Jean-Luc Mélenchon est de retour ! Après quelques semaines de vacances en Amérique latine où il a donné des conférences, le co-président du Parti de gauche (PG) fait sa rentrée dans Le Journal du Dimanche du 18 août dont il fait la une.
Comme à son habitude, Mélenchon s'en prend à la gauche au pouvoir. Au centre des ses attaques se trouvent toujours Hollande, le gouvernement et le Parti socialiste rebaptisé parti solférinien. Et une fois de plus, il n'y va pas avec le dos de la cuiller.
Qu' Ayrault reçoive des enfants à Matignon pendant l'été, l'ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012 y voit "la réception annuelle des pauvres au palais !" Et il "trouve ça glauque !" Quant à Hollande, "il pratique une politique de droite" et il est "le premier pourvoyeur du Front national".
Mais la cible principale de Mélenchon aujourd'hui, c'est le ministre de l'intérieur. Après avoir "séduit la plus grande partie de la droite", dit-il à propos de Marine Le Pen, celle-ci "a aussi contaminé Manuel Valls", chef d'orchestre du gouvernement, selon lui. Séduction dans un cas, contamination dans l'autre.
Faire éclater le PS pour ramasser des morceaux
En dehors de montrer sa volonté légitime d'exister, cette rentrée tonitruante a probablement une triple vocation dans l'esprit du co-leader du PG : être le fer de lance du combat contre l'extrême droite, enfoncer un coin à l'intérieur du Parti socialiste et faire pression sur le PCF en vue des municipales.
Depuis la campagne présidentielle et sa tentative ratée aux législatives de 2012 contre Marine Le Pen - il avait été devancé par le candidat socialiste à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) -, Mélenchon ne cesse de se présenter comme le hérault anti-FN. Même si les résultats électoraux ne sont pas à la hauteur des déclarations.
En s'en prenant à Valls qui représente l'aile droite du parti majoritaire, l'ancien trotskiste qu'est Mélenchon poursuit l'objectif de ses ex-camarades lambertistes du PCI (Parti communiste internationaliste) de faire éclater le PS pour en ramasser des morceaux.
Il espère que l'aile gauche du parti, orpheline de Benoît Hamon entré au gouvernement, finira par céder sous ses coups de boutoir répétés. Il s'en cache à peine en encourageant "tous ceux qui font acte de résistance" au PS, au gouvernement ou à l'Assemblée nationale.
Réfléchir probablement à deux fois avant de rompre
Le troisième objectif de Mélenchon n'est pas le moins important car il concerne la stratégie électorale du Front de gauche pour les municipales de 2014. Chaud partisan de listes indépendantes, il veut contraindre les communistes à le suivre dans cette voie d'autonomie.
Avec le PCF, "il y a une divergence" mais "il ne faut pas la dramatiser", se contente-t-il de dire, sur le mode rassurant. Il tente de mettre le PG sur un pied d'égalité avec le PCF alors qu'il sait fort bien que sa jeune formation ne pèse rien face aux communistes sur le plan municipal.
Or, l'implantation municipale est un vecteur indispensable, sinon vital, pour le parti de la place du Colonel-Fabien. Comme le PCF fait partie de la majorité de gauche dans un très grand nombre de villes dirigées par les socialistes, il est probable qu'il y réfléchira à deux fois avant de rompre avec eux.
A l'évidence, Mélenchon fait monter la pression dans son propre camps. Les dirigeants du PS ont saisi la balle au bond : leur porte-parole, David Assouline, a invité les communistes à prendre leurs distances d'avec le trublion. Et implicitement, à ne pas se tromper de cible