"L'heure est venue de faire un premier bilan" de l'action de François Hollande. C'est en se fondant sur cet argument que l'UMP a officiellement déposé une motion de censure, vendredi 15 mars, en application de l'article 49.2 de la Constitution.
Elle sera débattue mercredi 20 mars à l'Assemblée nationale. Elle n'a aucune chance d'être adoptée, les députés socialistes et apparentés détenant la majorité à eux seuls : 293 sièges sur 573 (4 sièges sont non pourvus après invalidation prononcée par le Conseil constitutionnel).
La motion de censure est la procédure traditionnelle pour mettre en cause la responsabilité du gouvernement. Depuis le début de la Ve République en 1958, une seule a été adoptée sur les 54 déposées : c'était en 1962. Une majorité de députés s'opposait au recours au référendum pour valider l'élection du président de la République au suffrage universel direct. Le premier ministre, Pompidou, avait présenté la démission de son gouvernement et dans le foulée, le chef de l'Etat, de Gaulle, avait prononcé la dissolution de l'Assemblée.
L'opération parlementaire a pour but de booster Copé
Dans le cas présent, il s'agit plutôt pour la droite de contraindre le premier ministre, Ayrault, à s'expliquer sur sa politique économique. Et, subsidiairement, de permettre à Copé de faire entendre la voix de l'opposition et la sienne en particulier puisque le président de l'UMP, qui est à l'origine de cette initiative dont il parle depuis novembre 2012, sera l'orateur de son groupe.
Dirigée contre le gouvernement, cette motion de censure a aussi pour but, en la circonstance, de donner un coup de booster à Copé dans le face à face qui continue à l'opposer à Fillon. Le but était de montrer qu'il bénéficie d'un large soutien des députés, façon de montrer sa puissance de frappe à l'ancien premier ministre de Sarkozy. A cette aune, les préliminaires de l'exercice sont à moitié réussis.
En effet, pour être recevable, une motion de censure doit être signée par au moins un dixième des membres de l'Assemblée nationale, soit 58 députés. L'intérêt est de montrer sa force en faisant signer le maximum de ses partisans.
En 2008, toute la gauche avait signé sa première motion
C'est ce qu'avaient fait Hollande et Ayrault, moins d'un an après la victoire présidentielle de Sarkozy, en avril 2008, en déposant une motion de censure signée par 226 autres députés, soit la totalité des députés socialistes, communistes et écologistes.
A front renversé, cinq ans après, Copé ne fait pas carton plein. Alors que le groupe UMP compte 195 membres dont 9 apparentés, la première motion de cette XIVe législature n'est signée "que" par 144 députés UMP dont 4 apparentés... auxquels s'ajoute une députée non inscrite (n'appartenant à aucun groupe), Véronique Besse (Vendée).
Même si cette motion de censure est votée par les 195 membres du groupe UMP qui seront renforcés, certainement, par des députés UDI (centristes) et non-inscrits, le fait qu'un bon quart du groupe - 51 députés dont 5 apparentés -, ne soit pas signataire du texte de Copé, n'est pas très encourageant pour le président du premier parti de droite. Car cette procédure de sanction du gouvernement à valeur de symbole.
Les 51 récalcitrants UMP viennent de 36 départements
Si beaucoup de "têtes d'affiche" sont parmi les signataires - Copé lui-même évidemment, Jacob, le président du groupe, Fillon et quelques anciens ministres -, le camp des non-signataires est lui aussi bien achalandé. On y trouve aussi d'anciens ministres et des proches de Sarkozy. Qui sont ces 51 récalcitrants ? Les voici, classés à travers les 36 départements, collectivités d'outre-mer et régions du monde dont ils sont issus.
Ain : Charles de la Verpillère. Alpes-Maritimes : Bernard Brochand, Christian Estrosi, Jean-Claude Guibal et Lionel Luca. Aube : François Baroin et Jean-Claude Mathis. Bouches-du-Rhône : Bernard Reynès et Dominique Tian. Corse-du-Sud : Laurent Marcangeli et Camille de Rocca Serra. Drôme : Patrick Labaune. Eure : Franck Gillard. Eure-et-Loir : Jean-Pierre Gorges. Hérault : Elie Aboud. Indre-et-Loire : Claude Greff. Jura : Jean-Marie Sermier.
Haute-Loire : Laurent Wauquiez. Loiret : Serge Grouard. Manche : Guénhaël Huet. Marne : Arnaud Robinet. Haute-Marne : Luc Chatel. Morbihan : Philippe Le Ray (apparenté). Moselle : Denis Jacquat et Céleste Pett. Nord : Jean-Pierre Decool (app.) et Thierry Lazaro. Oise : Édouard Courtial et Lucien Degauchy. Pyrénées-Orientales : Fernand Siré. Haut-Rhin : Michel Sordi. Rhône : Philippe Cochet. Sarthe : Dominique Le Méner. Haute-Savoie : Martial Sandier.
Seine-Maritime : Françoise Guégot. Seine-et-Marne : Jean-Claude Mignon. Yvelines : Jean-Marie Tétard. Var : Georges Ginesta, Jean-Pierre Giran et Jean-Sébastien Vialatte. Vaucluse : Jean-Claude Bouchet. Essonne : Franck Marlin (app.). Hauts-de-Seine : Patrick Balkany, Patrick Devedjian et Jean-Jacques Guillet. Val-de-Marne : Jacques-Alain Benisti. Val d'Oise : Jérôme Chartier, Philippe Houillon et François Scellier (app.).
Saint-Barthélemy et Saint-Martin : Daniel Gibbes. Français établis hors de France : Thierry Mariani.