Une élection partielle est rarement un test national mais elle a souvent valeur de symbole. La cantonale partielle de Brignoles (Var) prévue les 6 et 13 octobre répond à ces deux critères... même si certains des acteurs en présence la présenteront comme un test national tandis que les autres ne voudront y voir aucun symbole. C'est la loi du genre.
La partielle de Brignoles a lieu dans un des deux cantons, avec Carpentras-nord (Vaucluse), qui avaient été gagnés par le Front national en mars 2011. Dans les deux cas, il l'avait emporté contre le conseiller général de gauche sortant : une fois face à un communiste à Brignoles, l'autre face à un socialiste à Carpentras.
Mais l'élection de Jean-Paul Dispard (FN), obtenue avec 5 voix d'avance au second tour, avait été annulée à la suite d'un recours de son adversaire, Claude Gilardo (PCF). Celui-ci, maire de Brignoles, avait été réélu à l'assemblée départementale à la faveur d'une première partielle... avec 13 voix d'avance contre le même candidat, en juillet 2012.
Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste (PCF), y avait vu le "symbole de la lutte" du Front de gauche contre l'extrême droite, dénonçant "les passerelles désormais bien visible" entre le l'UMP et le FN. Compte tenu de la réitération du faible écart de voix entre les deux hommes, il était écrit qu'un nouveau recours serait déposé, cette fois par le FN, et que le scrutin serait annulé.
La course pour obtenir 12,5% des électeurs inscrits
Ce fut chose faite, en décembre 2012, par le tribunal administratif de Toulon, en raison d'une "disparité entre le nombre de bulletins et l'émargement sur les listes électorales" ainsi que "des différences de signatures entre les deux tours". Comme pour l'annulation précédente, la décision du TA avait été confirmée par la juridiction d'appel, le Conseil d'Etat.
Un troisième round aura donc lieu en octobre avec 6 candidats en lice (PCF, EELV, UMP, Divers droite, FN, Parti de la France), soit le nombre le plus important dans cette consultation à répétition puisqu'ils étaient 4 en 2011 (PCF, EELV, UMP, FN) et 3 en 2012 (PCF, UMP, FN). Autant dire que tous les éléments sont réunis pour obtenir une très faible participation et faire courir un risque aux "gros" candidats.
Lors des élections générales de 2011, la participation avait atteint 43,14% au premier tour dans ce canton et elle était tombé à 38,11% au premier tour de la partielle de 2012. Résultat, Gilardo et Dispard avaient respectivement obtenu 13,30% et 13,92% par rapport aux électeurs inscrits en 2011, puis 14,85% et 13,10% en 2012.
Or, la loi électorale dispose qu'il faut au moins 12,5% des inscrits au premier tour pour qu'un candidat puisse se maintenir au second s'il ne fait pas partie des 2 candidats arrivés en tête. Cette règle avait empêché les candidats UMP de se maintenir en 2011 et 2012. Et ils n'avaient donné aucune consigne de vote pour le second dans les duels PCF/FN.
Un concurrent pour chacun des trois prétendants
Compte tenu des résultats de toutes les élections partielles précédentes - principalement législatives - et du climat politique actuel, la gauche n'est peut-être pas dans la position idéale pour cette cantonale. C'est sans doute pourquoi, préventivement, le PCF a accusé les écologistes de jouer la "division" alors que, dans la même veine, le PS les appelait à la "responsabilité". En vain.
Minoritaires par rapport aux communistes dans ce canton, les socialistes se sont effacés devant eux dans chacune des 3 consultations. Présents en 2011, mais absents à la partielle de 2012, les écolos sont donc de retour pour celle d'octobre avec la même candidate qu'en 2011. Ce qui n'est pas le cas du PCF qui a écarté Gilardo, sans prévenir personne, selon la première secrétaire de la fédération PS du Var.
Si ce remplacement de dernière minute reste un peu mystérieux (lire ci-dessous le commentaire attribué à Laurent Carratala, candidat du PCF), celui du candidat Front national l'est tout autant. Déjà candidat du FN aux cantonales de 2004 à Brignoles, Dispard a été évincé pour des raisons obscures qui doivent relever de la "cuisine locale" et il concourra sous l'étiquette du Parti de la France, un diverticule d'extrême droite fondé par un ancien dirigeant lepéniste, exclu du FN, Carl Lang.
Quant au troisième poids lourd du scrutin - l'UMP -, il en est à son troisième candidat différent depuis 2011, et même quatrième si on remonte jusqu'aux élections cantonales de 2004. Comme ses adversaires du PCF et du FN, il trouvera sur sa route un concurrent, divers droite celui-là, ce qui ne devrait pas, lui non plus, lui faciliter la tâche de reconquête assignée par Copé.