L'impopularité de François Hollande a-t-elle atteint le sommet de la vague ? Ou bien sa popularité calamiteuse peut-elle encore descendre plus bas ? Globalement, les instituts de sondage estiment qu'un Français sur quatre fait confiance au président de la République. Donc, pas loin du reste exprime sa défiance !
Au premier tour de l'élection présidentielle, Hollande avait obtenu 10 272 705 voix, soit 28,63% des suffrages exprimés contre 9 753 629 bulletins en faveur de Sarkozy, président sortant, soit 27,18%. En clair, le chef de l'État élu le 6 mai est légèrement sous l'étiage du candidat arrivé en tête le 22 avril 2012.
Un sondage BVA laisse entendre, du reste, que si le scrutin avait lieu maintenant, Sarkozy serait en tête et Hollande ne serait pas qualifié pour le second tour car devancé par Marine Le Pen. Le locataire actuel de l'Élysée plafonnerait à 20%, c'est-à-dire qu'il aurait perdu un tiers de son électorat en un an. Un résultat assez conforme à sa cote de popularité actuelle, même si les deux notions sont différentes.
A y regarder de plus près, la chute de la cote de confiance enregistrée par TNS-Sofres pour Hollande entre juillet 2012 et mai 2013, pour vertigineuse qu'elle soit puisqu'elle est de 31 points (24% contre 55%), est de même ampleur que celle constatée pour Sarkozy entre juillet 2007 et mai 2008, toujours par la Sofres : 33 points, avec un recul de 65% à 32%.
Le président a peut-être atteint un pallier d'impopularité
Arrivé à 32% de popularité après dix mois d'exercice du pouvoir, le précédent titulaire du bail présidentiel n'est pas passé sous la barre des 30% avant avril 2010, soit près de deux ans plus tard. Or, 32% était grosso modo le score de Sarkozy au premier tour de l'élection présidentielle de 2007 puisqu'il avait obtenu 31,18% des suffrages exprimés.
Peut-on en déduire avec certitude, en osant un parallèle statistique, que Hollande a désormais atteint un pallier en dessous duquel il ne va pas descendre tout de suite, si toutefois il est voué à poursuivre sa décrue de popularité ? Évidemment, non ! Mais le précédent doit être observé avec attention, sinon avec intérêt, par les analystes de l'Élysée.
D'autant qu'un sondage CSA laisse apparaitre un gain de 2 points de l'indice de popularité du président (31% contre 29% en avril) : il s'agit de la troisième embellie pour Hollande qui avait enregistré un gain de 3 points en juillet 2012 (peut-être dû au ton ferme face aux licenciements annoncés par PSA) et à nouveau de 3 points en février 2013 (sans doute consécutifs à l'opération Serval au Mali).
Le "petit plus" de confiance de mai consacre-t-il la fin du long épisode tumultueux du mariage homosexuel au Parlement, surtout à l'Assemblée nationale avec des moments extrêmement tendus tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du palais Bourbon ? Ce n'est pas impossible si l'on en croit un sondage sur le sentiment dominant des Français par rapport à la contestation du "mariage pour tous".
L'opinion veut tourner la page du "mariage pour tous"
A la question de savoir si les manifestations de rue doivent se poursuivre ou s'arrêter contre ce qui est maintenant une loi de la République - elle doit encore passer le filtre du Conseil constitutionnel qui rendra sa décision avant le 23 mai -, une enquête Ifop répond que les Français prônent un arrêt à 67%. Les sympathisants de droite étant de cet avis à 44% et ceux du Front national, à 45%.
Le collectif de "la manif pour tous" animé par Frigide Barjot a appelé à une nouvelle manifestation parisienne le 26 mai, mais l'UMP est partagée sur l'attitude à adopter vis à vis d'un texte voté au Parlement. Et l'on retrouve le clivage, maintenant traditionnel, entre un Fillon dubitatif et un Copé boutefeu qui veut surfer sur une contestation du chef de l'État et de sa politique globale.
Mais le "petit plus" pourrait avoir aussi une autre origine complémentaire à la précédente. Une autre phase du quinquennat s'est-elle, mine de rien, ouverte en catimini, au-delà des péripéties récurrentes et ciblées - elles sont fatigantes pour l'opinion - au sein de l'équipe ministérielle où la zizanie répétitive donne l'impression d'être le mode de fonctionnement normal du gouvernement Ayrault ?
Quelques indices peuvent conduire à s'interroger sur cette hypothèse. Les récentes Assises de entrepreneuriat, organisées par Fleur Pellerin à la demande d'Ayrault, ont ouvert un nouveau type de relations - plus constructives et apaisées - entre le président de la République, le gouvernement et les patrons. Le site Atlantico, plutôt classé à droite, s'en est fait l'écho, en creux.
Une vraie inflexion social-démocrate avec les patrons
Cette manifestation, si elle est effectivement suivie d'effets, notamment sur le plan de l'aménagement du territoire, pourrait apparaître, à terme, comme la vraie inflexion social-démocrate - social-libérale, disent les détracteurs de Hollande situés sur sa gauche - du quinquennat.
Cette vision est confortée par la décision de l'exécutif de faire passer aux oubliettes la proposition d'amnistie sociale portée par la gauche de la gauche - et adoptée au Sénat en première lecture -, mais qui était très mal vue pr le Medef, la droite... et une partie de la gauche socialiste, notamment Valls, le ministre de l'intérieur. A l'occasion du 1er mai, les syndicats ne sont pas parvenus à homogénéiser le mécontentement et la souffrance sociales.
La conjonction de ces éléments entraîne une inflexion qui aura peut-être des conséquences politiques à moyen terme ? En tout cas, dans l'immédiat l'enquête CSA déjà citée met en évidence un regain de sympathie à l'égard de Hollande d'une partie de l'électorat de Bayrou, des personnes âgées de plus de 65 ans, des cadres et des professions libérales.
Après les "pigeons", une hirondelle fera-t-elle le printemps du président, un an après son accession à l'Élysée ? Au moins peut-elle être le signe annonciateur d'une accalmie.