Ces dissidences UMP qui entravent NKM dans sa conquête de la mairie de Paris

Nathalie Kosciusko-Morizet - NKM - candidate à la mairie de Paris, le 4 juillet 2013. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

A gauche, Anne Hidalgo, cheffe de file des socialistes pour les municipales à Paris, connait maintenant le résultat de la consultation des communistes de la capitale. A 57,3% (670 voix contre 500), ils sont favorables à un front commun avec le PS - comme en 2001 et 2008 - lors du scrutin des 23 et 30 mars 2014. Déjà, le conseil fédéral du Parti communiste parisien s'était prononcé pour cette union à 67%. Un tiers de cette instance était contre; 4 militants sur 10 le sont aussi.

A droite, Nathalie Kosciusko-Morizet - NKM -, la challenger UMP du maire (PS) sortant de Paris - Bertrand Delanoë, qui ne se représente pas - est en butte à une série de dissidences à droite. L'ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle voit se dresser sur sa route un obstacle, venant de son camp, dans 6 arrondissement sur 20. Soit près d'un tiers d'entre eux.

Ancienne maire de Longjumeau (Essonne) entre mars 2008 et février 2013, NKM a voulu griller Hidalgo au poteau, en présentant à la presse, en catastrophe, ses 20 chefs de file municipaux, le 10 octobre, alors que Hidalgo avait prévu, depuis un moment, de faire de même... le 11 octobre. Ce petit coup médiatique ne lui a pas porté bonheur car il a surtout mis en évidence les situations non réglées.

Actuellement, Paris est coupé en deux ! le PS détient 11 mairies d'arrondissement à Paris; les écolos d'EELV, une; l'UMP en dirige 8 : celles des 1er, 5e, 6e, 7e, 8e, 15e, 16e et 17e arrondissements. Les dissidences qui frappent NKM concernent le 3e ainsi que le 14e (détenus par le PS), et le 5e, le 7e, le 15e et le 16e, soit la moitié des arrondissements dirigés par l'UMP.

1 Martine Weill-Raynal dans le 3e arrondissement

Ancienne journaliste au Figaro et unique conseillère d'opposition du 3e arrondissement, Martine Weill-Raynal estime que sa présence et son travail en solitaire pendant 6 ans auraient dû lui valoir la tête de liste UMP dans cette arrondissement. NKM ne l'a pas entendu de cette oreille et lui a préféré Marie-Laure Harel, la plus jeune conseillère de Paris - elle est élue du 16e arrondissement depuis 2008 - et pro-mariage homosexuel. Cette prise de position iconoclaste au sein de l'UMP explique-t-elle partiellement ce parachutage dans un arrondissement qui abrite une partie du quartier gay de la capitale ?

Il est vrai également que cette jeune militante, dont le "plus gros défi" était de faire campagne aux municipales "dans un arrondissement de reconquête pour la droite", comme elle l'indiquait dans Grazia en avril dernier, est un soutien de longue date de NKM. On peut donc concevoir que ce renvoi d'ascenseur mise aussi sur le renouvellement des générations.

Quoi qu'il en soit, déconfite par ce choix, Weill-Raynal envisage de partir en dissidence contre Harel, après avoir décliné, affirme-t-elle, une place de "second" sur la liste UMP du 4e arrondissement conduite par Vincent Roger que lui aurait proposé NKM. Car elle "ne souhaite pas être une balle de ping-pong".

2 Dominique Tiberi dans le 5e arrondissement

C'est dans un arrondissement emblématique de la gestion chiraquienne - le 5e - que va peut-être se jouer une des grosses batailles internes à la droite. Alors qu'il est lui même en cassation dans l'affaire dite des "faux électeurs", Jean Tiberi comptait bien mettre son fils Dominique sur orbite à l'occasion de ces municipales. Las, NKM veut rompre avec la dynastie naissante.

Elle a choisi Florence Berthout, directrice générale de l'établissement public de La Villette, pour affronter la tête de liste du PS, Marie-Christine Lamardeley, présidente de l'université Sorbonne nouvelle. NKM devait trouver un point de chute à celle qui coordonne la rédaction de son programme municipal qui élue dans le 1er. Mais cet arrondissement n'enverra plus qu'un seul élu au Conseil de Paris : le maire lui-même.

Tiberi fils refuse catégoriquement d'être en seconde position derrière celle qu'il considère comme une parachutée. Et qui a la particularité de bien connaître les Tiberi puisqu'elle avait élue, en 2001 dans le 1er, sur une des listes constituées par le maire du 5e... contre celles du RPR (une des composantes de l'UMP d'aujourd'hui) qui avait alors Philippe Séguin comme chef de file à Paris.

3 Christian Le Roux et Michel Dumont dans le 7e

Maire sortant du 7e arrondissement, Rachida Dati, qui avait envisagé de se lancer dans la primaire UMP parisienne avant d'y renoncer, a été confirmée comme tête de liste par NKM. Mais elle est contestée dans son arrondissement par deux figures locales de la période pré-Dati. Autant dire, pour résumer, qu'ils sont plus chiraquiens que sarkozystes.

Le premier est l'ancien maire (2002 à 2008) de cet arrondissement chic bien ancré à droite : Michel Dumont. Conseiller de Paris et conseiller du 7e arrondissement, Dumont avait probablement compris qu'il ne serait pas repris sur la liste UMP, ce dont l'entourage de Dati ne se cache pas.

Le second fut le premier adjoint du précédent. Il s'agit de Christian Le Roux qui a une intense activité sur Internet... et sur le terrain. Proche de Martine Aurillac, ancienne maire du 7e, il n'a pas pas digéré le parachutage de Dati dans l'arrondissement par Sarkozy en 2008. "Il est temps de fermer une parenthèse qui nous a été imposée", écrit-il dans les raisons de son engagement.

4 Marie-Claire Carrère Gée dans le 14e arrondissement

Avec cet arrondissement tenu par la gauche où NKM sera tête de liste, on entre dans les secteurs qui sont les plus gros pourvoyeurs d'élus au Conseil de Paris car ce sont aussi les plus peuplés. La cheffe de file de l'UMP aura donc elle aussi une liste dissidente de droite face à la sienne tant les positions semblent irréconciliables entre elle et Marie-Claire Carrère Gée.

Ancienne conseillère sociale de Chirac avant d'être secrétaire générale adjointe à l'Elysée, "MCGG" est conseillère de Paris, conseillère d'opposition du 14e, conseillère à la Cour des comptes et présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi depuis 2007, un organisme d'expertise placé auprès du premier ministre. En quelque sorte, une assez grosse pointure !

Pour elle, "les électeurs ne sont pas dupes. Ils voient bien que NKM n'a pas d'attaches dans l'arrondissement et qu'elle n'a pas envie de nouer des relations de proximité avec les habitants". Et quant à savoir si sa propre candidature ne sème pas la confusion, elle s'en sort par une pirouette : "L'accusation tiendrait debout, dit-elle, si je me présentais à Longjumeau !"

5 Géraldine Poirault-Gauvin dans le 15e arrondissement

Retour vers la droite avec l'arrondissement mitoyen du 15e où le maire sortant, Philippe Goujon, président de la fédération UMP de Paris, aura face à lui, si les choses ne s'arrangent pas entre eux, une liste conduite par une des ses déléguées au conseil d'arrondissement, Géraldine Poirault-Gauvin.

Les deux protagonistes n'ont pas fait les mêmes choix au sein de l'UMP. Lui avait soutenu Fillon pour la présidence de l'UMP, elle avait soutenu Copé. Goujon s'est engagé derrière NKM dans la primaire, Poirault-Gauvin a choisi Bournazel. Comme elle l'explique sur son blog, en reprenant un entretien accordé au journal gratuit 20Minutes, elle veut la paix donc elle prépare la guerre.

La dissidente place son combat sur le terrain générationnel, celui d'une modernisation de la droite de la droite parisienne. Déjà, en 2012, en utilisant la même thématique, elle se disait prête, "sur certaines questions", à partager les idées du PS. Pas sûr que l'argumentation ne soit pas utilisée contre elle en 2014.

6 David Alphand dans le 16e arrondissement

Le dernier dissident anti-NKM connu à ce jour est David Alphand dans le 16e. Le maire (UMP) sortant, Claude Goasguen, se dit sûr de l'affronter une nouvelle fois. En 2008, déjà, la liste conduite par Alphand avait obtenu 13,22% au premier tour : il avait décroché un poste de conseiller de Paris. Aux législatives de 2012, il s'était présenté dans la circonscription de Goasguen. Il avait rassemblé 8,85% des suffrages exprimés face au député sortant, réélu dès le 1er tour avec plus de 58%.

Autant dire que dans la forteresse inexpugnable du 16e, Goasguen et l'UMP ne risquent pas grand-chose face à Alphand... et la gauche. S'il ne figure pas, au bout du compte, sur la liste officielle de l'UMP, Alphand risque, lui, de perdre ses mandats de conseiller de l'arrondissement et de conseiller de Paris.

Publié par Olivier Biffaud / Catégories : Actu