L'inventaire du sarkozysme va mettre en évidence les divergences au sein de l'UMP

Nicolas Sarkozy quitte La Mutualité, à Paris, au soir de son échec à la présidentielle. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Ils sont de plus en plus nombreux à attendre un inventaire du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à vouloir le faire. Les uns après les autres, d'anciens ministres souhaitent revisiter la période 2007-2012.

La palme de la précocité revient à Roselyne Bachelot. Dès après l'échec de la présidentielle de 2012, l'ancienne ministre de la santé, des sports, des solidarités et de la cohésion sociale, avait lancé : "Il ne faut surtout pas mettre la poussière sous le tapis".

Elle était alors bien isolée dans sa volonté de voir dresser un bilan des cinq années passées. Proche de l'ancien président de la République, un autre ancien ministre, Christian Estrosi, s'était même montré "très surpris" que l'on puisse réclamer un droit d'inventaire dans sa propre famille politique.

Dans son sillage, d'autres familiers de Sarkozy se sont obstinés à rejeter l'idée de toute introspection. Le compagnon de longue date Brice Hortefeux, ou le vieil adversaire séguino-chiraquien devenu conseiller spécial Henri Guaino en sont les chefs de file. Comme eux, l'ancienne ministre Nadine Morano ne veut pas voir écorner l'ex-icône élyséenne.

Pour être crédible, ne pas proposer les idées d'hier

Mais la pression devient de plus en plus forte de la part des têtes d'affiche de l'UMP. Devedjian, Mariton, Pécresse, Lellouche... Tous appellent de leurs voeux cet inventaire. A l'instar de Raffarin, lui aussi ancien premier ministre (de Chirac), Fillon s'est résolu, en juillet, à ouvrir la boîte de Pandore.

"Tout ce que l'on a fait pendant cinq ans est très bien mais n'est pas à la hauteur de ce qu'il faut faire pour redresser le pays", a déclaré, dans Le Figaro, l'ancien chef du gouvernement qui avait été ravalé au rang de "collaborateur" par Sarkozy.

N° 3 de l'UMP et proche de Copé, le président du parti, l'ancien ministre Chatel y est allé également de son examen de conscience. "L'UMP ne sera pas crédible en proposant les idées d'hier, elle sera crédible en faisant un vrai inventaire", a-t-il lancé sur Europe 1, lui aussi, à la fin du mois dernier.

Le mouvement est tellement sur les rails que des réticents d'hier deviennent aujourd'hui des convertis. Ainsi, Wauquiez qui ne voyait pas l'inventaire d'un très bon œil, il n'y a pas si longtemps, en dresse un sans concession dans la dernière livraison de l'hebdomadaire Le Point.

En réalité, il s'agit d'un débat sur la nature de la droite

Deux passages de l'entretien résument l'état d'esprit de l'ancien ministre sarkozyste. "On a amélioré à la marge. Mais on n'a pas su inverser le cours du pays" et "Notre échec n'est pas d'être allé trop loin, c'est de ne pas être allé assez loin..."

S'ils sont de plus en plus nombreux à se rallier au panache blanc de l'inventaire, c'est bien sur le contenu de celui-ci que va se faire la différence au sein de l'UMP. Ce sera entre ceux qui pensent, comme Wauquiez, que le quinquennat n'a pas assez approfondi le libéralisme économique et ceux qui, comme NKM, pensent qu'il a trop cédé à la droite extrême sur le terrain sociétal.

En réalité, les atermoiements sur la nécessité ou non d'un bilan du sarkozysme cachent un débat - séculaire, si l'on peut dire ! - sur la nature de la droite. Ce n'est pas un hasard, si les fidèles de Sarkozy se retrouvent au sein de la "Droite forte", le mouvement (courant) le plus important de l'UMP... mais non majoritaire.

Avec un poids de 27,77% au sein du premier parti de l'opposition, la "Droite forte" devance la "Droite sociale" de Wauquiez (21,69%) ainsi que "France moderne et humaniste" de Raffarin (18,17%). La dénomination même de chacun de ces courants donne une idée de la façon dont leurs leaders aborderont le fameux inventaire.

Publié par Olivier Biffaud / Catégories : Actu