C'est le moment d'embrayer ! Il ne reste plus que deux mois et demi avant le premier tour des élections municipales. Après des mois de chauffe, la vraie campagne débute. Les acteurs, et surtout les actrices, entrent dans l'arène à Paris.
Les intentions de vote mesurées par les instituts de sondage laissent entrevoir une bataille serrée pour la pole position au soir du 23 mars entre Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Koscuisko-Morizet (UMP), les deux sérieuses prétendantes au poste de maire de la capitale.
Le second tour, selon toute vraisemblance, se jouera entre la première adjointe du maire sortant, Bertrand Delanoë (PS) qui ne se représente pas, et l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy qui a abandonné sa mairie de Longjumeau (Essonne).
Des enjeux de natures différentes se présentent pour leurs concurrents : les uns atteindront-ils le seuil des 5% des suffrages exprimés pour, éventuellement, fusionner avec un autre courant au second tour, les autres dépasseront-ils les 10% pour être en mesure d'imposer des triangulaires ?
De juillet à janvier, les priorités des électeurs ont changé
A Paris - comme à Lyon et à Marseille -, le scrutin est à double détente car il se joue d'abord dans chaque arrondissement - vingt pour la capitale - avant de se dénouer au conseil de Paris où siègeront les 163 élus envoyés par chaque arrondissement.
Deux sondages de l'institut CSA effectués à six mois d'intervalle - fin juin/début juillet 2013 et début janvier 2014 - permettent d'appréhender l'évolution des préoccupations des électeurs parisiens et les modifications de leurs intentions de vote.
Alors qu'en remontant six mois en arrière, le tiercé des sujets prioritaires des Parisiens était l'accès au logement (47%, avec une pointe à 72% pour les 25-34 ans), le stationnement et la circulation (42%), la lutte contre la délinquance (37%), il a été chamboulé par les sujets ou les débats nationaux.
Ainsi, en janvier, la lutte contre la délinquance occupe la première place (45%) devant l'accès au logement (43%) et le montant des impôts locaux (36%). Sur ce dernier point, il est à signaler qu'un ménage parisien en paie moins, en moyenne, que son homologue lyonnais ou marseillais, comme l'indiquait France Info, en septembre.
Séparés, la droite et le centre font plus que rassemblés
En l'espace de six mois, les motivations pour allez voter - 75% des personnes interrogées s'intéressent "un peu" ou "beaucoup" au scrutin en janvier - ont, elles aussi quelque peu évolué. Les considérations purement locales ont baissées de 63% à 59% alors que l'opposition aux gouvernants a grimpé de 22% à 25%. Dans le même temps, le potentiel de participation au premier tour est passé de 51% à 49%.
Ces évolutions et ces variations ont-elles entrainé des modifications notables dans les intentions de vote ? Difficile à dire. En revanche, l'éclaircissement sur les alliances, tant à droite qu'à gauche, a indéniablement modifié le curseur des intentions de vote, en provoquant des transferts.
A droite, en juillet, NKM conduisant une liste UMP avait un potentiel de 32% et les centristes séparés, 11%, dont 6% pour Christian Saint-Etienne (UDI) et 5% pour Marielle de Sarnez (Modem). Rassemblées dans une seule liste, les trois composantes conduites par NKM font 39%, en janvier. Les "autres listes", principalement dissidentes à droite, qui était absentes en juillet, sont quantifiées à 3% en janvier.
A gauche, il y avait trois composantes en juillet et toujours trois en janvier mais le Front de gauche (FG) qui faisait 9% s'est réduit au seul Parti de gauche (PG de Jean-Luc Mélenchon) qui ne fait plus que 5%. En revanche, le PS s'est adjoint le renfort des radicaux du PRG et des communistes du PCF : il est passé de 36% à 38%. Gain de deux points aussi pour les écologistes (EELV) : 7% contre 5%.
Le rapport des forces reste favorable à la gauche
Pour sa part, le Front national (FN) avec Wallerand de Saint-Just enregistre une plus faible variation, en passant de 7% à 8% entre juillet et janvier. Traditionnellement, l'extrême droite fait un score plus faible à Paris que dans le reste de la France mais ces pourcentages représentent une multiplication par trois ou par quatre, selon les arrondissements, des résultats obtenus par le FN aux municipales de 2008.
Si les écolos peuvent craindre de ne pas atteindre les 5% dans certains arrondissements - c'était le cas dans six d'entre eux en 2008 - et de ne pas être représentés au second tour, le FN peut espérer franchir les 10% dans certains d'entre eux et provoquer des triangulaires, puisqu'un de ses objectifs est de mettre en péril des maires sortants, surtout à droite.
Dans l'état actuel du rapport des forces, les transferts d'intentions de vote laissent à penser que la gauche dirigée par Hidalgo l'emporterait toujours au second tour, à six mois d'écart, sur la droite conduite par NKM : 51,5% contre 48,5% en janvier au lieu de 53% contre 47% en juillet.
Reste que le processus de désignation du maire de Paris est le fruit d'une mécanique complexe qui passe d'abord par vingt élections municipales distinctes (une dans chaque arrondissement). A cet égard, il n'est pas certains que les instituts de sondage soient en mesure de les appréhender avec toute la finesse nécessaire.
Le sondage de juillet 2013 est ici et celui de janvier 2014 est là.