Les élections législatives partielles se suivent et se ressemblent pour le Parti socialiste. Les deux dernières en date, dimanche 9 juin, ont permis à l'opposition de gagner deux sièges de députés : un pour l'UMP et un pour l'UDI au détriment du PS.
Le premier a été remporté par Frédéric Lefebvre, ancien secrétait d'État au tourisme de Sarkozy, dans la 1er circonscription des Français de l'étranger (États-Unis et Canada) face au socialiste Franck Scemama par 53,7% des voix contre 46,3%.
Cette partielle était due à l'invalidation de l'élection de Corinne Narassiguin (PS) par le Conseil constitutionnel. Les "Sages" avaient également annulé l'élection de Nadia Poznanski-Benhamou (PS) dans la 8e circonscription des Français de l'étranger (Israël, Italie, Grèce, Turquie, Chypre, Malte, San Marin et Saint-Siège).
Ce second siège est revenu, cette fois, à Meyer Habib (UDI), vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), qui était opposé à Valérie Hoffenberg (UMP), avec 53,5% des suffrages contre 46,5%, après l'élimination de la candidate PS au premier tour.
Dans les deux cas, la participation a été extrêmement faible. Le taux d'abstention a dépassé 85% en Amérique du nord et 90% en Europe du sud élargie à Israël qui regroupe plus de la moitié des électeurs de cette circonscription.
Une faible mobilisation de l'électorat socialiste
L'abstention a du reste été aussi le marqueur politique majeur des cinq partielles précédentes organisées depuis les élections générales de juin 2012, après des invalidations prononcées par le Conseil constitutionnel. Elle témoigne de l'absence de mobilisation de l'électorat socialiste.
La première fournée avait concerné l'Hérault (6e circonscription), les Hauts-de-Seine (13e circonscription) et le Val-de-Marne (1ère circonscription) à la mi-décembre 2012.
Traditionnellement ancrée à droite, la 6e de l'Hérault avait été arrachée par la socialiste Dolorès Roqué à la faveur de la vague rose de juin 2012 qui avait suivi la victoire de Hollande à la présidentielle. Elle est donc revenue dans le giron de l'UMP, Elie Aboud battant sévèrement la députée sortante invalidée : 61,9% contre 38,1%. La participation avait été de 41,6%.
Détenue par Patrick Devedjian (UMP), la 13e des Hauts-de-Seine est restée acquise à l'ancien ministre de Sarkozy (60% des voix) une nouvelle fois opposé à un chevènementiste, après son invalidation par les "Sages". La participation avait plafonné à 36%.
Enfin, le centriste Henri Plagnol (UDI), ancien secrétaire d'État de Chirac, a perdu la 1ère du Val-de-Marne au profit de Sylvain Berrios, son ex-premier adjoint à la mairie de Saint-Maur-des-Fossés et dissident UMP - 46,6% contre 53,4% - après l'élimination du candidat PS au premier tour. La participation n'avait pas atteint 30%.
La double déconvenue UMP de Wallis et Futuna
Toujours en raison d'invalidations prononcées par le Conseil constitutionnel, une deuxième salve avait concerné l'Oise (2e circonscription) et les îles du Pacifique Wallis et Futuna (1ère circonscription).
Hors un intermède entre 1997 et 2002, Jean-François Mancel (UMP) est député de la 2e de l'Oise depuis 1988. Élu à la faveur d'une triangulaire en juin 2012, puis invalidé par les "Sages", il a été réélu en mars 2013 face à une candidate du Front national, la candidate socialiste ayant été éliminée au premier tour. La participation avait à peine franchi la barre des 35%.
La partielle de Wallis et Futuna est la plus originale. L'élection générale de 2012 avait vu la victoire de David Vergé, divers droite soutenu par l'UMP. D'abord non inscrit à l'Assemblée, il avait rejoint le groupe socialiste comme apparenté, avant d'être invalidé et déclaré temporairement inéligible.
Rebelote neuf mois plus tard. Élu avec le soutien de l'UMP dans un triangulaire, ce dont se félicite Jean-François Copé sur Twitter, Napole Polutélé siège d'abord chez les non inscrits au palais Bourbon... avant de s'apparenter socialiste au grand dam du patron des députés UMP, Christian Jacob.
La 1ère de Wallis et Futuna est la seule circonscription où la participation a frôlé les 80% dans ces partielles.
Trois sièges au-dessus de la majorité absolue
Avant le premier tour de la prochaine partielle dans la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, dimanche 16 juin, pour pourvoir au remplacement de Jérôme Cahuzac (PS), le bilan provisoire des partielles n'est pas favorable au PS.
En effet, les socialistes ont perdu trois députés et ils ont conservé un siège d'apparenté; l'UMP a gagné trois sièges et elle en a conservé deux; l'UDI en a perdu un et elle en a gagné un.
Sur les 576 des 577 sièges pourvus - la majorité absolue est donc à 289 -, le groupe PS est fort de 292 députés dont 16 apparentés contre 296 au début de la législature, le groupe UMP compte 197 députés dont 9 apparentés, le groupe UDI (centriste) en a 31, celui des écolos, 17, les radicaux de gauche sont 16, les communistes et leurs alliés, 15.
Enfin, les non inscrits sont 8 dont Sylvie Andrieux, députée des Bouches-du-Rhône placée en marge du PS après une mise en examen.
Même s'il ne retrouvait pas le siège détenu auparavant par Cahuzac (et occupé par son suppléant qui ne se représente pas), le PS resterait à 292 sièges, soit trois de plus que la majorité absolue. Alors que le contentieux électoral est épuisé.
L'ouverture au centre, schéma mitterrandien
Les élections municipales de 2014 constitueront pour lui la prochaine échéance sur ce terrain. Tout dépendra de la mise en place du calendrier du non cumul des mandats de député et de maire. Certains élus devront choisir entre les deux... probablement aux élections législatives générales de 2017.
Il est imaginable que dans cette hypothèse l'amaigrissement relatif du groupe socialiste de l'Assemblée ne doit pas trop inquiéter le président de la République. D'autant qu'un groupe moins hégémonique incite plus à resserrer les liens avec l'exécutif qu'à les distendre, sous peine d'être à la merci des écologistes et des communistes.
Pas sûr, dès lors, qu'une majorité socialiste moins imposante soit vraiment un handicap pour Hollande. passé maître dans l'art des alliances et des compromis, l'ancien premier secrétaire du PS peut tirer profit d'une telle situation, pour imposer son rythme et ses vues au groupe parlementaire majoritaire.
Dans le pire des cas, celui d'une perte de la majorité absolue par le seul groupe PS, il pourrait même utiliser "l'arme" de l'ouverture au centre, en rééditant le schéma mitterrandien de 1988. Mais c'est une autre histoire...