avait emporté le 6 mai 2012. Ce pourcentage signifie que 42% pensent le contraire dont 14% qui en ont l'intime conviction. Les plus nombreux à accorder plus de crédit à l'ancien chef de l'Etat se situent, bien évidemment d'abord, dans son propre électorat de 2012 (90%) mais celui de la présidente du Front national n'est pas en reste avec un score de 52%. En filigrane, ce taux pose la question de la solidité du socle électoral de Marine Le Pen.

Publié par Olivier Biffaud / Catégories : Actu