Sept Français sur dix estiment que la situation économique du pays est plutôt en train de se dégrader. C'est un sondage CSA réalisé les 30 et 31 juillet pour le quotidien économique Les Échos et l'Institut Montaigne qui l'affirme.
Un sur quatre considère qu'elle est plutôt stable. Ils ne sont que 4% à penser que l'économie française est plutôt en train de s'améliorer. Ceux là forment l'avant-garde de l'optimisme hollandais.
Et si ces quatre Français sur cent étaient, à l'instar du président de la République, dans le vrai. Et si, effectivement, comme ne cesse de l'asséner Hollande à chaque fois qu'il le peut, la situation était sur le chemin du redressement ?
Alors que la plupart des économistes, des observatoires économiques nationaux et des institutions internationales - OCDE, FMI, etc. - assurent qu'on n'est pas proche du bout du tunnel, le chef de l'État affiche un optimisme inébranlable, en soutenant le contraire.
L'opinion reste encore très incrédule
Il faut dire qu'en cette matière, la confiance est un facteur essentiel, sinon déterminant. C'est justement cette confiance que Hollande a décidé d'insuffler aux agents économiques et, au-delà, à l'opinion publique... qui reste encore très incrédule.
Et pourtant, ici et là, des signes montrent que la situation est en cours d'évolution. A l'étranger, notamment. Le chômage est en recul en Grande-Bretagne et en Espagne depuis plusieurs mois. Dans la zone euro, il a baissé très légèrement en juin pour la première fois depuis avril 2011.
Dans l'Union européenne, le maintien d'un faible taux d'inflation est encourageant pour le pouvoir d'achat de consommateurs qui ont été maltraités par les politiques de rigueur et d'austérité encore en action dans nombre de pays.
"Quel que soit l'angle, le paysage est plus beau qu'il n'était il y a un an", a estimé Mario Draghi, le président de la BCE, au cours de sa conférence de presse mensuelle, le 1er août. Optimisme mesuré, mais optimisme quand même.
Changement d'état d'esprit en cours
A juste titre, le président de la République peut avancer que les menaces sur l'euro et sur l'unité du bloc économique européen ont été écartées. La combinaison de l'engagement de la Banque centrale (BCE) pour la monnaie unique et des prémices de la reprise américaine joue en faveur d'un changement d'état d'esprit.
Aux États-Unis justement, la croissance est repartie plus vite que prévu au deuxième trimestre, en s'affichant à 1,7% en rythme annuel au mois de juin. Un taux qui ferait baver Bercy !
Autre point positif, la reprise des embauches outre-Atlantique. En juin et en juillet, les entreprises américaines ont créé plus d'emplois qu'elles n'en ont détruits.
Aux États-Unis toujours, les ventes d'automobiles ont atteint leur meilleur mois de juillet depuis sept ans. Elles ont bondi de 14%. En France, les immatriculations de voitures neuves ont enregistré une modeste progression (+ 0,9%) le même mois. La première depuis octobre 2011.
Prendre ses opposants de vitesse
Les marchés eux-mêmes seraient-ils saisis par un "optimisme hollandais" ? Toujours est-il que les places financières montrent clairement qu'elles croient - enfin - à la reprise économique.
Fort de tous ces signes positifs, Hollande va-t-il avoir raison contre tout le monde au bout du compte ? La courbe du chômage va-t-elle effectivement s'inverser dans les derniers mois de l'année ?
Une chose est certaine : le chef de l'État veut communiquer son volontarisme. Il se montre sur le pont alors que la rentrée est annoncée périlleuse - comme tous les ans ! -, surtout sur le terrain social avec le dossier des retraites.
A l'évidence, Hollande veut prendre ses opposants de vitesse - à droite, dans la gauche du PS et à gauche de la gauche -, en montrant, aidé par les premiers signaux économiques internationaux, que sa politique commence à porter ses fruits.
Septembre dira de quel côté penche la balance.